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3è édition du festival 2011 de Djoua
Sous le signe de l’échange et de l’ouverture aux autres
2 Juillet 2011

Djoua, petit village kabyle dominant le golfe de Bejaïa, abrite un festival exhibant les couleurs locales. On y assiste à des démonstrations des métiers locaux (poterie, fabrication de savon, charbon de bois, travail du bois...), on peut participer à des débats «citoyens» impliquant le public, mais aussi à des ateliers (percussion, chant), et bien sûr, on peut acheter les produits du terroir (huile d’olive, figues...). Le festival de Djoua prévoit également une série de représentations artistiques : danses, théâtre, concerts... Programmé du 16 au 23 juillet, ce festival ouvre les portes pour une plus grande reconnaissance du patrimoine amazigh.

Depuis son lancement en août 2009, le Festival de Djoua s’est imposé comme l’évènement majeur de la saison estivale de Béjaïa. Le succès de la première édition a été largement amplifié par la deuxième, en juillet 2010, avec plus de soixante mille visiteurs pendant la semaine qu’a durée la manifestation. À l’évidence, le festival sédui par son originalité d’abord, perché au sommet d’une montagne sur le site merveilleux qui borde le littoral. Par son caractère novateur, aussi, comme porteur de projets de développement pour la région. Par la diversité de ses activités pédagogiques, ludiques et festives également. Et, enfin, par la convivialité de son accueil. D’après les organisateurs le but de cette manifestation est «de sensibiliser les esprits à l’idée d’un possible développement économique, social et culturel, s’appuyant sur la mobilisation des ressources locales et des savoirs issus de la tradition». Il s’agit ainsi pour eux de contribuer à la réappropriation et à la revalorisation du patrimoine historique de cette région de Kabylie par la réhabilitation et la préservation des villages et des sites anciens. Sans omettre de promouvoir le développement local par la mise en œuvre de projets qui s’appuient sur les potentialités de la région et les savoir-faire en matière d’activités touristique, agricoles et artisanales.
Les organisateurs veulent initier une manifestation annuelle qui dynamiserait la vie économique et culturelle et ferait de la région un pôle d’attraction au monde extérieur. Le message s’adresse, en premier lieu, aux citoyens de la région qui sont dépositaires d’un formidable patrimoine foncier et maritime aujourd’hui délaissés mais aussi aux milliers de visiteurs attendus d’Algérie et de l’étranger. Comme les précédentes éditions, cette troisième session du festival est placée sous le signe de l’échange et de l’ouverture aux autres ouvertures sur l’intérieur du pays pour élargir l’influence du festival et faire connaître le projet mené en Kabylie aux autres régions d’Algérie. Dans cet esprit, des jeunes de toutes les wilayas sont invités à Djoua pour être associés aux diverses activités et partager avec eux la réflexion et les moments festifs organisés sur le site. Ouverture sur l’international en invitant des étudiants, des universitaires, des chefs d’entreprise et des artistes africains, espagnols, français, brésiliens, japonais,… à contribuer aux activités du festival. C’est l’occasion d’échanges pour ces personnes d’origines diverses et de découvrir les ressources touristiques considérables de la Kabylie.

Les artisans au rendez-vous
L’artisanat en Algérie recèle des fragments de mémoire, véhiculés depuis des temps séculaires, en relation constante avec l’évolution historique, sociologique et économique du pays. Détenteur de savoirs liés à la nature, la géographie, la société et l’art, l’artisanat est un élément essentiel du développement de l’économie locale, de la revalorisation du patrimoine et de la préservation de la mémoire culturelle. Cet espace est organisé sous forme d’un village artisanal implanté près de l’entrée du festival. Il est clairement identifiable et facile d’accès aux visiteurs. Les artisans occupent des stands en dur, faits de murs en panneau de roseau consolidés par du mortier en mélange d’argile et de paille, le «toub» Une vingtaine d’artisans seront présents qui viendront de diverses régions du pays, Béjaïa, Alger, Tizi-Ouzou, Khenchela, Bou-Saâda, Ouargla. A eux se joindront des artisans venus de Dakar, du Sénégal, pour faire connaître leur art et leur savoir-faire ancestraux. L’organisation du village fait toute sa place à l’action pédagogique pour faire connaître et valoriser, auprès des jeunes générations, les métiers de l’artisanat en tant que patrimoine productif créateur de richesses qui peut jouer un rôle essentiel dans la redynamisation de l’économie locale. Cet égard, l’expérience des deux années précédente à été un réel succès. Les artisans et artisanes ont animés chacun son stand en exerçant sur place le métier pour sensibiliser des festivaliers très intéressés. Les produits réalisés ont, d’ailleurs, tous été vendus.. Une vingtaine de métiers seront ainsi représentés comme la bijouterie, la maroquinerie, le tissage, la tapisserie, la céramique, la poterie, la couture traditionnelle, le burnous et la kachabia, la vannerie, la dinanderie, les tableaux de sable, la sculpture du bois, la coutellerie, la forge, la décoration, la peinture sur soie, l’orfèvrerie, la marqueterie, l’encadrement, les fabricants d’instruments musicaux. Le «village-artisanat» est conçu de façon à inviter le public à s’immerger dans un univers esthétique, culturel, didactique et ludique. Des démonstrations, des ateliers, des projections de films documentaires et des conférences rythmeront les journées thématiques.

