Jean-François Lamour a levé mardi l’ultime doute sur le retrait de sa candidature à la présidence de l’Agence mondiale antidopage (AMA), échaudé par la défiance de ses pairs et une vaine quête de soutiens, mais déterminé
à poursuivre la lutte
dans le cadre de l’Union européenne.
Jusqu’au bout, jusqu’à la conférence de presse convoquée mardi après-midi à l’Assemblée nationale, l’ex-ministre français des Sports a tenu à entretenir un semblant de suspense, à garder la maîtrise de sa sortie malgré l’anticipation de certains médias.
"J’ai décidé de démissionner de la vice-présidence de l’AMA et de retirer ma candidature", a expliqué M. Lamour lors d’une conférence de presse. "Plus que jamais je suis combatif mais qui dit être combatif dit être efficace et utile." "Je poursuivrai mon combat contre le dopage en dehors de l’AMA", a-t-il poursuivi, évoquant déjà la possibilité de participer à la création d’un "dispositif européen" parallèle sinon concurrent à l’AMA.
Après plusieurs années passées à se préparer à la succession de Dick Pound, président historique de l’AMA depuis 1999, Lamour, longtemps candidat unique et de consensus, jette donc l’éponge après seulement trois semaines d’une lutte inégale contre une opposition aussi soudaine qu’inattendue.
"Débrouillez-vous"
Le 22 septembre, en marge d’une réunion du Comité exécutif de l’AMA, les représentants des gouvernements ont voulu, par quatre voix contre une abstention, imposer à M. Lamour la tenue de primaires entre lui et un candidat de dernière minute, John Fahey, avant la Conférence mondiale antidopage de Madrid (15-17 novembre) durant laquelle doit se tenir l’élection.
Au delà de l’exigence démocratique arguée par les partisans de M. Fahey, un inconnu dans le milieu de l’antidopage, M. Lamour a immédiatement décelé dans cette adversité une opposition de fond à son ambition de lutter avec intransigeance contre le dopage. Au lendemain du camouflet, il insistait sur "l’importance d’une AMA forte et cohérente (...) à l’heure où le Code mondial va devenir d’une grande souplesse", sous-entendant que son adversaire n’était que l’instrument des tenants d’une ligne libérale, voire laxiste.
Que ce soit sur le plan philosophique ou juridique, Lamour n’a pas réussi à rallier grand monde autour de lui. Consulté sur le fond -l’avenir de l’AMA-, comme sur la légalité de la procédure des primaires, Dick Pound, président en exercice, a renvoyé à son vice-président une réponse sybilline. "Il m’a dit en somme +débrouillez-vous+", commente le Français.
Tout comme le Danois Mikkelsen, le représentant européen au Comité exécutif qui aurait pu, s’il s’était rallié à son ancien ami, faire capoter les primaires, mais n’a pas daigné répondre à ses demandes, sans doute mis sous pression par le camp anglo-saxon de l’AMA, initiateur de la candidature Fahey.