Le jour qui précède Yenayer, soit le 11 janvier, reste le plus important. La veille donc de cette fête, le repas est frugal. Le plus souvent on prépare berkouks, boulettes de farine cuites dans un bouillon léger ou encore Icacmenn, blé en grain préparé au lait ou en sauce. Ailleurs, on ne consomme que du lait ou des légumes secs cuits à l’eau.
Le lendemain en revanche, on partage un repas copieux en signe de prospérité, composé des éléments suivants : gâteaux/galettes : (lesfenj (des beignets), tighrifin (crêpes), plat des «sept légumes» fait uniquement de plantes vertes, viande (volaille, chevreaux ou moutons), friandises (fruits secs comme figues sèches, amandes, noisettes, dattes…).
Dans certaines régions d’Algérie (Oran) ou du Maroc (Berkane chez les Iznassen), on évite de manger des aliments épicés ou amers pour se préserver d’une mauvaise année. Le repas de Yennayer est conditionné par les récoltes selon les régions mais aussi par les moyens des uns et des autres. Les aliments servis vont symboliser la richesse, la fertilité ou l’abondance. Il est ainsi des irecman (bouillie de blé et de fèves) ou le cœur du palmier chez les Beni-Hawa : pas question de rater le repas de bénédiction qu’est celui de Yennayer !
Une occasion
de se souhaiter des vœux de prospérité
Yennayer symbolise la longévité, et c’est souvent l’occasion d’y associer des événements familiaux :
- Première coupe de cheveux aux petits garçons. Dans certaines régions berbérophones, on dit que l’enfant est comme un arbre, une fois débarrassé des mauvaises influences, il poussera plus fort et plus énergiquement (c’est d’ailleurs à cette période qu’on opère la taille de certains arbres fruitiers) ;
- Le mariage sous le bon présage de Yennayer. Les petites filles s’amusent à marier leurs poupées (pratique qui rappelle taslit n wenZar) ;
- Rites d’initiation agricoles : on envoie les enfants aux champs afin de cueillir eux-mêmes fruits et légumes.
Marquer le changement
de saison
Cette saison correspond à l’approche de la rupture des provisions gardées pour l’hiver.
Croyances et superstitions
Ainsi, pour espérer une nouvelle année plus prospère, Yennayer est marqué par quelques opérations de purification. Dans l’anti-Atlas par exemple, au petit jour de Yennayer, la maîtresse de maison nettoie tous les recoins de la maison, en y saupoudrant ibsis (mélange de farine, huile et sel). Elle balaie ensuite toutes les pièces pour «chasser» tamghart n gar aseggwas («l’épouse de la mauvaise année») qui n’est autre que tammara la «misère» (mot à éviter ce jour-là).
Le sacrifice d’un animal, Asfel (mot kabyle) est de rigueur, symbolisant l’expulsion des forces et des esprits maléfiques mais aussi marquant ses vertus prophylactiques. On prie alors les forces divines pour assurer une saison culturale féconde.
Au cours de la fête de l’Ennayer, on fait intervenir des personnages telle "theryel" (tamza, ogresse en rifain) ou "aâdjouzet Yennayer "(la Vieille de l’Ennayer) en Kabylie. On menace les enfants qui refusent de manger d’appeler cette dernière qui les éventrera et bourrera leur ventre de paille....
Après le copieux repas de Yennayer , la maîtresse de maison mettait jadis un peu de nourriture dans le métier à tisser (azzetta), dans la meule domestique (tasirt) et dans le foyer au feu (kanoun) pour embaumer de bénédictions ces objets essentiels dans la vie rurale (Aurès, Kabylie et Oranie).
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