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Phobie
Quand la peur de l’autre vous envahit
25 Mars 2008

Vous avez certainement rencontré ou connu à un moment de votre existence des personnes qui craignaient le contact social. A la fac ou sur le lieu de travail, des personnes souffrent en silence d’un mal profond qu’ils n’arrivent pas seuls à gérer. Un mal croissant qui les envahit à chaque fois qu’ils font face à une situation sociale qui implique un ou plusieurs individus. D’où provient leur mal ? Sont-ils anti-sociaux ? Ou complexés peut-être ?

Le malaise qui les envahit face au contact social n’est pas normal. Ce n’est pas non plus le signe d’une pathologie irrémédiable. Il traduit un trouble psychologique encore ignoré par la population qui est la phobie sociale. Cette affection psychologique qui contraint le plus souvent l’épanouissement de la personne dans tous les domaines de sa vie passe souvent inaperçu, car les gens qui en souffrent hésitent de parler et l’entourage est inattentif aux signaux de détresse que la personne atteinte lance.
«Depuis mon jeune âge, je ne me sentais pas comme les autres. Tous mes copains étaient bien à l’aise dans leurs peaux alors que j’étais souvent très intimidé en la présence des autres. A l’école, dès que mon professeur me demandait de lire ou de faire un exposé, j’étais subitement pris d’un mal inconnu. Je commençais à transpirer, mes battements de cœur s’accroissaient et mes mains tremblaient. Avec l’âge, ces symptômes ont empiré et je ne pouvais plus vivre une journée sans être pris d’un malaise en songeant au contact social que le train-train quotidien m’imposait. Ma vie était infernale jusqu’au jour où j’ai découvert que je pouvais guérir grâce à la psychothérapie. Ma psychologue m’a aidé grandement à comprendre mes complexes et à apprendre à gérer mes émotions», a témoigné M. Wahid, comptable âgé de 36 ans.
Loin d’être une source de plaisir et d’enrichissement, les relations avec les autres sont, pour les phobiques sociaux, synonymes de peur, voire de honte.
Les phobiques, pour lesquels le contact social représente un danger imminent qui  les expose à des situations embarrassantes, estiment que ce mal est inguérissable. Or, la réalité est tout autre puisque ce trouble tout comme n’importe quelle affection organique peut se soigner à condition que la personne consulte au moment opportun et ne laisse pas son mal dégénérer.
Les symptômes de la phobie…
Peur de pendre l’ascenseur, l’avion, peur des gens, de l’eau ou des animaux et autres formes de phobies sont extrêmement courantes et touchent environ 10% de la population. Les manifestations de la phobie peuvent varier d’une personne à l’autre, mais les plus courantes sont l’angoisse, la transpiration, une sécheresse à la bouche, les vertiges, l’accélération du rythme cardiaque et un malaise inexplicable.
…et ses causes
Il existerait une vulnérabilité génétique et psychobiologique à la phobie sociale, selon les recherches scientifiques effectuées dans ce domaine. Cependant, les gènes n’expliquent pas tout : les phobiques sociaux auraient aussi été confrontés dans l’enfance à des événements de vie les ayant fragilisés (par exemple, une humiliation par une maîtresse d’école devant d’autres enfants...).
Les situations
phobogènes
Quoi de plus banal que d’aller acheter une baguette de pain ? Pour certaines personnes, ce simple geste est vécu douloureusement : à la caisse, elle a l’impression que les clients qui patientent derrière elle la dévisagent méchamment et vont l’agresser. Prendre la parole en public, passer un entretien d’évaluation, engager une conversation avec des inconnus... Pour certains, de nombreuses situations de la vie quotidienne peuvent, en effet, devenir sources de gêne, voire de honte.
Le vécu du phobique
Cette peur exagérée et irrationnelle du jugement et de la critique d’autrui apparaît très souvent à l’adolescence et vers 20-25 ans. Lorsqu’une personne ne redoute qu’une seule situation sociale, on parle de phobie sociale spécifique. En revanche, quand la peur se manifeste dans de multiples contextes, il s’agit de phobie sociale généralisée.
Ces troubles peuvent être vécus avec plus ou moins d’intensité : de la simple gêne à l’attaque de panique. Certains individus sont dans un tel état d’angoisse qu’ils finissent par ne plus sortir de chez eux. Parfois, les peurs s’articulent autour de symptômes physiques : une personne peut être terrifiée à l’idée de rougir devant ses semblables, voire de trembler ou de transpirer 
De la phobie à la dépression
Les phobiques sociaux se focalisent volontiers sur leur ressenti : après avoir été confrontés aux situations stressantes, ils s’autocritiquent férocement, égrènent des pensées négatives... Le sentiment de honte n’est jamais très loin. Par ailleurs, nombre d’entre eux sombrent dans un état dépressif.
À la tête d’une entreprise, Karim était incapable de mener des réunions avec son équipe et d’imposer son point de vue. De fait, il se réfugiait dans l’alcool pour se donner un peu de courage. C’est en démarrant une thérapie qu’il est peu à peu sorti de cette impasse.
Comment y remédier à la phobie sociale ?
Dans un premier temps, les patients sont invités à identifier les situations redoutées et les évitements qui en découlent. Puis, accompagnés d’un thérapeute, ils sont exposés progressivement à ce qui leur fait peur. Parallèlement à ce travail comportemental, on leur apprend à combattre leurs pensées négatives, à être plus tolérants avec eux-mêmes... Ces thérapies sont efficaces dans 70 % des cas. Le nombre des séances est en fonction de la sévérité et de l’ancienneté des troubles. À noter que des antidépresseurs sont parfois prescrits en complément de la psychothérapie.

Par : d. soltani

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