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Produits anabolisants
La «dopamania» des footballeurs
3 Fevrier 2009

Qui a oublié ce qui s’est passé lors de la coupe du monde 1994, qui s’est déroulée aux Etats-Unis, lorsqu’une hôtesse est venue prendre par la main le grand Maradona pour un contrôle antidopage?

Après une éclipse et un retour époustouflant en se faisant remarquer par un exploit personnel, le magnifique Diego est ressorti, main dans la main, avec l‘hôtesse tout en souriant aux caméras; des images diffusées par toutes les télévisions du monde.
Le lendemain, coup de théâtre : le contrôle de la star du football mondial s‘est averé positif à l‘éphédrine. Il sera exclu de la compétition.
Le football étant une discipline physique très exigeante, qui demande de l‘endurance et de la puissance musculaire, il ne diffère pas des autres sports, notamment du cyclisme où plusieurs scandales ont éclaté, surtout dans le tour de France.
Cela revient à dire que plusieurs produits dopants sont utilisables et utilisés.
Les hormones de croissance et les facteurs de croissance sont utilisés pour renforcer la puissance musculaire, la testostérone pour lutter contre la fatigue et enfin, l‘EPO et les transfusions sanguines améliorent l‘endurance au niveau du transport de l‘oxygène. Sans oublier les compléments alimentaires qui posent un réel problème à cause de la contamination par des molécules dopantes volontaires de la part des industriels.
L‘intensification de la fréquence des matches, soit 1 tous les 3 jours, fait que le footballeur n‘arrive plus à suivre le rythme, le corps n‘arrive plus à suivre la cadence.
Les joueurs de football sont jugés sur leurs performances et leurs exploits, dans un sport aussi difficile; rééditer ces performances tous les 3 jours paraît difficile, voire impossible.
Le système économique du football oblige les acteurs à concourir au dérapage dopant. Le recours à quelques techniques de dopage moins détectables que les anabolisants et les produits liés à la testostérone devient indispensable et nécessaire.
Nous prendrons comme exemple l‘EPO, très difficilement détectable, contrairement à ce qui est affirmé ici et là. Il existe, bien sûr, les transfusions sanguines et les hormones thyroïdiennes non détectables dans les urines.
Parler de dopage dans le football n‘est pas une mince affaire, tant dans ce domaine, le monde du «foot» s‘apparente au monde du silence.
Néanmoins, périodiquement, plusieurs affaires éclatent au grand jour, mais bien sûr, n‘aboutissent jamais à de réelles sanctions ; de peur de tuer la poule aux œufs d‘or et le «spectacle» continue, vaille que vaille.

Voici quelques grandes dates de l‘histoire du dopage dans le football :

Dans les années 1950
En tournée en Europe lors de l‘insurrection de Budapest, le Budapest Honved connut une histoire mouvementée. Considéré alors comme la meilleure équipe de football du monde, ce club n‘aurait pas rechigné sur les amphétamines, selon certaines rumeurs…

Dans les années 1960
En pleine guerre froide, les pays soviétiques pratiquent le dopage d‘Etat dans différents sports dont le football. L‘historien Giselher Spitzer décrira très bien ce phénomène en RDA où, selon lui, des joueurs du Dynamo Berlin ont été dopés à leur insu.

Dans les années 1970
L‘Amérique du Sud est connue pour pratiquer ce que l‘on nomme pudiquement "le rééquilibrage hormonal". Le sport diminue les taux d‘hormones, les médecins prescrivent alors des suppléments pour faire retrouver au sportif son taux normal.
Capitaine de l‘équipe d‘Allemagne en 1974 et patron de la Coupe du monde 2006, Franz Beckenbauer explique en 1976 dans le magazine Stern avoir "une méthode particulière pour demeurer au top niveau : l‘injection de (son) propre sang".

Dans les années 80
Resté dans toutes les mémoires françaises, le gardien poète, Harald Schumacher, publie le livre "Coup de sifflet" en 1987 qui décrit les penchants de l‘équipe d‘Allemagne pour l‘éphédrine, qui développe, entre autres, l‘agressivité…
Le Franco-brésilien, José Touré, raconte également dans son ouvrage "Prolongations d‘enfer" son expérience nantaise et les visites médicales avant le match qui donnait lieu à d‘étranges "piqûres de vitamines".

n1994
Ultime star du football, Diego Maradona est contrôlé positif à l‘éphédrine pendant la Coupe du monde 1994 aux Etats-Unis. Il est exclu de la compétition.
n1998
En pleine préparation de la Coupe du monde, un contrôle inopiné est organisé lors du stage de préparation de l‘équipe de France à Tignes. Cette opération déclenche les foudres de l‘encadrement de l‘équipe de France.
Deux joueurs du club italien de Pérouse sont contrôlés positifs à la nandrolone dès la 2e journée de championnat.
"Le foot doit sortir des pharmacies", déclare Zdenek Zeman, ancien entraîneur de la Roma. Ces déclarations déclencheront l‘enquête du procureur Guariniello et le retentissant procès de la Juventus de Turin.

n2001
Fernando Couto et Josep Guardiola sont contrôlés positifs à la nandrolone, tout comme les internationaux néerlandais Edgar Davids et Frank de Boer. Tous n‘écoperont, au final, que de quelques mois de suspension. Mais coïncidence !
Le médecin de l‘équipe nationale, Huib Plemper, est licencié la même année. Cette décision n‘empêchera pas le défenseur néerlandais Jaap Stam d‘être contrôlé positif, lui-aussi, à la nandronole en octobre de la même année.
A l‘approche de la Coupe du Monde, la FIFA n‘a toujours pas signé d‘accord avec l‘Agence mondiale antidopage. Début de relations houleuses entre les deux instances… Finalement, un accord est signé; il prévoit que les contrôles concerneront quatre joueurs qui seront tirés au sort, deux par équipes et par match durant la Coupe du monde 2002.

n2002
En février 2002, deux cadres dirigeants du club de la Juventus de Turin se retrouvent devant les tribunaux, accusés d‘avoir administré des médicaments dangereux pour la santé. Le procureur veut faire défiler à la barre près de 150 témoins, dont de très nombreuses gloires du football international.
Convoqué à la barre, le Dr Jean-Marcel Ferret, médecin de l‘équipe de France, confirme que les joueurs évoluant en Italie prenaient régulièrement de la créatine entre 1995 et 1998.
Autre révélation, la pharmacie du club italien abritait 281 types de médicaments, une quantité jugée "incompatible avec une structure non sanitaire, mais plutôt la quantité dont devrait être doté un hôpital petit ou moyen".
La même année, Zinedine Zidane reconnaît avoir pris de la créatine à la Juventus, ce produit n‘était pas interdit en Italie. Les 256 contrôles effectués pendant la Coupe du monde se révèlent tous négatifs.
A. K. S.

Par : Docteur Aït Kaci Boussad

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