L’infidélité sur
la toile
Selon plusieurs témoignages d’hommes et de femmes, tous et
toutes adeptes du chatting, dont l’âge varie entre 25 et 50 ans,
l’infidélité commence de nos jours par le chatting. Autrement
dit, ce phénomène est devenu l’une des causes principales de
mésentente entre les couples.
Par Semmar
Abderahmane
« Pendant que leurs femmes
roupillent, certains maris font du chatting, tissant ainsi des
relations à distance. L’ennui, le manque d’appétit sexuel, le
désir de nouer une nouvelle relation poussent souvent les gens —
femmes et hommes confondus — à ce stade. Des relations qui au
départ sont amicales se transforment parfois en liaison
amoureuse », nous explique Walid, étudiant en sociologie le jour
et «cyberman» la nuit, tout en ajoutant que le phénomène prend
de plus en plus de l’ampleur chez les «jeunes comme chez les
adultes». Parmi actuellement les millions d’Algériens ayant
accès à l’Internet, les amateurs de chatting et de sites
pornographiques se font de plus en plus nombreux.
Chat-land, Drague.net, Adulte Sex,
Caramail, et d’autres encore sont tous des sites très visités
par nos internautes.
La frustration, l’impossibilité
d’avoir une relation sexuelle avant le mariage et le retard de
l’âge du mariage font que des internautes ont recours au
chatting pour assouvir leur désir sexuel. Un exemple : le cas de
Kamel, 35 ans, surpris par sa femme en train de faire l’amour à
une inconnue par le biais d’une webcam. Une attitude qui s’est
répétée à plusieurs reprises, au point où elle a demandé à ses
amis d’intervenir pour qu’il cesse cet acte pervers. A sa grande
surprise, ils lui apprennent qu’ils font de même. Scandalisée,
elle demande à son mari de choisir entre elle ou l’ordinateur.
Sans hésiter, il a opté pour le second choix. Il ne restait
alors plus à cette femme que la séparation.
Du chatting aux
textos
Autre cas de cyber-infidélité :
persuadée d’avoir trouvé l’homme de sa vie, Samira, 20 ans,
étudiante, a surpris son fiancé en train de faire du chatting.
Se faisant alors passer pour une autre par le biais du chatting,
elle lui a fixé rendez-vous dans une cafétéria. Il s’est comme
convenu, à l’heure prévue, mais quelle fût sa surprise quand il
s’est retrouvé en face de sa fiancée. «J’ai voulu le tester et
ce fut la rupture !». Pour cette jeune fille, chatter, c’est
tromper son partenaire. Il n’y a aucun doute là-dessus.
Cependant, avec tous les célibataires que compte le pays,
recourir à ce virtuel entremetteur n’est plus un tabou. Réda,
architecte de 30 ans, confie qu’oser aujourd’hui entrer en
contact avec une inconnue n’est plus licencieux. Pour échapper
à l’anonymat des grandes villes, les jeunes veulent tisser le
maximum de liens par le biais chatting, la blogosphère ou les
SMS. « Une flopée de liens qu’ils ne trouvent plus dans la vie,
à une époque où le quotidien est de plus en plus stressant »,
explique Réda. Et les règles sont bouleversées. Le clic de la
souris a remplacé la poignée de main, l’effet de surprise
s’estompe dès le départ, puisque tout est affiché : fumeur ou
pas, situation de famille, hobbies, taille, poids. Un nouveau
type de rencontres voit le jour sur les touches de l’ordinateur
et prolifère parallèlement au monde réel truffé de tabous.
Melissa, une hôtesse de l’air célibataire, s’est inscrite sur
l’un des sites de rencontres sur le Web : « Si vous êtes
charmant et un cœur à prendre, je suis là ! ». Elle est arrivée
à trouver l’âme sœur. « Il fume, moi pas, il aime la natation,
moi j’ai peur de l’eau, mais on arrive à s’entendre. Nous
parlons déjà mariage et enfants ! ». Pour elle, aspirer au
bonheur, c’est fonder un foyer et avoir des enfants. Ce couple
qui s’est connu en juin 2005 a fixé son mariage pour — le
symbole est très fort — le 14 février 2007 (fête de la St
Valentin). Les connexions entre cœurs à prendre battent aussi le
plein par le biais des SMS. Et c’est tout un rituel. Dès qu’il
existe des affinités, les chatteurs n’hésitent pas à s’échanger
leurs numéros de téléphone et quittent le site pour le mobile.
La romance en 160
lettres
Séduire, oui, mais autrement,
aussi bien par la voix que par les SMS. «L’individu crée avec
l’être aimé une présence connectée, en multipliant les SMS. Les
messageries occupent aujourd’hui une place de plus en plus
grande, pas moins 20 % de nos communications», explique Redouane,
responsable dans une société de téléphonie mobile.
Aujourd’hui, le coup de foudre, le
désir, la passion se déclinent en 160 lettres — c’est le maximum
d’un texto— Les SMS ne cessent d’être échangés. Ils sont de plus
en plus audacieux et séduisent leur proie. C’est une véritable
révolution dans les relations amoureuses.
« J’ai vu une adolescente envoyer
30 textos par jour à son amoureux : je suis là, je mange, je
vais en cours, je t’aime, etc. C’est devenu le moyen de
communication entre les jeunes », souligne-t-il. Et d’ajouter
que pour envoyer un baiser à son amoureux, elle lui écrit : «
N’oublie pas de prendre mes lèvres avec toi, elles veulent
connaître les tiennes ». Désormais, les jeunes ne lâchent plus
leurs portables et les gardent allumés même au fond du lit.
Citons le cas de Nawel qui a reçu,
un soir, un coup de fil anonyme qui s’est transformé, en
quelques semaines d’échanges d’appels complices, en histoire
d’amour avec Rahim, 22 ans. Mais le jour ou il a voulu
rencontrer cette personne du bout du fil, ce fut la grande
déception. Elle qui disait avoir 18 ans et peser seulement 50
kilos paraissait en avoir 30 et portait 120 kilos.
«Ce n’est rien, ces kilos vont se
perdre, car je suis profondément amoureuse de toi», s’est
justifiée Nawel en espérant gagner son cœur. Bref, virtuel ou
pas, visiblement les Algériens ne manqueront jamais
d’imagination ne serait-ce que pour se défouler…
S. A.