Le derby oranais MCO-USMO, prévu aujourd’hui au stade Ahmed-Zabana pour le compte des 16es de finale de la Coupe d’Algérie seniors de football, se jouera sur fond de nostalgie. Une affiche qui attirera certainement la grande foule, tant elle représente une explication entre voisins : un doyen des clubs oranais et un club phare d’Oran.
Le MCO tentera de confirmer sa suprématie à Oran et l’USMO partira avec l’ambition de créer la sensation. Les joueurs du doyen des clubs oranais, qui n’ont rien à perdre dans cette confrontation, se déclarent prêts à démontrer leur talent et caressent le rêve de marquer l’histoire en éliminant une grosse cylindrée. "Nous allons écrire une nouvelle page dans l’histoire du club, si nous parvenons à nous qualifier pour le prochain tour", a confié l’entaîneur usmiste Nechniche Mohamed.
"Les joueurs sont motivés pour sortir le grand jeu et faire un grand match, surtout après leur dernier succès face à l’Espérance de Mostaganem en 32es des finale", a ajouté le coach de l’USMO. "Nous sommes sur une très bonne dynamique. J’espère qu’on ne s’arrêtera pas là", dira le jeune joueur usmiste Attache Chahmi.
"Dans un match, tout est possible, surtout en Dame coupe. Même si le MCO part favori, il ne sera pas facile à surprendre", dira le meneur de jeu de l’USMO, Belaroussi Mohamed. Animé d’une volonté de faire trembler l’ogre hamraoui et de bouleverser l’hiérarchie, les Unionistes ambitionnent de faire honneur à leur maillot et s’offrir un peu de bonheur.
"La compétition coupe est spéciale. Si ça ne marche pas pour une équipe de division inférieure, ce n’est pas grave. Si ça passe, tant mieux. Tout est possible", dira le manager général de l’USMO, Abed Mustapha. Par contre, le président du club hamraoui, Belhadj Ahmed, qui se réjouit d’un parcours de cinq journées de suite sans défaite en championnat de Ligue 1, met en garde les Mouloudéens contre l’excès de confiance, estimant que l’USMO a beaucoup de qualités à faire valoir.
Pour le joueur du MCO, Saidi Lyes, il faut respecter l’USMO et jouer à fond pour passer aux huitièmes de finale. "Il ne faut pas trop s’enflammer. Un match n’est jamais gagné d’avance", a-t-il déclaré. "J’espère que ce derby oranais répondra aux attentes des supporters et que le fair-play soit au rendez-vous", a-t-il ajouté. Ce derby oranais alimente les discussions à Oran.
Il déclenche surtout un chapelet de souvenirs chez d’anciens fans de l’USMO, qui se font une joie de se retrouver à la place "Tahtaha" de haï Medina Jdida comme au bon vieux temps et se remémorer les beaux jours de leur prestigieuse équipe. Des taquineries et même des paris sont engagés entre amis qui ne sont pas forcément du même camp. Histoire de donner un peu de mordant et un "avant-goût" à ce rendez-vous qui s’annonce sympathique.
Histoire
Des banderoles et des drapeaux rouge et blanc, aux couleurs du club hamraoui, sont installés dans plusieurs artères de la ville, notamment à hai El Hamri, où un grand monde se retrouve chaque soir sur la placette pour avoir des nouvelles de son équipe et de celles de l’adversaire du jour au passé glorieux. Malgré l’importance de cette rencontre et l’engouement qu’elle suscite, les supporters des deux camps tiennent à montrer que le MCO et l’USMO étaient, sont et resteront toujours deux clubs "frères".
Hadj Mokhtar Boughrassa, fidèle serviteur de l’USMO depuis plus de 60 ans, souhaite que le fair-play sortira grandi et que ces deux grandes formations soient à la hauteur de leur réputation en gratifiant le public d’un beau spectacle, peu importe le résultat. Ironie du sort, ces deux équipes oranaises ne se sont jamais affrontées en match officiel, en coupe d’Algérie ou en championnat. Le prochain match constitue une première. Le doyen des clubs oranais s’inscrivait à l’époque coloniale symbolisant le mouvement national par opposition aux clubs de pieds-noirs.
L’Union sportive musulmane d’Oran (USMO) a été fondée le 1er mars 1926 au quartier populaire musulman de Medina Jdida, au café de Latrèche, fief des sportifs oranais. Des nationalistes algériens, dont Boumaâza, Bendouba, Benkoula, Boumefraâ et autres Nemri décidèrent de créer une association sportive, la première en Algérie à s’appeler "Union sportive musulmane", dans laquelle se reconnaîtra la population musulmane appelée autrefois les indigènes par l’administration coloniale française qui était contre cette appellation, imposant une circulaire obligeant les fondateurs à intégrer des joueurs et des dirigeants européens dans leur structure, a-t-on rappelé.
Avant d’officialiser le club, les dirigeants contactèrent les meilleurs joueurs qui évoluaient à l’époque dans des clubs juifs et de pieds-noirs dont le Club Des Joyeusetés (CDJ), l’ASS Eckmühl ou encore le Galia Club d’Oran (GCO). Ils eurent l’accord des Korbali, Bouaichouche, Rezzoug, Berak et d’autres. Au fil des années, d’autres grands noms feront briller cette authentique équipe algérienne, au même titre que le Mouloudia d’Alger au centre du pays et le CS Constantine à l’Est, entre autres, Aboukebir Baghdad, le grand gardien de but, Gorine Abdelkader, Ghaouti, Hadj Mostefa, El Andaloussi, Serradj, Mokhtari, Daho, Fennoun, Hasni et Boudjellal dit Tchengo.
Les titres se succédèrent (un total de 7 fois champion d’Oranie et de belles prestations aux compétitions nord-africaines). Après avoir raté l’accession parmi l’élite en 1963, l’USM Oran n’a pas pu se remettre sur de bons rails. De 1977 à 1989 à l’époque de la réforme sportive, l’Office national de commercialisation (Onaco) parrainait l’USMO qui changea de nom et devint "Nadit Oran". A cette époque, des sections s’introduisirent au club :
handball, volley-ball, cyclisme, judo, boxe... Parmi les footballeurs, Boudjellal Benaouda est considéré comme le meilleur joueur oranais de tous les temps et emblème du grand USMO qui avait dominé le football nord-africain dans les années 40 et 50 avec Baghdad, Abdelkader Benzaoui, Moussa, Fenoun, Bendjahène et tant d’autres. L’USM Oran représentait à cette époque la seule équipe musulmane qui évoluait parmi l’élite du football, composée essentiellement de clubs européens.
A rappeler que l’USMO avait joué, en amical, avec de grands clubs européens, lesquels trouvaient en elle un sparring-partner de valeur, entre autres, l’Olympique de Marseille, Admira de Vienne, Hadjuk Split, actuellement Croatie) et Ferencvaros (Hongrie). Dans ces confrontations, elle a fait honneur au football algérien avec des joueurs talentueux dont Fouatih, Nafi, Bouakeul, Dennai, Guenaoui et Aboukébir.