Neuvième des douze mois de l’année lunaire, Ramadhan est le troisième pilier de l’Islam. Selon l’information communiquée par Sirius, le début du Ramadhan de cette année débutera le 22 août 2009 qui restera tout de même une période plus ou moins de forte chaleur. En raison des longues heures du jeûne et de la température élevée, le docteur Rachid Hamidi, nutritionniste nous prodigue des conseils utiles sur la façon d’éviter quelques désagrements rencontrés durant le Ramadhan. Leur application permettrait de jeûner confortablement et d’apprécier entièrement les avantages spirituels du Ramadhan. Pendant ce mois, notre alimentation ne devrait pas différer beaucoup de notre alimentation habituelle et devrait être aussi simple que possible. L’alimentation devrait être telle que nous maintenions notre poids normal, sans perte ni gain. Cependant, si on est en excès de poids, le mois de Ramadhan est une période idéale pour le normaliser.
Le Midi Libre : Cette année le mois de Ramadhan coïncide avec la fin des vacances, mais qui reste quand même une période assez chaude. Quels sont les conseils que vous pouvez prodiguer d’une façon générale?
Le docteur Rachid Hamidi : Pour les quatre prochaines années, les températures pendant le mois de Ramadhan seront encore plus élevées, surtout pendant les mois de juillet et d’août 2010 et 2011. Il est important de penser à bien s’hydrater la peau le jour, à prendre des douches le plus souvent possible et de boire au moins 1,5 litre d’eau entre le ftour et le Fajr.
Pour les enfants et les personnes âgées qui n’ont pas toujours la sensation de soif, quelles précautions doivent-ils prendre ?
Pour les personnes âgées et les enfants qui n’ont aucune pathologie chronique qui peut se compliquer, ils peuvent jeûner à condition de suivre les conseils cités dessus. Et de prendre des sucres lents lors du shour. Une cuillerée de miel est conseillée lors du repas du shour. Ne pas faire beaucoup d’efforts la journée et de ne pas sortir pendant les moments de chaleur.
Y a t-il des sujets qui doivent être dispensés de jeûner ?
Ceux qui sont dispensés de jeûner sont :
- Le malade dont le cas s’aggraverait par le jeûne.
- La personne âgée que le jeûne pourrait affaiblir.
- Le voyageur :
- Celui qui a perdu la raison :
- La femme enceinte qui risque des complications en jeûnant :
- La femme qui allaite un nourrisson si elle craint pour la santé de son bébé.
Et qu’en est-il des malades chroniques (hypertendus artérielle, diabétique, ect.) qui sont sous-traitement de longue durée?
Le Coran n’impose pas le Ramadhan aux croyants atteints d’une maladie. Ceux-ci doivent consulter leur médecin avant tout, lequel pourra les conseiller et modifier éventuellement leur traitement. Les personnes atteintes de diabète sont les plus vulnérables au jeûne prolongé. Il est recommandé donc aux personnes fragiles d’éviter le jeûne, car cet exercice peut se révéler dangereux. C’est le cas des femmes enceintes ou allaitantes, des personnes atteintes d’ulcère gastrique évolutif, des épileptiques non contrôlés, par exemple. D’une façon générale, toute personne atteinte de maladie chronique ou aiguë (hypertension, asthme, maladie neurologique, psychiatrique…) ne doit pas observer le jeûne ou doit le suspendre si cette pratique risque d’aggraver sa maladie ou de retarder la guérison.
Afin d’éviter tout risque, il est donc fortement recommandé de demander l’avis de son médecin, lequel peut être amené à déconseiller le jeûne ou à ajuster le traitement en cours. Or, de très nombreux fidèles ne prennent pas la peine de consulter leur médecin. Par ailleurs, une étude menée en 2004 montre que 58% des personnes sous-traitement de longue durée modifient d’elles-mêmes leurs prises de médicaments au cours des périodes de Ramadhan.
Parmi ces malades chroniques, quels sont les plus exposés aux risques ?
Les plus à risque sont les diabétiques. Le nombre d’admissions de personnes aux urgences pendant le Ramadhan est très important, particulièrement celles qui souffrent de diabète. Lors du jeûne, le risque d’hyper ou d’hypoglycémie est fortement accru, d’où l’obligation d’en parler avec son médecin, lequel peut modifier le traitement, par exemple en prescrivant des insulines rapides ou en diminuant les doses. Le médecin proposera également des conseils nutritionnels et un suivi très rapproché avec surveillance de la glycémie. Quant aux diabétiques qui présentent déjà des complications, le jeûne n’est pas possible, car de trop grandes variations de glycémie sont aggravantes : insuffisance rénale, complication oculaire ou neurologique.
