«La terre parle arabe» jette la lumière sur la spoliation de la terre palestinienne et le bannissement d’une grande partie de sa population. D’une durée de 61 minutes, ce film, selon Mme Maryse Gargour, parle d’une vérité brûlante en Palestine. Ce documentaire sera projeté le 11 novembre prochain à partir de 19 heures au Centre culturel algérien à Paris.
«La Terre parle arabe» est un film documentaire de 61 minutes sorti en 2008. Il est réalisé par Maryse Gargour, une réalisatrice palestinienne. Le film est en anglais, en arabe et en français. Il a reçu plusieurs prix, dont le prix ASBU, le prix mémoire de la Méditerranée et le prix France 3 Méditerranée. Le film a soulevé une polémique lors de sa projection au Festival international des programmes audiovisuels.
Fin du XIXe siècle, le sionisme, mouvement politique colonialiste juif, apparaît sur la scène internationale. Son but est de créer un Etat pour les Juifs quelque part dans le monde. Le choix stratégique de la Palestine déclarée par les sionistes comme «terre sans peuple pour un peuple sans terre» révèle un vaste projet colonial qui prolonge l’impérialisme européen. Cependant, cette terre palestinienne parle arabe et se trouve habitée par un peuple, les Palestiniens.
Les leaders sionistes élaborent alors une solution bien avant la déclaration Balfour de 1917. Il s’agit de penser d’abord, puis d’organiser la déportation de la population locale palestinienne hors de sa terre. Tous les moyens seront utilisés pour cela, en particulier la force brutale. Ce projet, élaboré en secret dans les premières années, sera progressivement mis en avant par ses leaders après la grande révolte palestinienne de 1936 au cours de laquelle toutes les formes d’opposition à ce projet par les Palestiniens seront fortement réprimées par la puissance mandataire britannique. Le film de Maryse Gargour est construit essentiellement sur les citations de ces leaders sionistes, sur des archives audiovisuelles inédites, sur la presse de l’époque et sur des documents diplomatiques occidentaux. Des témoignages de personnes ayant vécu directement cette période viennent appuyer les faits avec leurs contes et leurs histoires. Gargour croise le regard de l’historien et de l’artiste pour proposer des réponses à des questions que l’on pose sans cesse. Elle explique le comment et le pourquoi d’un exil sans retour et d’une tragédie sans fin, «avant, musulmans, juifs et chrétiens partageaient les mêmes terres, les mêmes maisons et les mêmes quartiers. C’était notre Palestine à tous», se rappelle un témoin de cette ambiance de paix qui régnait avant la guerre. Les conflits ont commencé lorsque, vers la fin du XIXe siècle, le sionisme, mouvement politique (juif) minoritaire, apparaît sur la scène internationale. Ils ont choisi la Palestine, «la terre promise», comme un foyer pour l’Etat juif. Bien avant la déclaration Balfour de 1917, les sionistes ont étudié, calculé et planifié, depuis les pays européens, comment «nettoyer» et «spolier» ces terres et comment transférer la population locale palestinienne hors de son pays. L’immigration de milliers de juifs a encombré le pays. Et il fallait donc céder la place : «Tu pars ou tu meurs. De toute façon, on était condamné d’avance.» Plusieurs témoins palestiniens portent encore sur leurs corps les cicatrices de cette chasse sauvage. Ils traînent toujours des souvenirs brûlants d’un cauchemar vécu pleinement : les balles qui trouent la chair, les couteaux qui tranchent les gorges et les haches qui éventrent les femmes enceintes.