Cette œuvre de Joan Kathleen Rowling, contenant les mêmes ingrédients que les précédentes, est avant tout la description d’une école merveilleuse où il fait bon vivre.
Les petits Algériens partagent l’engouement planétaire pour Harry Potter et sont très nombreux à voir les projections du film «Harry Potter et l’Ordre du Phénix» qui ont commencé le 11 juillet, à l’ Algéria, à la même date que pour tous les enfants du monde. Distribué par la Warner Bros, ce film de David Yates est une adaptation du cinquième roman de l’heptalogie de J-K. Rowling qui décrit les aventures du petit sorcier anglais. Cette œuvre, qui réunit les mêmes ingrédients que les précédentes, est avant tout la description d’une école sublimée où il fait bon vivre.
Les professeurs y sont excellents. Dumbledore, le directeur de cet internat spécial est un génie bienveillant au physique de grand-prêtre. Les profils psychologiques différents des élèves offrent une possibilité infinie d’identification aux petits spectateurs. Le bien et le mal y sont nettement différenciés et appelés par leur nom. Certes Poudlard n’est pas une école comme les autres. C’est une école ouverte seulement aux enfants sorciers qui, eux, sont des enfants comme tous les autres. Ils aiment les friandises, les farces et les parties de quidditch (jeu de ballon aérien)... Mais ils ont surtout un sens inné de la justice et ont horreur de la cruauté qui les ciblent en premier lieu.
«Un mythe d’initiation moderne»
Considérée comme de la paralittérature, l’œuvre de J-K. Rowling a tout de même été acceptée comme sujet de master par M. Marc Porée, professeur de littérature à l’Université de Paris III. Son étudiante, Camille Botrel, qui a découvert Harry Potter à l’âge de 16 ans, en fait une approche en tant que «mythe d’initiation moderne». Il est vrai qu’à l’époque où les mamies conteuses d’histoire ont disparu de l’environnement familial, à une époque où les dessins animés redoublent de violence, à une époque où l’école perd de sa valeur quasi-sacrée, Harry Potter est arrivé à point pour réintroduire les grands mythes fondateurs dans l’imaginaire fertile des enfants, et comme le souligne une consoeur, cela permet de «dépoussiérer les relations entre enseignants et élèves».
Comme les précédentes, l’adaptation à l’écran de ‘’L’ordre du Phénix’’ est remarquablement fidèle au roman. Le décor est toujours ce merveilleux château anglais sombre et profond à souhait. S’y joue un énième épisode de l’éternel combat entre la lumière et les ténèbres. ‘’L’ordre du Phénix’’ a été créé par Dumbledore, le directeur de Poudlard pour lutter contre les forces du mal qui se sont unies derrière Lord Voldemort, le Prince des ténèbres que l’on croyait mort et qui est de retour. Ses partisans, les Mangemorts sont secrètement organisés et se glissent partout y compris dans les rouages du ministère de la Magie, dont dépend l’école des sorciers. Ces derniers appartiennent à un monde parallèle invisible pour tous ceux qui ne sont pas sorciers, les moldus. Dans cette école, on apprend à se battre contre les forces du mal à coups de sortilèges et de concentration mentale. Dans l’ombre, se trame le gigantesque complot des Mangemorts qui veulent plonger la planète entière dans l’injustice et l’horreur. Parmi ceux-là, la nouvelle prof de lutte contre les forces du mal qui a tôt fait de se révéler acquise à lord Voldemort. Ainsi, elle refuse d’apprendre aux enfants à se défendre contre les forces du mal. Face à cette situation, Harry Potter est désigné par ses copains comme initiateur, car il a eu à affronter les forces du mal plusieurs fois déjà. Notamment, lorsque le prince des ténèbres a tué ses parents. Mais lors d’une séance d’entraînement, les enfants sont découverts et Dumbledore est dénoncé comme voulant prendre la place du ministre de la Magie. Il doit aller à la terrible prison d’Azkaban, gardée par les Détraqueurs, ces forces sinistres qui chassent toute joie de l’esprit humain jusqu’à ce que leur victime devienne folle. Mais Dumbledore qui est un très grand sorcier est défendu par l’oiseau mythique (le Phénix) et personne ne peut l’approcher. Le prince des ténèbres essaye de s’introduire dans l’esprit de Harry Potter qui se sent tiraillé.
Les ingrédients d’une réussite
D’autant plus qu’une prophétie lui a annoncé qu’aucun des deux ne peut vivre tant que l’autre survit. Après bien des péripéties rebondissantes, les élèves arrivent à chasser la prof injuste qui publiait de nouvelles lois et interdits à tour de bras. Harry Potter arrive à résister au prince des ténèbres, il est le seul à oser l’appeler par son nom. Et comme d’habitude, c’est la fin d’une année scolaire, couronnée par le traditionnel banquet mirifique, dans le décor fabuleux du château. Le rythme haletant des romans policiers, le suspense des récits d’Agatha Christie, le monde fantastique des contes et des fables, une immense dose d’humour anglais, de studieux écoliers auxquels les enfants s’identifient naturellement sont les éléments qui rendent cette saga si palpitante. Imprégnée d’une lutte pour les nobles idéaux de justice et d’un réel message démocratique, fraternel et antiraciste, l’histoire que conte J-K. Rowling a une portée éducative.
L’engouement que lui vouent les enfants d’aujourd’hui ressemble à s’y méprendre à celui que leurs parents éprouvaient pour Blek le roc, Capitaine Mikki, Thierry la fronde, etc.
Le monde imaginaire, peuplé d’elfes, d’animaux fabuleux de toutes sortes, de centaures et de géants et où l’on ne peut se guider qu’avec un cœur pur et une intelligence aiguisée, témoigne d’une connaissance approfondie des mythologies qui ont façonné l’humanité. J-K Rowling s’est également documentée sur les recettes de magie du Moyen-Age : racines de mandragore, jusquiame, corne de licorne, sortilèges, etc. Un délice pour les esprits enfantins amoureux du fantastique.
Notons la lecture que fait l’encyclopédie Wikipédia de ce mythe moderne : «Voldemort et ses Mangemorts représentant un mouvement pro-dictatorial, d’extrême droite défendant des idées haineuses, intolérantes et désirant le pouvoir absolu, les Détraqueurs, quant à eux, peuvent très bien être l’allégorie parfaite de gens brutaux et militarisés à bloc qui sont prêts à se ranger sous les ordres de celui qui satisferait le plus leur soif de violence et de brutalité…».
C’est dire si Harry le gentil sorcier et ses amis ont encore de l’avenir devant eux. Pour le plus grand bonheur des tout petits.