A cause d’une chute et une mauvaise réception, le sportif est victime d’une luxation antérieure de l’épaule, la douleur est très importante avec une impression de déboitement articulaire. Le mouvement sera impossible.
L’épaule est une articulation mobile à cause de ses particularités anatomiques.
Il existe ce que l’on appelle une pièce femelle : la glène qui est très peu concave, presque plane, à peine élargie et évasée par un bourrelet périphérique. Et une pièce mâle : la tête humérale convexe, dont la surface articulaire représente deux trières de sphères.
Ces deux pièces s’articulent l’une contre l’autre, leurs congruences est faible autorisant une grande mobilité mais aussi une faible stabilité. C’est exactement le contraire de la hanche, peu mobile mais très stable.
La stabilité de l’épaule est assurée par l’enveloppe articulaire appelée capsule dans l’épaississement à certains endroits constituent des ligaments de soutien.
L’articulation de l’épaule peut être schématiquement comparée à une orange posée sur une soucoupe, l’orange étant maintenue sur la soucoupe grâce à un filet qui l’entoure. Cette soucoupe qui est de petite taille voit sa sphérité augmenter grâce à un bourrelet périphérique sur lequel s’attache le filet.
Par ailleurs les muscles et les tendons de l’épaule participent à sa stabilité. C’est essentiellement ces éléments qui sont lésés lors de l’accident.
Ce genre d’accident est l’apanage des sportifs de combats comme le judo, la lutte mais aussi du football. A cause d’une chute et une mauvaise réception, le sportif est victime d’une luxation antérieure de l’épaule, la douleur est très importante avec une impression de déboitement articulaire. Le mouvement sera impossible.
La partie male de l’articulation qui est la tête humérale est sortie de la pièce femelle constituée par la glène. Une instabilité douloureuse pour laquelle la douleur est au premier plan.
Des images me reviennent à l’esprit celle du Kaiser Beckenbauer lors de la demi-finale de la coupe du monde 1970 qui s’est déroulée au Mexique et qui a opposé l’Allemagne de l’ouest à l’époque à l’Italie.
Un match extraordinaire, une course-poursuite, la partie s’est terminée sur le score de 4 buts à 3 en faveur de l’Italie après prolongation. En plus des prouesses des Riva, Rivera d’un côté, des Muller, Seller de l’autre côté, il y avait aussi le grand Beckenbauer qui a terminé le match avec une luxation de l’épaule.
Lors de la chute d’un footballeur avec réception sur l’épaule il peut y avoir un déboitement de l’articulation avec perte des surfaces articulaires nécessitant une manœuvre de réduction en urgence afin de remettre l’articulation en place. Parfois la sensation de déboitement de l’articulation est incomplète souvent l’articulation est remise en place en quelques instants c’est la sub-luxation. Une instabilité douloureuse peut être signalée par les sportifs, la douleur est au premier plan sans savoir qu’il pourrait y avoir un lien avec une atteinte ligamentaire.
Devant toutes ces situations en l’absence de traitement l’évolution spontanée de l’épaule risque de se faire vers l’apparition de nouveaux épisodes d’instabilité avec risque important d’évolution vers la chronicité.
Le traitement médical antalgique lutte uniquement contre la douleur sans avoir d’action sur la cause des symptômes. Une prémédication peut être nécessaire dont le but est de soulager la douleur et de détendre au maximum les muscles avant d’effectuer la traction. En effet, c’est la contracture musculaire qui s’oppose à la réduction. En cas d’échec, cette dernière pourra se faire au bloc opératoire sous une brève anesthésie générale. Par la suite, le médecin immobilisera le blessé coude au corps dans une attelle pendant une durée habituellement de 3 semaines.
La rééducation peut renforcer le tonus musculaire mais l’appareil ligamentaire à une fonction spécifique qui ne peut pas être améliorer par la seule rééducation.
Pendant la période d’immobilisation coude au corps, une rééducation pendulaire peut être faite, de la mobilisation passive de l’épaule à condition de laisser le coude au corps. Par la suite, cette rééducation portera sur la totalité des mouvements en particulier ceux qui consistent à « armer » comme pour lancer un javelot. Dans cette position, on pourra apprécier au mieux la stabilité ressentie. La chirurgie est envisageable après le troisième épisode de luxation.
Quel type de chirurgie ?
La chirurgie à ciel ouvert a pour but soit de refixer l’appareil ligamentaire, soit d’effectuer une butée osseuse qui va venir empêcher la luxation par son emplacement et par la création d’un hamac musculo-tendineux.
La chirurgie arthroscopique consiste à repositionner et rattacher les ligaments à leur emplacement anatomique à l’aide de fils et d’ancrage osseux.
L’intervention de Bankart sous arthroscopie a pour but de rétablir l’anatomie mais ne prétend pas redonner une épaule à 100% normale. Il s’agit d’une réparation articulaire qui a pour but de redonner une articulation fiable, forte et mobile qui aidera le blessé à se servir normalement de l’épaule pour effectuer les gestes du quotidien et surtout reprendre la pratique de son sport.
En abordant le thème des luxations de l’épaule et leur traitement, il est impératif de parler des avantages de l’arthroscopie qui est une technique moins délabrante et qui permet d’obtenir des résultats excellents. Elle permet de réaliser une intervention chirurgicale grâce à de petites incisions à travers la peau en abordant les muscles périphériques. Le repositionnement des ligaments déchirés se fait à l’aide de petites ancres, résorbables ou non, en fonction des découvertes préopératoires et d’un fil.
La solidité finale ne sera obtenue qu’après cicatrisation complète des ligaments sur l’os, les ancres et les fils ne servant qu’à maintenir les éléments ligamentaires en place, le temps nécessaire à la cicatrisation.
Cette méthode efficace permet d’opérer sans délabrement et fait gagner au médecin et au sportif un temps précieux.
En post-opératoire immédiat, le bras sera immobilisé, le coude à 90°, l’avant bras le long du corps pendant 3 semaines.
Des radiographies de contrôle seront pratiquées le lendemain, 8 jours après et 3 semaines après sans oublier la rééducation qui débutera 4 semaines après l’intervention.
En conclusion, la luxation de l’épaule et l’apanage du sportif notamment le footballeur, elle peut être une cause de retraite anticipée du sportif lorsque cette pathologie est négligée. DR A.K.B.