(Suite VIII)
Al-Boukhari est le premier à utiliser le terme d’Istinbat en définissant l’Ijtihad. (Effort d’interprétation) Ce terme est utilisé tout au long du Coran dans sa forme du présent, à la troisième personne.
Abd Al-Aziz Al-Boukhari influença donc grandement les écrivains d’Usul Al-Fikh qu’il a précédés. Il analyse ces éléments de la définition et distingue des concepts en marge de l’Ijtihad, qui d’un autre coté n’est autre que l’expansion du pouvoir en vue de comprendre la réalité de toute chose.
Ainsi, Jahd est l’essence de l’Ijtihad, ce Jahd puisque devant être au niveau le plus élève, et tous les efforts devront être accomplis pour cela, l’objectif de cet effort sera la pénétration dans les profondeurs des textes coraniques ou traditionnels.
Il va un peu plus au-delà dans sa définition affirmant que l’Ijthad total, c’est lorsqu’on élimine toute sa puissance à un degré tel, que l’on sent que l’on ne peut rien plus pour atteindre le vrai.
Le fait de faire plus, est une réserve que nous retrouvons dans presque tous les ouvrages qui suivront. Les derniers juristes turques, de la période Ottomans à celle de la. République turque, tels que Mehmed Seyyid et Buyuk Haydar Efendi, suivront, mot pour mot, cette définition.
Al-Boukhari exclut les efforts fournis dans le domaines de la grammaire arabe, et même dans celui de la théologie au sens propre (Al-Kalam), et ajoute que les questions de rationalité, d’usage et de sentiments sont laissées de côté en parlant de contenu.
Ce juriste invétéré donne une autre définition de l’Ijtihad dans laquelle il utilise des termes différents des éléments mentionnés auparavant. La définition en question continue de cette manière : Cette définition est de loin plus explicite jusqu’à son époque, et même après lui. Il rapporte deux définitions supplémentaires en commençant par " il est dit que ou on dit que…" Cette dernière définition est relativement la plus technique dans ce domaine. Toutes ces définitions influeront sur les autres écrivains qui traitent du sujet. Un essai très important sur Usul Al-Fiph de Al-Mawala Abd El-Latif Ibn Malak (mort en 885/480), auteur de "Sharh Manar Al-Anwar’’, élève des Instituts d’études supérieures ottomans, définit l’Itihad en des termes ressemblant presque ceux d’Abd el-Aziz Al-Boukhari et Zaïn Al-Din Abd Al-Rahman Ben Abd Abi Bakr, plus connu sous le nom de Ibn Al-Aini (837-893/1433-1488) reprend la même définition de l’Ijtihad. Molla Husrev Mohamad Ben Feramuz (mort en 885/ 1480), auteur de Mirrat Al-Usul Ila Ilm Al-Usul et de son nom moins fameux commentaire Mira’t Al-Usul, les deux ouvrages étant les pionniers ayant traité de Usul Al-Fiph dans les universités ottomanes, donne une définition de l’Ijtihad plus claire que celles des autres écrivains.
Voici sa définition : L’Ijtihad consiste à surmonter et mettre fin à toute puissance, telle que l’on se sent incapable de faire davantage, pour aboutir à un jugement licite et secondaire à partir de l’évidence même. Nous noterons que dans cette définition, qui est l’une de celles que des centaines de milliers d’élèves ont appris sur le bout des doigts, des siècles durant, il existe une restriction dans l’Ijtihad, apparente dans Istifragh Al-Mahud en vue d’arriver à un Hukm (Istinbat Al-Hukm), plus restreint lui aussi comme dans Al-Hukm Al-Shar’i (jugement licite), ou encore Al-Far’i’ (jugement des actes pratiques).
Ainsi, tout effort fourni par un imitateur (Al-Muqallid) ou ceux accomplis en vue de tirer quelques données des jugements pratiques du Fiph, sont étrangers à l’Ijtihad et se considèrent comme marginaux à la définition.
(Suivra)