Le petit Coton Sport Garoua s’attaque au plus redoutable défi de sa jeune existence: renverser le meilleur club d’Afrique, Al-Ahly Le Caire, en finale retour de la Ligue des champions, dimanche, malgré la différence de classe entre les deux effectifs et le retard pris à l’aller (0-2).Avec la chaleur de la brousse à trois heures de l’après-midi, cumulée à celle d’un public venu des champs de coton environnant et des villes du Nord-Cameroun, Maroua ou Ngaoundéré, les «Cotonculteurs» croient à l’exploit.
Les deux effectifs sont incomparables, mais au football ce n’est pas toujours le plus fort qui gagne. Le Coton Sport s’appuie sur une mosaïque de jeunes joueurs venus des quatre coins de l’Afrique Noire, qui voient dans cet ambitieux club né en 1986 seulement, un tremplin pour une carrière en Europe. Si les Verts de Garoua sont privés de leur maître à jouer, le N.6 Ahmadou Ngomna, suspendu pour ce match, leurs autres atouts, le milieu offensif nigérien Daouda Kamilou, le buteur camerounais Ousmaïla Baba et le gardien nigérien Daouda Kassali -qui a évité le naufrage à l’aller- sont là.
Mais face à ces joueurs talentueux mais jeunes, Al-Ahly (national, en arabe) aligne une équipe très douée et fort expérimentée, avec de vraies stars africaines.
Les «Diables rouges» du Caire comptent sept «Pharaons», sept internationaux égyptiens, parmi lesquels Mohammed Abou Treika, considéré comme le meilleur joueur du continent, et double champion d’Afrique avec l’Egypte (CAN-2006 et 2008), mais aussi sur l’attaquant angolais Flavio Amado, mondialiste en 2006 et buteur à l’aller.

Aucun but encaissé à Garoua
L’expérience est sans commune mesure non plus. Al-Ahly concourt pour sa sixième C1 -il battrait alors le record de son grand rival, Zamalek Le Caire (5
C1)-, et dispute là sa quatrième finale de rang (victoire en 2005 et 2006, défaite en 2007), le Coton Sport joue seulement sa seconde finale continentale après celle de la Coupe de la CAF (Confédération africaine de football) en 2003, perdue contre le Raja Casablanca. Mais les Camerounais disposent de quelques atouts, plus ou moins rationnels, pour croire en leur rêve et aller disputer au Japon le Mondial des clubs. La ferveur du stade Roumdé Adjia (35.000 places) commence à se faire connaître sur tout le continent.
En sept matches de C1 2008, ils se sont imposés sept fois sans encaisser le moindre but (18 marqués)! Ils comptent également sur le respect qu’inspire en Afrique la geste du football camerounais et ses succès irrationnels, le plus connu d’entre eux restant ce quart de finale du Mondial-1990 disputé avec une équipe rassemblée au dernier moment par un sélectionneur complètement inconnu (le Russe Valeri Nepomniachi), animée par un buteur de 38 ans et vêtue de maillots floqués à la va-vite du Lion Indomptable. Le buteur de la légende, Roger Milla, sera justement dans les tribunes aujourd’hui...