Manel Meharzi
fait de la boxe et est classée 6e mondiale
Une étudiante
aux gants d’or !
Elle a 17 ans, et elle fait de la boxe ! En un mot, elle sort de
l’ordinaire, dans un pays comme le nôtre, et dans une région
réputée pour son conservatisme comme Hamma-Bouziane, petite
localité située à quelque 10 km de Constantine.
Par Khalida B.
Manel Meharzi, a certes, la chance
de faire partie d’une grande famille de sportifs : son
grand-père était boxeur, son père, universitaire, a fait de
l’haltérophilie, ses deux frères pratiquent le full-contact et
sa sœur est volleyeuse. Mais il n’est pas toujours évident de
réussir lorsqu’on est une fille et que l’on habite
Hamma-Bouziane. A propos de cette localité, jadis appelée Hamma
Plaisance, rien n’est plus comme avant. L’exode rural l’a
défigurée et les nouvelles mentalités ont fini par la
transformer en une ville-dortoir.
C’est dans ce contexte très
difficile que la jeune Manel aura fait preuve de beaucoup de
courage. Elle ne s’est pas laissé abattre et a franchi tous les
obstacles, à commencer par le manque d’infrastructures sportives
où elle pouvait s’entraîner. En compagnie de son entraîneur, M.
Belmili Abdelbaki, elle était obligée de travailler dans des
sites abandonnés ou en plein air... des conditions qui feraient
fuir plus d’un.
Ce n’est pas le cas de Manel. Elle
a résisté et a bien fini par décrocher trois championnats
d’Algérie en 2005 et en 2006. La première fois, c’était lors
d’un tournoi organisé à Sétif en juillet 2005, la deuxième,
c’était en février 2006 à Bordj El-Kiffan, et la troisième, en
juillet de la même année, à Alger toujours.
Pour Manel, la liste des réussites
n’est pas bouclée puisqu’elle a réussi un parcours scolaire plus
qu’honorable en décrochant son bac, dès la première fois, avec
mention.
C’est donc tout à fait logique
qu’elle soit sélectionnée en équipe nationale. Et c’est à juste
titre qu’elle a été retenue pour représenter l’Algérie, en
compagnie d’une boxeuse de Tissemsilt au Championnat du monde
qui a eu lieu au novembre dernier, en Inde.
La Constantinoise était la plus
jeune boxeuse de la délégation mondiale présente à New Delhi.
Dans ces joutes très disputées et
auxquelles participaient des boxeuses expérimentées, venues du
Canada et des Etats-Unis, entre autres, la jeune Manel a pu
arriver jusqu’aux quarts de finale. Elle s’est classée sixième
au niveau mondial, et deuxième au niveau africain.
Une très grande performance, si
l’on sait que l’association, dans laquelle elle active, est
démunie et ne bénéficie d’aucune subvention. En effet, le Chabab
Hamma-Bouziane (CHB) est une association très pauvre, malgré le
fait qu’elle renferme en son sein 64 champions d’Algérie, toutes
disciplines et catégories confondues, dont douze boxeuses dans
l’Equipe nationale.
Imaginez un seul instant que cette
association ne possède pas de local et n’a même pas un médecin !
Pour Manel, férue de raï et RNB, le
chemin de la réussite est dur et la reconnaissance des siens
n’est pas toujours au rendez-vous. Que devrait-elle faire pour
qu’elle soit reconnue et que son talent soit revalorisé ?
Le wali de Constantine a, certes,
décidé de réserver une réception au profit de cette association.
Et après ?…
En dehors de cette malheureuse
parenthèse, la jeune Manel est sûre de ses talents et persuadée
que seuls le travail et la persévérance la mettront sur les
rails de la réussite.
Pour cette raison, la boxeuse
n’hésite pas à s’entraîner jour et nuit, et dans des conditions
lamentables pour participer avec force aux Championnats
d’Afrique et arabe, prévus pour cette année.
Notre championne sera donc au Maroc
et en Egypte pour, justement, décrocher des titres honorables en
faveur de l’Algérie.
Alors que la plus grande
consécration attendue par Manel sera celle qui aura lieu à Pekin
en 2008 pour le championnat du monde.
K. B.