Abderrahmane Mehdaoui, l’une des grandes figures du football algérien, entraîneur de l’équipe nationale militaire de football depuis le mois de septembre passé et consultant à la Télévision nationale, livre à nos lecteurs les détails du prochain déplacement des « Verts militaires » au Brésil, le mois de juillet prochain, dans le cadre des Jeux mondiaux. Dans cet entretien, l’ex-coach national revient sur les premiers moments vécus avec les militaires depuis le mois de septembre passé. Il classe ces moments en trois principales étapes. « Effectuer le déplacement jusqu’à Rio de Janeiro ne sera pas pour nous une simple mission militaire », estime le technicien algérien, qui s’assigne un objectif bien précis à atteindre. Au sujet de l’équipe nationale A, Mehdaoui dira que les chances de l’Algérie restent intactes pourvu que les joueurs soient présents dans les duels et abordent le match décontractés en mettant en valeur cette pression qui va changer de camp.
Midi Libre : Le tirage au sort du Mondial des militaires a placé votre équipe dans le groupe du pays hôte. Qu’est-ce que cela signifie pour vous ? La tâche sera-t-elle difficile ?
Abderrahmane Mehdaoui : Effectivement. Maintenant, est-ce qu’on peut dire que le tirage au sort est favorable pour nous ou pas, je pense que le constat doit se faire sur place. Comme il y a des égalités, j’estime que ça reste quand même jouable pour notre équipe. Peut-être allez-vous me poser la question de savoir pourquoi c’est jouable, la réponse est toute simple, nous allons voir d’abord comment se déroulera les poules et puis on verra. Mais je reste persuadé que nos chances sont intactes. Notre groupe reste difficile puisque la plupart de nos adversaires ont déjà participé aux différents événements mondiaux et mettent cette fois-ci encore tous les moyens nécessaires pour réussir leurs missions convenablement. Notre équipe nationale militaire compte, de son côté, des éléments importants qui peuvent faire la différence. Comme vous le savez bien, les Jeux mondiaux qui se tiendront à Rio de Janeiro sont équivalents à la coupe du monde en civil, donc c’est un rendez-vous important dans l’histoire du sport militaire algérien. Nous allons y participer avec beaucoup d’ambition et de détermination pour réussir quelque chose de positif.
Avez-vous une idée fixe sur vos trois adversaires ?
Pas forcement, ils sont des militaires. Et puis je ne pense pas qu’ils soient des joueurs professionnels qui jouent dans leur championnat mais ça restera toujours des joueurs de qualité, que ce soit ceux des Emirats arabes unis, du Brésil ou du Surinam. Il faut toujours s’attendre à un niveau très élevé. Les militaires des Emirats arabes unis avaient déjà participé au championnat arabe en Syrie où ils ont réalisé de bons résultats. Partant du principe général, nous comptons des jeunes qui ont une grande envie de s’affirmer et qui veulent réussir leur mission.
Avez-vous déjà constitué
l’équipe qui représentera les couleurs nationales dans ce pays connu pour sa grande tradition dans la balle ronde ?
Nous avons procédé depuis le mois de septembre d’abord à la prospection. Nous avons pris les éléments qui sont sur place parmi eux les contractuels.
Il est utile de signaler que l’équipe nationale militaire algérienne s’est qualifiée aux jeux mondiaux il y a deux années de cela, lors du championnat d’Afrique organisé au Cameroun. Les militaires algériens sous la houlette de Kamel Kaci Said avaient atteint la finale. Dès lors, il fallait reprendre les choses de nouveau et changer ce qui s’impose. Dès ma désignation à la tête de cette équipe, j’ai réparti mon plan de travail en trois étapes ; une première étape de septembre à février a été consacrée exclusivement à la prospection des joueurs dans leurs casernes pendant le championnat militaire. Chose qui a été faite avec succès et qui nous a permis, toutefois, de tenir le coup et de se préparer convenablement. J’ai abordé la deuxième étape de février à mi-mai. C’était une étape où il a fallu renforcer l’équipe par le rappel de certains joueurs qui ont fait déjà l’équipe militaire. On les a sollicités pour bénéficier de leur expérience. Pour ce qui concerne la troisième étape (étape finale) elle sera consacrée essentiellement à la consolidation de l’équipe. Cette dernière phase que nous avons entamée cette semaine sera ponctuée par un match amical contre l’équipe nationale olympique. Ça sera une excellente occasion pour tester les 27 joueurs que compte actuellement l’équipe.
Pouvez-vous dévoiler la liste de ces joueurs ?
Je cite en l’occurrence les gardiens de but, Mourad Berafan de la JS Kabylie, Aissani du MOB et un autre de l’ASM Oran. En défense nous avons des joueurs importants également tels que Saidi et le jeune Khlleli ainsi que Berchiche de la JSK, Youssef de l’ASO Chlef, Belkaroui de l’ASMO, nous avons Sidhoum du WA Tlemcen. Au milieu nous avons Bentayeb de l’ASO, Mokrane de Témouchent, Aghilan, Amroun et Derag du MC Alger, El Oukbi du NAHD. Nous avons retenu également dernièrement Ait Tahar de l’ASO qui vient d’intégrer en tant que contingent. Globalement il y a un groupe homogène qui sera, à mon avis, assez compétitif. J’ai eu l’occasion de tester plusieurs éléments durant les matches que nous avons disputés contre des clubs de la ligue 2, Médéa, Kouba, NAHD et de la ligue1, MC Alger, le CR Belouizdad à deux reprises, l’ASO Chlef. Au cours de ces joutes amicales, nous avons vraiment fait bonne figure. Il y avait des joueurs qui ont montré de belles choses.