La personne manifestant une hypertension artérielle simple peut jeûner tout comme celle porteuse d’une valvuloplastie non compliquée d’insuffisance cardiaque ou souffant d’un angor (angine de poitrine) stable sans symptôme. Mais elle ne doit pas jeûner si elle manifeste une hypertension artérielle compliquée d’un accident cérébrale ou cardiaque récent (moins de 3 mois), une hypertension artérielle ajoutée à une insuffisance rénale confirmée, une insuffisance cardiaque avec ou sans l’hypertension, un infarctus du myocarde moins de 3 mois (interdiction formelle), un angor instable ou une polythérapie (plus de 2 prises) quelque soit la pathologie.
Dans tous ces cas, il faut tenir compte des observations suivantes :
- le médecin traitant est celui qui connaît le mieux l’état du patient et la gravité de la maladie ;
- il faut impérativement respecter le traitement et les mesures hygiéno-diététiques prescrites par le médecin traitant ;
- pour les malades autorisés à jeûner, il faut contacter son médecin dès l’apparition du moindre symptôme anormal.
Que se passe t-il au cours du jeûne ?
Au cours d’un jeûne, la personne commence par consommer le sucre présent dans son corps. Le sucre du foie, des muscles, mais en moindre quantité, et puis rapidement l’organisme passe aux graisses. Ces dernières vont être utilisées comme source d’énergie, et donc fondre jusqu’à ce que la personne s’alimente à nouveau.
On distingue deux phases dans un jeûne : une phase d’adaptation, et une autre d’équilibre. La première dure à peu près 10 jours. C’est généralement celle qui est le plus susceptible de poser des problèmes. Normal, car notre organisme passe brusquement de son régime habituel à un régime de rigueur ! Mais franchi ce cap, notre corps s’habitue. D’une certaine manière, il s’équilibre automatiquement.
Conséquence, une perte de poids inévitable. Elle découle du processus de nettoyage de l’organisme.
Mais il ne faut pas s’inquiéter, car elle ne présente aucun danger. En fait, elle ne se produit pas aux dépens des tissus vitaux. Seules les substances superflues sont brûlées par notre organisme. Notamment les graisses et les déchets. L’adaptation du corps s’effectue sur le tissu adipeux, autrement dit, sur le tissu gras. Ce dernier constitue la réserve d’énergie de l’organisme. Il va donc s’adapter en fonction des besoins de la journée. Le Ramadhan est un jeûne court. Sur une journée, il ne dépasse jamais dix heures. Le shor est généralement pris entre 3 et 5 heures du matin. Le jeûne est ensuite rompu vers 19 heures. Dans ces conditions, l’organisme n’a pas le temps de manquer d’énergie. On peut toutefois ressentir quelques malaises tels que la fatigue, les vertiges, la somnolence, mais sans gravité pour ceux qui sont bien portant et ne présentent aucune pathologie. Tous ces désagréments disparaîtront après avoir mangé. Rien de sérieux donc.
On dit que d’un point de vue médical, le jeune est bénéfique pour l’organisme, pouvez vous nous expliquer cela ?
Effectivement, la période de jeûne est bénéfique pour notre corps. Ce dernier va se mettre à brûler des graisses qu’il n’a jamais l’occasion d’éliminer. Des réserves inutiles qui encombrent l’organisme en temps normal.
A ce niveau, l’eau joue un rôle essentiel. Sodas et autres jus de fruits sont à bannir ! Seule l’eau va aider notre corps à se débarrasser de toutes sortes de déchets. Ne vous en privez surtout pas ! Boire beaucoup. C’est donc le conseil par excellence pour éviter toute complication durant votre jeûne. La consommation d’eau doit impérativement passer d’un litre et demi par jour en temps habituel, à deux litres et demi, voire trois litres.
Comment rompre le jeune pour éviter les sensations de lourdeur à l’estomac à la fin du repas ?
Côté nourriture, quelques conseils sont à retenir. Même si cela peut paraître paradoxal, il faut ménager sa panse et, dès la rupture du jeûne, il faut aller tout doucement. Pourquoi ? Vous allez trop manger par rapport aux besoins de votre organisme. Donc, la règle d’or, s’alimenter en surmontant, d’abord, la sensation de faim. Pour cela, respectez la méthode suivante : commencez à rompre le jeune par un bon bol de soupe «chorba», patientez un quart d’heure pour réduire votre sensation de faim, puis alimentez-vous normalement. Le but est de réussir à manger bien, et donc d’éviter les troubles digestifs comme les ballonnements et les douleurs gastriques. Il faut aussi respecter des principes culinaires fondamentaux. Il est important de commencer par manger des protéines en quantité suffisante, pour ensuite passer aux sucres lents. Vous les trouverez notamment dans les pâtes, le blé, les légumes secs. Et enfin, manger une petite quantité d’acides gras essentiels sous forme d’huile de colza, de soja ou de noix.
Si on pratique une activité physique, doit-on l’interrompre ?
Attention, cependant : il n’est pas conseillé quand on jeûne, d’avoir une activité sportive prolongée. Un sport d’endurance impose à notre organisme un ravitaillement important en glucides impossible lors d’un jeûne. Les risques d’une hypoglycémie ou d’un malaise sont alors sérieux.