Le Midi Libre - Société - Genèse de l’avarice sordide
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De la symbolique de l’argent
Genèse de l’avarice sordide
24 Janvier 2008

il est nécessaire de relever que l’avarice est une conduite qui trouve son origine dans le développement psychoaffectif de l’enfant ainsi que dans les schémas familiaux régnant au sein du foyer.

L’avare est une personne qui se plaît à accumuler l’argent en restreignant excessivement ses dépenses, selon la définition qu’accorde Larousse à ce terme. Cependant, d’un point de vue psychologique, il est nécessaire de relever que l’avarice est une conduite qui trouve son origine dans le développement psychoaffectif de l’enfant ainsi que dans les schémas familiaux régnant au sein du foyer. L’avarice est, de ce fait, un trait de caractère qui résulte d’une multitude de facteurs, affectifs et familiaux.
Mme Souhila ne cesse de se plaindre du comportement de son mari radin qui limite à l’excès ses dépenses et celles de la famille. «Je n’ai pris conscience du grave défaut de mon mari que quand il a commencé à le dévoiler ouvertement après notre mariage. Lorsqu’on était fiancé, j’aurais dû suspecter son défaut puisqu’à chaque fois qu’on sortait pour manger il devenait blême dès qu’il s’agissait de payer la facture.
Malheureusement, c’est en vivant auprès de lui, que j’ai eu le malheur de découvrir qu’il était avare. Je vous assure qu’à chaque fois que je lui demande de l’argent pour des dépenses nécessaires, il refusait, prétextant sa pauvreté. Je le voyais travailler et accumuler son argent sans qu’il ne daigne, même pas, nous acheter une voiture. Le malheur est que je ne travaille pas et, donc, je dépends entièrement de lui. A chaque fois que j’exige de lui une explication rationnelle, il se contente de me dire que s’il amasse de l’argent, c’est pour nous assurer un avenir meilleur. Mais, comment ose-t-il parler d’un lendemain meilleur, alors que dans le présent nous vivons dans une totale privation ?» Déclare Souhila.
Vivre auprès d’une personne radine et devoir subir la privation à cause de sa ladrerie est certainement pénible pour cette pauvre femme inactive. Cependant, tout comportement, quel qu’il soit, possède une genèse déterminée. Si certains sont excessivement prodigues, d’autres sont d’une avarice sordide. Mais derrière la conduite des uns et des autres, c’est la symbolique de l’argent pour ces individus, qui est à même de fournir des explications claires sur leur attitude.
D’où vient cet attachement excessif à l’argent ? Qu’est-ce qui sous-tend le comportement de l’avare ? Comment l’entourage vit-il ce défaut ? Y a-t-il un profil type de la personne radine ? L’avarice est-elle une forme exagérée d’égoïsme ? La tendance à l’avarice est-elle animée par la peur du manque ? Est-elle un besoin de réassurance matérielle ? Pourquoi certains individus débordent-ils de générosité quand d’autres paniquent à l’idée même d’ouvrir leur porte-monnaie ?
Harpagon, le personnage principal dans la pièce théâtrale de l’avare de Molière est l’illustration réelle de l’avarice, un défaut bien fâcheux.
Ce personnage, près de ses sous, amasse soigneusement ses revenus, ne dépense que le strict minimum et redoute le moindre excès. Il est particulièrement passionné par sa "cassette" et économise de manière démesurée ses biens.
Nous rencontrons, dans la vie réelle, des personnes ayant des traits de caractère similaires à ceux du héros de Molière qui, dès qu’il s’agit de dépenser de l’argent, sont en proie à une peur envahissante et risquent de s’évanouir tant elles appréhendent l’idée de dépenser leur argent.
Pour l’avare, l’argent est plus qu’un moyen pour répondre à ses divers besoins, mais un objet d’amour et de désir. Les rapports du radin à l’argent sont, psychologiquement parlant, érotisés. Pour lui, l’argent représente symboliquement la protection, la domination, le pouvoir. Elle lui permet aussi de garder la position de toute puissance et le rassure sur son existence. D’un point de vue psychanalytique, donc qui remonte bien plus loin dans l’histoire de la personne, l’avarice est une fixation au stade anale, au cours duquel l’enfant utilise ses excrétions pour manifester son contentement ou au contraire son déplaisir par la rétentions de ses excréments. L’avarice est selon la thèse des psychanalystes un mécanisme de défense contre l’angoisse et le radin est loin d’être un monstre d’égoïsme, comme certains se plaisent à le qualifier. S’il est devenu avare c’est qu’il a peut-être été longtemps privé de quelque chose de beaucoup moins matériel, comme l’affection par exemple.
L’avare doit prendre conscience qu’il ne se met pas en danger en donnant à autrui (invitations au restaurant, cadeaux, temps passé ensemble...) et qu’au contraire, il en retire un bénéfice relationnel conséquent. Mais, pour que cela soit possible, une prise en charge psychologique reste essentielle.

Par : D. soltani

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