Activités éducatives et de découverte
Des activités sont organisées dans des ateliers en divers points du site. D’autres sont déployées sur l’ensemble du plateau. Un espace doté d’équipements de jeux est spécifiquement aménagé pour les plus jeunes visiteurs. Cet espace sera animé par une quinzaine d’associations qui proposent des activités ludiques et éducatives. Parmi les activités nous retiendrons l’expérimentation scientifique avec, cette année, les «Petits débrouillards de Bretagne» en partenariat avec le Club des sciences de la nature et de la vie de l’université de Béjaïa et l’association Amazer n’Kefrida. Il y aura également la participation aux activités de spéléologie, d’escalade et de visite de site organisées par le Club de spéléologie de Béjaïa présent dans l’espace loisirs de montagne. Ou encore pour le grand plaisir des touristes en place des randonnées à dos d’âne, chasse au trésor, cerf volant, tir à l’arc, ping-pong, des jeux de construction, jeux de ficelles, des jeux traditionnels (tidaz, dominos, rounda, aïkafen, etc.), la fabrication de fleurs en papier, d’animaux avec des feuilles végétales, des ateliers d’observation du ciel à la lunette astronomique. Plusieurs associations vont prendre part à toutes ces animations : association Géhimab (science et patrimoine), Allegradj (Tourisme), Area-Ed, Arc en ciel (culture), Etoile Culturelle d’Akbou, Csa-Assirem Gouraya, Djamel-Eddine Machhad, l’Association des artistes plasticiens, le Groupe scouts, le Groupe des amis apiculteurs, etc. Des stands judicieusement aménagés attirent de nombreux jeunes intéressés par les expériences scientifiques des «Petits débrouillards», l’initiation à la spéléologie, la découverte des plantes, les animations des associations de Mezkouna et d’El Kseur, la visite du village de Doua, etc...

Les enfants du pays invités du festival
Les initiateurs de ce festival ne cesse de réitérer que le festival de Djoua, en Kabylie «se positionne comme un carrefour de rencontre, ouvert sur le pays et à l’international». C’est pourquoi il a été décidé, en juillet 2010, d’inviter, auprès de chacune des willayas du pays, cinq enfants et leur accompagnateur pour participer aux activités ludiques et éducatives organisées dans le cadre du festival. Ces enfants devaient se munir d’une pierre de leur région de façon à l’apporter symboliquement à la construction d’un «Mur de la mémoire » sur l’un des chemins muletiers parcourant le site de Djoua. Il s’agit ainsi de réhabiliter ces chemins comme un élément du patrimoine en hommage aux ancêtres qui les ont empruntés des siècles durant, alors qu’ils vivaient et travaillaient dans la région. L’initiative sera reconduite cette année par l’invitation de 140 enfants de différentes wilayas à venir participer au festival de Djoua et découvrir cette région de Kabylie durant toute la semaine de la manifestation. Des moyens logistiques très importants sont mobilisés pour la circonstance ; hébergement et restauration en cités universitaires, personnel de service, moyens de transport, encadrement des activités pédagogiques et ludiques, etc. L’opération a nécessité une rigoureuse préparation. Outre l’organisation de l’infrastructure d’accueil, un programme d’animation pédagogique et festive a été élaboré avec un calendrier couvrant la durée du séjour. Le thème accompagnateur du séjour, cette année, est l’initiation au Kabyle, la langue pratiquée dans la région ainsi que la découverte des langues espagnole et anglaise. Des ateliers d’initiation, encadrés par des enseignants de langues seront organisés une partie du temps. Chaque jour, après le petit déjeuner, les enfants, regroupés en groupes, partiront en bus dans diverses directions pour des objectifs divers. Ils seront, également, conduits sur le site du festival pour participer aux activités éducatives et ludiques et assister aux concerts donnés en soirée. Le programme des soirées est complété par des festivités organisées en ville ou dans la cité universitaire. Recevoir autant d’enfants d’horizons différents dans des conditions optimales de confort et de sécurité nécessite beaucoup d’efforts et de disponibilité de la part des organisateurs et des accompagnateurs. Ce séjour est un moment de pur bonheur pour les enfants. Un bonheur collectivement vécu dans les activités de loisirs, la découverte de la région et de ses sites méconnus et sans doute aussi dans le plaisir de rencontrer d’autres enfants du pays.

Par : Kahina Hammoudi

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