Le patron de Volvo Trucks, en visite en Algérie à la tête d’une importante délégation, a bien voulu répondre à nos questions lors de son déplacement à Oran en préparation de l’inauguration d’une importante infrastructure du distributeur algérien Altruck Company. Même si une idée d’implantation industrielle en Algérie n’est pas à l’ordre du jour, il n’en demeure pas moins que Volvo Trucks est déterminé à renforcer sa place en Algérie en soutenant massivement son distributeur local, notamment en matière d’investissement dans le réseau de distribution et dans la professionnalisation du service après-vente.
Dans quel cadre s’inscrit votre visite aujourd’hui en Algérie ?
Mr. Jufors : L’Algérie est un marché très important pour nous et notre présence en Algérie n’est pas aussi forte qu’elle devrait l’être et nous voulons participer correctement au marché et augmenter notre présence. Nous sommes fortement intéressés par le marché algérien et c’est pour cela que je suis aujourd’hui ici avec la plus grande partie du comité exécutif de Volvo Trucks, à savoir le directeur général des affaires internationales de Volvo Trucks, le président chargé de la stratégie et de la planification, le directeur financier ainsi que les Countries Manager qui sont plus opérationnels sur le terrain.
Le débat bat son plein en Algérie sur l’industrie automobile locale. Seriez-vous parmi les constructeurs intéressés par une installation en Algérie ?
Dans un premier temps, il faut construire un marché et un parc Volvo en Algérie et c’est ce qu’on est en train de construire aujourd’hui à travers un réseau local et c’est pour cela que nous sommes là aujourd’hui, pour inaugurer une nouvelle succursale et un nouvel atelier. Il faut que nous construisions pour créer un réseau de service après-vente performant en parallèle avec un bon développement des ventes de camions. Par exemple, en Tunisie on a pas mal de fournisseurs de Volvo Trucks (sous-traitant) où règne un tissu industriel important qui fournit le groupe Volvo et Volvo Trucks.
Quels seront les principaux chantiers dans votre stratégie de développement en Algérie ?
On doit augmenter notre part de marché et notre business en Algérie et pour cela, il est clair qu’il faudra avoir un positionnement solide sur le marché avec le développement d’un réseau de service après-vente irréprochable et le renforcement de notre image pour consolider notre partenariat avec nos clients.
Pouvez-vous nous faire un tour d’horizon sur les ventes de Volvo Trucks dans le monde en 2010 ?
Nous avons eu une belle année 2010 sur presque l’ensemble des régions du monde. En Europe, on a eu certes un démarrage assez long au début de l’année dernière mais les choses se sont accélérées avec une prise de commande en nette progression et sur un laps de temps très court. Pour ce qui est de la région Amérique Latine, la progression a été très forte sur toute l’année. Quant à l’Amérique du Nord, nous sommes très confiants. Après des années difficiles, nous sommes aujourd’hui en nette progression. Sur le marché Asiatique, je dirais qu’on a une prise de commande stable sur l’ensemble de l’année, tandis qu’au Moyen-Orient, nous sommes bien positionnés et la courbe est toujours en hausse. Enfin, c’est dans les régions Afrique du Nord et Afrique du Sud que nous avons enregistré un bon développement des ventes.
L’année 2010 était synonyme d’évolution technologique en modèles et en services chez Volvo Trucks, pouvez-vous nous résumer les principales avancées de Volvo Trucks ?
En 2010, nous avons renouvelé notre gamme chantier FMX et nous avons introduit un nouveau camion dans la gamme des FM, en l’occurrence le FM11 destiné au transport sur le long courrier. Par ailleurs, un nouveau concept a été mis au point par les ingénieurs de Volvo Trucks, à savoir un camion qui fonctionne avec du Méthane, un procédé qui a comme principe l’injection de quelques pourcentages de diesel pour permettre au gaz de s’enflammer, donc on peut travailler avec un gain de pas moins de 30 % d’économie en carburant comparant au traditionnel moteur à gaz naturel. Cette pratique permet d’avoir un gain de distance important en roulage du fait que le gaz naturel devrait être comprimé et il faut souvent s’arrêter pour recharger. Je dirais que c’est une technologie unique. Cette technologie est déjà appliquée dans certains marchés et Volvo Trucks continuera à la développer et nous allons éventuellement l’étendre sur d’autres marchés.
Les marques asiatiques, notamment chinoises, affichent leur présence sur plusieurs marchés où vous êtes présents. Ne craignez-vous pas la concurrence de ces marques ?
Je dirais qu’aujourd’hui la concurrence asiatique n’est pas encore là. La raison est que nous évoluons dans une concurrence de niches premium où la demande est haute et la qualité de nos camions est très élevée avec une durabilité reconnue ainsi qu’une grosse valeur à la revente. Je dirais que les marques chinoises arrivent de très bas.
Par contre, si on étend notre vision sur le futur, il est clair qu’ils seront des concurrents dans le marché, bien sûr lorsqu’ils auront atteint un niveau technologique équivalent et au même standard que le nôtre, mais cela pèsera forcément sur le niveau de prix qui sera élevé. L’évolution de leur technologie aura comme résultats l’augmentation de leur coûts de revient.
En outre, il est utile de citer un autre point qui est important dans notre métier, celui du service après-vente. La question qui se pose avec acuité est que vont faire les marques chinoises par rapport au service après-vente spécialement s’ils ne produisent pas un produit de qualité, ce qui génère beaucoup plus de problèmes à l’après-vente.
Comment voyez-vous l’année 2011 ?
Je dirais que 2011 sera une année positive. Nous investissons énormément pour la mise sur le marché de nouveaux produits, beaucoup de produits seront lancés en 2011. Nous continuerons surtout d’investir dans l’extension de notre réseau après-vente, l’objectif est de servir nos clients mais aussi de nous rapprocher encore plus de ces derniers avec qui nous aurons une relation directe. C’est un concept très fort que nous déployons, une relation directe avec les clients dans une activité cyclique. Au cours du dernier cycle, nous avons beaucoup amélioré notre position dans les marchés. Dans tous les marchés où nous sommes présents, nos parts ont augmenté. On a travaillé dur sur les coûts de revient, nous avons un bon carnet de commandes et on est dans la majeure partie des marchés en pleine capacité de production.
Nous avons aujourd’hui développé la qualité qu’on n’a jamais eue sur nos produits, on a également des positions leader dans la satisfaction clients et ce sont là des actifs sur lesquels on construit pour l’avenir.