Dans votre liste figurent plusieurs joueurs qui évoluent dans les différents championnats nationaux. Avez-vous rencontré des difficultés pour les retenir aux stages?
Nous avons rencontré beaucoup de difficultés dans ce contexte parce que nous sommes confrontés au programme du calendrier national. N’empêche, avec les responsables militaires, nous avons pris des mesures nécessaires d’une façon à ne pas perturber les joueurs évoluant notamment dans la ligue 1. On essaye à chaque fois de les libérer pour participer avec leurs clubs respectifs. A partir de là, on profitera de leur participation avec leurs clubs et du regroupement pour mieux préparer le rendez-vous brésilien. Vous savez très bien que de tout temps les clubs ont joué le jeu avec la direction des sports militaires, il y a une complicité et de très bonnes relations qui ont permis d’avoir des joueurs de clubs à la disposition de la sélection militaire.
Quels sont les objectifs de l’Algérie qui participe pour la troisième fois de son histoire à ce rendez-vous international très important ?
Comme vous saviez très bien on ne peut participer qu’avec un objectif bien précis, bien sûr. À Rio de Janeiro, nous allons participer avec beaucoup d’ambition et d’envie pour réussir quelque chose de positif. Nous allons viser comme nos prédécesseurs, d’ailleurs, les quatre premières places.
«Le rendez-vous de Marrakech sera pareil à celui d’Oum Dorman»
Le technicien algérien ne rate aucune occasion pour s’exprimer sur l’équipe nationale A, et dira que ses chances cette fois-ci restent intactes pourvu que les joueurs abordent les débats avec plus de détermination. En dépit de l’enjeu de cette empoignade, l’ex-coach national reste très optimiste et dira que les Algériens doivent profiter de cette pression qui s’installe désormais dans le camp marocain. Et si les coéquipiers de Yebda abordent le match avec le même esprit que celui d’Oum Darman où ils étaient sous la menace du résultat, je suis persuadé, confirme Mehdaoui, qu«’ils reviendront avec un bon résultat qui leur permettrait de prolonger encore davantage leur rêve… »
Si nous abordons les affaires de l’Equipe nationale A qui attend un match très important pour son avenir immédiat, comment appréhendez-vous son match contre le Maroc à Marrakech ?
Je pense que les chances de notre équipe nationale restent intactes. Les joueurs doivent profiter de leur vécu pour réussir une telle mission. L’équipe algérienne, contrairement à son vis-à-vis, a vécu une bonne expérience par le passé. D’abord en coupe d’Afrique en Angola et en coupe du monde en Afrique du Sud. Ce qui est important cette fois-ci c’est d’avoir le même groupe en main, à l’exception, bien évidemment, de quelques éléments. Sincèrement je suis très optimiste, nous avons toutes les chances possibles pour se qualifier. Bien sûr, l’équipe doit être présente le jour du match, surtout dans les duels et les joueurs ne doivent se concentrer que sur leur sujet tout en appliquant les consignes de l’entraineur. Si l’équipe algérienne jouera son vrai football, loin de toute pression, elle pourra revenir avec un résultat probant qui lui permet de maintenir son espoir jusqu’au bout. Certes, l’équipe marocaine possède des individualités, mais ce n’est pas vraiment suffisant pour sortir un bon match, et puis elle manque de l’expérience et des qualités que nos joueurs possèdent. Psychologiquement, les Algériens sont bien par rapport aux Marocains car après cette lourde pression d’Annaba, ils sont plus relâchés. Cela veut dire que la pression va changer de camp. A Marrakech si les camarades de Yebda jouent le match décontractés, je suis persuadé qu’ils feront une meilleure production que celle d’Annaba. Je sais pertinemment que notre équipe sera très équilibrée et mieux disposée mentalement pour aborder cette rencontre. Maintenant pour ce qui concerne le résultat, les joueurs algériens ont une importante chose à mettre en valeur. L’équipe marocaine impérativement sera sous la menace du résultat parce qu’elle évoluera sur ses bases contrairement à notre équipe. En dépit de l’enjeu, je ne pense pas que les Algériens seront crispés. Nous allons évoluer, à peu près, dans les mêmes conditions que le match « d’Oum Dorman ». Il nous faut un résultat car une défaite est synonyme d’une élimination de la coupe d’Afrique. Malgré l’importance de cette deuxième manche, les joueurs peuvent réaliser au moins un match nul qui leur permettrait de prolonger encore leur rêve de qualification.
En tant que technicien, quelles sont les clés de cette importante rencontre ?
Les joueurs doivent jouer décontractés. Le sang-froid est un élément indispensable dans ce genre de situations.
Peut-être un commentaire sur la liste de Benchikha…
C’est un effectif plus au moins équilibré. Avec cette présente liste, Benchikha a voulu certainement passer un message à tout le monde pour leur dire que rien n’est acquis. Et il faut vraiment cravacher dur pour arracher une place en équipe nationale. Les portes de l’équipe restent toujours ouvertes comme l’atteste bien évidemment la première sélection du gardien harrachi, Azzedine Doukha, Feradj et l’attaquant chélifien Soudani. Je pense que c’est un message clair pour ceux qui sont rappelés et ceux qui ne sont pas pour qu’ils fassent très attention.