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Théâtre algérien 50 ans après l’Indépendance
Entre gloire, tâtonnements et espoirs
26 Août 2012

Après la décennie noire qui l’a plongé dans le marasme, voire la décadence, le théâtre algérien est entré dans une période de transition qui promet des lendemains meilleurs, estiment les spécialistes du quatrième art qui misent en cela sur la floraison de jeunes talents.
Pour le dramaturge et comédien Rachid Benaïssa, il est tout à fait clair que le théâtre algérien connaît aujourd’hui un essor avec l’émergence d’une nouvelle génération d’hommes et de femmes de théâtre au talent avéré malgré, dit-il, une formation et un encadrement insuffisants.
Le metteur en scène, Omar Fetmouche, estime de son côté que les jeunes talents issus de l’Institut supérieur des métiers des arts du spectacle et de l’audiovisuel d’Alger, des théâtres amateurs ou encore des coopératives théâtrales permettent un certain optimisme.
L’audace dont font montre ces jeunes en s’attaquant sans complexe au répertoire mondial, notamment la tragédie et le théâtre de l’absurde est de bon augure pour l’avenir du théâtre dans notre pays, souligne le directeur du Théâtre régional de Bejaia (TRB).
Evoquant le développement de la production théâtrale, le critique de théâtre Brahim Noual précise que le soutien de l’Etat aux divers projets initiés dans ce secteur y est pour beaucoup dans l’émergence de nouveaux talents qui apportent un regard neuf, notamment sur les plans esthétique et culturel.

Hommes de théâtre algériens et problèmes du secteur
Si le théâtre algérien a su s’imposer au cours des cinquante ans d’indépendance, notamment dans les années 70 et 80, grâce à des monuments tels Mustapha Kateb, Abderrahmane Kaki, Kateb Yacine, Abdelkader Alloula, Azzedine Medjoubi, qui lui ont donné ses lettres de noblesse, sans oublier les pionnier Mahieddine Bachtarzi, Mohamed Touri et Allalou, ce ne fut pas sans peine et des problèmes subsistent à ce jour.
Pour Slimane Benaïssa, le théâtre algérien souffre moins d’une "crise de texte" ou "de public" que d’une crise de politique théâtrale. Le secteur ne dispose pas d’une politique à part entière à même de le porter, de le promouvoir et, surtout, d’encourager les gens du métier, notamment les jeunes, estime-t-il. Afin de pallier ce problème, il préconise d’imprimer une dynamique au mouvement théâtral à travers une synergie entre la télévision algérienne, les propriétaires de salles de théâtre et les créateurs pour drainer le public. L’auteur de Boualem zid el gouddem et Babour Ghrak plaide en outre pour la prise en charge "culturelle" des élèves dans les écoles algériennes dès le primaire, en leur inculquant l’amour des arts en général et du théâtre en particulier.
Un avis partagé par le dramaturge Fetmouche qui estime qu’on ne saurait parler de "crise des textes" devant la multitude d’œuvres littéraires (roman, poésie, récit, etc.) dans lesquelles les dramaturges peuvent puiser. Ce qui fait défaut au théâtre algérien, selon lui, c’est de véritables auteurs rompus aux techniques de l’écriture dramatique.
Il déplore aussi l’absence d’une critique théâtrale efficiente et objective. Selon lui, celle-ci se limite aux tentatives de journalistes non-spécialisés ou de jeunes de l’Institut supérieur de théâtre qui se contentent de produire les fiches techniques des différentes pièces théâtrales. Forcément, l’écriture dramatique ne peut qu’en pâtir, poursuit-il.
Cela dit, de nombreux professionnels du théâtre estiment que tant qu’il y a de la création, il y a nécessairement de la critique. Autre problème auquel se heurte le quatrième art en Algérie, l’absence de public que l’homme de théâtre Mohamed Badaoui impute aux thèmes des pièces théâtrales. Les auteurs dramatiques actuels "ne sont pas au diapason de la réalité de la société actuelle". "Ils sont confinés dans le théâtre +officiel+ dont les textes ne correspondent pas à la réalité", estime l’auteur de Djaâfar Bouzahroune alias "Jeff Lachance". Le fait que le théâtre algérien soit dominé par les adaptations est la preuve d’un déficit de création, enchaîne-t-il.

La langue théâtrale
et le public
Pour de nombreux spécialistes du quatrième art interrogés par l’APS, le choix linguistique dans le théâtre algérien peut poser problème. D’aucuns estiment que la langue revêt une importance primordiale dans le théâtre et vont jusqu’à dire que si elle n’est pas choisie avec minutie, elle risque de provoquer une rupture entre le comédien et le public. D’autres considèrent, au contraire, que la langue n’est pas aussi importante dans le théâtre contemporain. Pour Omar Fetmouche, le problème de la langue ne se pose pas puisque, précise-t-il, le théâtre contemporain est une langue universelle où le langage corporel, le jeu scénique, le décor et l’éclairage fusionnent pour donner vie à des tableaux véhiculant des message et où le dialogue importe peu. Slimane Benaïssa est du même avis. A l’époque, les comédiens Algériens ont été les premiers à utiliser la langue dialectale pour pouvoir accéder au public qui ne comprenait pas la langue classique, dit-il. Mais les jeunes d’aujourd’hui comprennent l’arabe littéraire, d’où "la nécessité d’ouvrir la voie à un théâtre
d’expression littéraire", en évitant toutefois d’utiliser un idiome hétéroclite, mélange de dialectal et de classique.
Mohamed Badaoui s’oppose, lui aussi, à un tel idiome hétéroclite "fabriqué".
Les questions qui intéressent le citoyen algérien doivent être traitées en langue
dialectale avec des mots expressifs qui parlent au spectateur car, selon lui, le théâtre est "un discours et un dialogue qui passe par la langue".

Par : APS

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