L’Aïd a des règles qu’il faut respecter et dont il faut tenir compte. Nous allons dans les lignes qui suivent les énumérer une à une :
Il est prescrit à tous les musulmans de répéter la formule du Takbir de la nuit de l’Aïd jusqu’à l’heure de la prière. Les oulémas ont tiré cette règle du verset
(sens du verset) : «Afin que vous en complétiez le nombre et que vous proclamiez la grandeur d’Allah pour vous avoir guidés, et afin que vous soyez reconnaissants ! » (Coran 2/185) et de la Sunna du Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam). Il a été rapporté de lui qu’il sortait le jour de l’Aïd et qu’il répétait la formule du Takbir jusqu’à ce qu’il fût arrivé au lieu de prière et qu’il ait accompli la prière. Une fois la prière accomplie, il s’arrêtait de la répéter. (Ibn Abi Chaybah dans Al-Moussannaf).
Ceci est la manière la plus parfaite d’être reconnaissant envers Al-Monim (Celui qui accorde les grâces et les bienfaits), Exalté soit-Il. La Sunna recommande donc l’évocation d’Allah, Exalté soit-Il, juste après les actes dévotionnels, comme elle prescrit la répétition de la formule de glorification ou Tasbih, de la formule de louange ou Tahmid et de la formule de Takbir après les prières obligatoires. La Sunna prescrit également l’évocation d’Allah, Exalté soit-Il, après l’accomplissement du rite du Hadj et après le mois du jeûne de Ramadan.
Parmi les formules de Takbir qui ont été rapportées du Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) citons : « Allaho Akbar, Allaho Akbar, La Ilaha illa Allah, Allaho Allaho Akbar wa Lillahi-l-Hamd ».
(Allah est le plus Grand, Allah est le Plus Grand, nul n’est digne d’être adoré en dehors d’Allah, Allah est le Plus Grand, Allah est le Plus Grand, à Allah sont attribuées les louanges). Al-Haafedh Al-Baghaoui, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit : «Dire à haute voix la formule de Takbir les deux nuits de l’Aïd, est une Sunna, qu’ils soient en voyage ou pas, qu’ils soient dans leurs maisons, dans les mosquées ou dans leurs marchés, le lendemain en chemin et à la mosquée jusqu’à l’arrivée de l’Imam».
Les oulémas recommandent d’accomplir le Ghosl (ablutions majeures) rituel et de se faire beau. La personne doit donc effectuer les ablutions rituelles, être propre et se purifier. Ceci a été rapporté par un certain nombre de pieux prédécesseurs, parmi les compagnons et leurs successeurs.
Il est également louable et prescrit pour les deux Aïds de se faire beau et notamment de porter de beaux habits. Djaaber ibn Abdillah, qu’Allah soit satisfait de lui, a dit : «Le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) avait une Djobbah (sorte de caftan) qu’il portait durant les deux
Aïds ». Les hommes sortent accomplir la prière sous cette belle apparence alors que les femmes sortent pour prier sous l’apparence que le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) a autorisée :
«N’empêchez pas les servantes d’Allah de se rendre aux mosquées, mais qu’elles sortent sans être parfumées » (Abou Daoud). Le sens du hadith est qu’elles doivent éviter toutes les causes de Fitnah comme le parfum, l’exhibition de leurs parures et autres. Cependant, il leur est permis de se faire belles dans les limites de ce qui est convenable et légal, et il n’y a aucun mal à ce qu’elles exhibent leurs atours devant les femmes et les personnes qui sont autorisées à les voir comme le mari et les mahrams.
Avant de sortir pour prier, le musulman doit manger des dattes, pour suivre l’exemple du Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) comme Anas, qu’Allah soit satisfait de lui, l’a
dit : «Le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) ne sortait le jour d’Al-Fitr qu’après avoir mangé des dattes. Il les mangeait en nombre impair» (Boukhari, At-Tirmidhi, Ibn Madjah, Ahmad dans son Mousnad)
D’après Burayda, «le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) ne sortait le jour d’Al-Fitr qu’après avoir mangé, et le jour du sacrifice, il ne mangeait qu’après être rentré (après avoir accompli le rite) et se nourrissait de son offrande» (At-Tirmidhi, Ibn Madjah).
