C’est aujourd’hui que les Algériens célébreront le deuxième anniversaire du soulèvement populaire, appelé communément le Hirak.
En effet, c’était le 22 février 2019, un vendredi, que des dizaines de milliers d’Algériens sont descendus dans les rues de plusieurs villes du pays, pour exprimer leur ras-le-bol, et surtout dire non à la candidature annoncée du président Bouteflika pour un cinquième mandat. C’est alors la stupeur générale, tant ces manifestations de masse , qui répondaient à des appels anonymes lancés via les réseaux sociaux, ont surpris tous les observateurs et la classe politique. On croyait les Algériens incapables de braver la peur et défier le régime en place.
Le vendredi suivant, bis répétita, mais avec plus d’ampleur. Cette fois-ci, c’est par centaines de milliers que les Algériens ont investi les rues pour battre le pavé, afin de dénoncer cette "OPA" contre l’Algérie, que représentait le projet d’un cinquième mandat pour celui qui est aux commandes du pays depuis, déjà, 1999. La coupe est pleine et les Algériens en ont vraiment assez de cette situation, qui hypothèque jusqu’à l’avenir du pays. Il était temps, estime-t-on, que les Algériens disent stop à ces graves dérives. Et pour cause, comment un Président impotent, invisible, inaudible et donc incapable de gérer les affaires du pays, pouvait, toute honte bue, envisager de se représenter en briguant un cinquième mandat ? Les Algériens ont eu à constater, en effet, que lors du quatrième mandat, déjà, le Président était totalement absent, à l’exception toutefois de rares apparitions en public qui brillaient beaucoup plus par leurs aspects folkloriques et théâtrales.
Les dirigeants de l’époque voulaient faire croire aux Algériens, que c’est réellement le Président qui gère les affaires du pays, et qu’il est toujours aux commandes, malgré son état de santé déplorable. "Il dirige avec sa tête et non avec ses pieds", a alors osé un de ses ministres, comme pour répondre à toute critique, selon lesquelles le Président est hors du coup et n’est pas du tout capable de gérer les affaires du pays. En campant dans son entêtement légendaire et, sans doute, ayant décidé de passer en force pour imposer un 5e mandat, le clan Bouteflika a vraiment irrité de larges pans de l’opinion publique nationale. Et la conséquence logique de cette fronde générale a été l’explosion du vendredi 22 février, suivie, tous les vendredis, par de géantes manifestations populaires. C’est par millions, que les Algériens sont sortis manifester dans les villes, les villages et même les douars du pays, pour exiger le départ de Bouteflika et, par voie de conséquence, l’annulation du projet du 5e mandat. Face à cette inédite mobilisation et cette grande volonté populaire, le clan Bouteflika, appelé alors communément la "Issaba", a abdiqué en abandonnant son funeste projet et le pouvoir. Pour une fois, la volonté populaire est venue à bout de ces desseins franchement anti patriotiques.
Les Algériens, comme ils l’ont scandé durant de très longs mois, voulaient obstinément imposer le changement radical. Ils voulaient un état de droit, avec comme corps une justice indépendante. Un État ou sont consacrés les libertés individuelles et collectives. En somme, ils voulaient unevéritable démocratie et non une démocratie de façade, comme c’était le cas depuis l’indépendance du pays. Deux années après ce tremblement de terre, des choses ont certes changé, mais beaucoup reste encore à faire pour être à la hauteur de la volonté des Algériens.