Les Musulmans doivent veiller instamment à assister à la prière de l’Aïd car c’est une Sunna confirmée. Le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) ne l’a jamais négligée, dans aucun Aïd, jusqu’à sa mort (Salla Allahou Alaihi wa Sallam).
Oum Ateya, une femme des Ansars, qu’Allah soit satisfait d’elle, a dit : «Le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) nous a ordonné de sortir les jours de l’Aïd d’Al-Fitr et de l’Aïd d’Al-Adha : les adolescentes, les femmes qui ont leurs règles et les jeunes vierges. Les femmes qui ont leurs règles ne participent pas à la prière mais par leur présence, profitent des bienfaits du sermon et des invocations des Musulmans » (Boukhari et Mouslim). Le Cheikh Al-Islam ibn Taymiyyah, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit :
« C’est la raison pour laquelle nous avons soutenu que la prière de l’Aïd est une obligation individuelle, comme l’affirment Abou Hanifa et d’autres. C’est aussi l’un des deux avis de l’imam Ach-Chaafeii, et l’un des deux avis des Hanbalites. Quant à l’opinion selon laquelle elle n’est pas obligatoire, elle est loin de la vérité. Car c’est l’un des rites les plus importants de l’Islam et le rassemblement des gens pour l’accomplir est plus grand que leur rassemblement pour effectuer la prière du vendredi » (Madjmou Al-Fataawa).
Il est recommandé au musulman d’écouter le sermon en raison de ses bienfaits, des invocations, du Dhikr et de la science religieuse que cela implique.
Il n’y a ni adhane ni iqaamah dans la prière de l’Aïd. Ibn Abbas et Djaaber, qu’Allah soit satisfait d’eux, disent :
«L’on ne lançait pas l’adhane les jours de l’Aïd Al-Fitr ou de l’Aïd Al Ad-ha » (Boukhari et Mouslim), et Djaaber ibn Somra a dit : « J’ai prié avec le Messager d’Allah (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) les deux Aïds plus d’une fois sans Adhane ni Iqaamah » (Mouslim).
Cette prière n’est pas précédée d’une prière surérogatoire confirmée par la Sunna. Quiconque ne l’accomplit pas à la mosquée - selon la sunna- ne fait pas de prière en entrant, et doit s’asseoir. Cependant, celui qui l’accomplit en commun à la mosquée, doit accomplir la prière de salutations de la mosquée, comme la Sunna l’a établi, même si cela est à un moment où la prière est interdite, car c’est l’une des causes qui justifient l’accomplissement de la prière à un moment où cela est proscrit.
Il est prescrit d’être généreux avec sa famille et les enfants, les jours de l’Aïd, en mettant à leur disposition de quoi les réjouir et les divertir, dans les limites autorisées par Allah, Exalté soit-Il. Ceci est d’ailleurs l’une des règles de conduite du Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam).
Cela est corroboré par ce que la mère des croyants Aïcha, qu’Allah soit satisfait d’elle, a dit : «Le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) entra chez moi alors qu’il y avait deux servantes qui chantaient le chant de Boaath. Il s’allongea sur sa couche et détourna le visage. Abou Bakr entra et me gronda. Il me dit : «La flûte de satan chez le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) ?!». Le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) alla à lui et lui dit :
« Laisse-les ». Quand il s’assoupit, je leur fis signe (aux deux servantes) et elles sortirent ». (Boukhari et Mouslim)
Dans une autre version : «Ô Abou Bakr, chaque peuple a une fête, et celle-ci est la nôtre».
Al-Haafedh Al-Baghaoui a dit : «Le Jour de Boaath est un jour connu où se déclencha une grande guerre entre les tribus Al-Awss et Al-Khazradj. Celle-ci dura 120 ans jusqu’à l’avènement de l’Islam. Le poème que chantaient les deux servantes décrivait la guerre et la bravoure et il était en faveur de la religion. Ce sont par contre les chants qui évoquent des choses indécentes et illicites, et qui proclament à haute voix des obscénités, qui sont prohibés. A Allah ne plaise que ceci se soit produit en présence du Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) sans qu’il ne le désapprouve sévèrement » (Charh As-Sunna).
Il convient de rappeler que le chant le jour de l’Aïd sous la forme susmentionnée n’est autorisé que pour les petites servantes et peut être accompagné par un tambour de basque et non par d’autres instruments de musique. Ceci ne doit pas être une habitude, comme c’est le cas des chanteuses, et ceci est affirmé par la mère des croyants, Aïcha qu’Allah soit satisfait d’elle dans la version rapportée par Ibn Madjah :
«Elles n’étaient pas des chanteuses » (Al-Albaani : Sahih). S’adresser des vœux à l’occasion de l’Aïd est une bonne chose, car les compagnons du Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) le faisaient.
Djobayr ibn Nafiir, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit :
«Les compagnons du Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) se disaient, lorsqu’ils se rencontraient le jour de l’Aïd : qu’Allah agrée nos actes ainsi que les vôtres » (Fath Al-Baari).
L’Aïd est une occasion de dépasser les susceptibilités et de renouer avec les parents et les amis avec lesquels nous avons rompu.
Comme il est beau, le jour de l’Aïd, de refuser la séparation et d’être soucieux de préserver les relations avec les autres, notamment avec la famille. La personne sensée et judicieuse est celle qui renoue les liens et réagit avec bienfaisance.
Selon un hadith, un homme a dit : «Ô Messager d’Allah ! J’ai des proches parents avec qui je maintiens les liens de parenté et qui ne le font pas avec moi. Je les traite bien et ils me traitent mal. Je suis indulgent avec eux et ils me brutalisent ». Il lui répondit :
«Si tu es vraiment tel que tu viens de le dire, c’est comme si tu leur faisais avaler sans eau de la cendre brûlante. Tu ne cesseras pas de trouver en Allah un soutien contre eux tant que tu te conduiras ainsi» (Mouslim)
Souhaitons que l’Aïd marque un tournant dans le développement de la bonté de l’âme et de l’intégrité du cœur et dans la victoire sur les bassesses et l’avarice de l’âme.
Parmi les sources de bienfaits que recherche toute personne noble de cœur et magnanime - notamment dans les moments de joie - figure le fait d’être sensible aux besoins des indigents et de les satisfaire.
Etant donné que vous vous êtes préparés à l’Aïd, ajoutez à vos préparatifs un autre projet noble, qui est de réconforter les malheureux et les démunis qui vous entourent. Cherchez parmi vos proches, vos voisins et vos frères musulmans ceux d’entre eux qui sont dans le besoin et subvenez-y, semez la joie dans leurs cœurs, et dans ceux de leurs enfants et de leurs femmes.
Rappelez-vous, le matin de l’Aïd, lorsqu’on embrasse les enfants, que la joie se répand entre les parents, que l’intimité croît entre les époux, et que les familles se rassemblent, rappelez-vous les orphelins qui ne trouvent pas, le matin rayonnant de l’Aïd, le sourire d’un père tendre ou l’affection d’une mère qui les prépare à célébrer l’Aïd.
Rappelez-vous les veuves qui ne trouvent pas la tendresse d’un mari qui les dispenserait des gens qui demandent de leurs nouvelles. Rappelez-vous de vos frères qui sont sans abri et qui ont peur, en proie à l’oppression aux quatre coins du monde.
Rappelez-vous tout cela et faites don de ce que vous pouvez dans ces situations pour obtenir la satisfaction et la générosité d’Allah, Exalté soit-Il.
Il y a des gens qui sont laxistes, le jour de l’Aïd, vis-à-vis des règles qui doivent être respectées. Citons à titre d’exemple les femmes qui exhibent leurs atours et leurs parures en présence des personnes qui ne sont pas leurs Mahrams. Ces actes sont illicites et prohibés par l’Islam.
L’Aïd et la joie ne justifient pas l’accomplissement de ce qui est interdit, louer Allah, Exalté soit-Il, impose d’éviter ces actes et de s’en éloigner.
Certaines personnes croient qu’il est prescrit de consacrer la nuit de l’Aïd au qiiyaam (la prière nocturne). Un hadith est rapporté à ce sujet, mais il a été inventé et ne peut donc pas servir de preuve.
Consacrer également le jour de l’Aïd à la visite des tombes n’a rien à voir avec la sunna.
Il incombe à l’être humain, à sa famille et à ses enfants, lorsqu’ils sont contents et heureux, de ménager les sentiments des autres, et de tenir compte des règles à observer sur la route et dans la manière de se comporter avec les gens.