L’Europe qui tremble. Pour son hégémonie et son dernier titre au parfum bien européen. A cent pour cent. Une finale entre Européens. En Europe. La page allemande serait-elle en passe d’être tournée ? Presque, même si cette Coupe du monde, africaine cette fois - on regrettera au passage que les représentants du contient noir ne confirment pas tout le bien qu’on pensait de leurfootball, avec le retour prématuré de deux ses chefs de file (Cameroun et Nigeria en plus du pays organisateur, l’Afrique du Sud qui n’aura fait qu’un tour pour laisser le soin aux autres d’animer une fête pour laquelle elle a énormément investi) -, qui démarre timidement ou tarde à nous faire rêver, n’a pas encore livré l’intégralité de ses premiers verdicts. Mais quelques indications tout de même avec cette même Europe, le vieux continent, qui prend, à l’appel de la dernière journée du premier tour, des rides supplémentaires. Prend un sérieux coup de vieux. Qui, comme l’Afrique, est en train de décevoir quand bien même les arguments ne manquent pas - c’est loin d’être joué - pour retourner la situation et répondre, comme en 2006, présent à l’appel du podium à l’occasion de la grande cérémonie de remise des prix du 11 juillet prochain, jour de la finale pour laquelle les candidats sont nombreux. Sauf qu’il sera difficile, pour beaucoup de favoris, d’éviter les pièges d’un premier tour de chauffe qui aura été fatal au finaliste de la dernière édition, la France, humiliée comme rarement. Qui coule corps et âme, quitte le pays de Mandela par la petite porte. Sur un air de scandale. Avec le bonnet d’âne (derniers de leur poule avec un petit point pour deux défaites et un nul). Non sans avoir défrayé la chronique, écrit une des plus sombres pages du football de l’Hexagone. Surclassés par les Bafana Bafana dans un match d’adieux où ils viennent de clore «une campagne pathétique dans le comportement comme dans le jeu», les Bleus du mauvais perdant Domenech ont frisé le ridicule, se livrant pieds et poings liés à une presse française déchaînée. Qui s’en donne à cœur joie pour les descendre en flammes, les tailler en pièces. Exige le bûcher pour une sélection qui a failli sur tous les plans. Un sacré coup de vieux aussi avec un champion du monde dans ses petits souliers. Qui peine à confirmer son rang, donne des soucis à ses supporters en entamant plus que laborieusement un tournoi où, comme de tradition, il se fait «petit.» Adopte un profil bas, se fait «oublier» en suggérant qu’il sera là au bon moment. Sauf que cette fois – les jeux ne sont néanmoins pas encore faits- les choses se présentent mal avec cette entame ouverte sur de mauvaises surprises. Dans un groupe «F» qu’on pensait largement à sa portée, l’Italie, championne du monde, déçoit et a toutes les raisons de craindre pour son titre après les deux médiocres nuls concédés à deux adversaires modestes en frôlant, à deux reprises, la correctionnelle avant de revenir au score la première fois sur une bévue monumentale du gardien adverse, la seconde sur un penalty tombé du ciel. Deux petits points, une équipe qui n’avance pas et des médias transalpins prêts à ruer dans les brancards. A descendre en flammes le «Trapp», son coach dont les choix tactiques sont contestés. Après son second, le champion du monde passera-t-il à la trappe ? L’Europe a de quoi s’inquiéter et, apparemment, les recettes italiennes ne font pas … recettes. Capello pour le confirmer avec une Angleterre venue pour casser la baraque et jouait toujours son avenir, avec le feu, dans un groupe «C» où un autre européen, le nouveau-né slovène, sauvait provisoirement la mise devant le couple algéro – américain qui disputait une petite finale pour le second tour hier. L’Espagne, championne d’Europe sortante, donnée gagnante à 100 contre un, peine également à confirmer son statut naissant de postulant N°1 à la couronne mondiale. Doit croiser les doigts. N’a presque plus son avenir en main. Comme le Portugal de Ronaldo toujours dans le doute malgré le feu d’artifice face à la Corée du Nord, l’Allemagne de Löw, qui a fait sensation avec des débuts en fanfare perçus comme un sérieux avertissement avant de caler face à une Serbie redistribuant les cartes dans un groupe «D» où le Ghana, une des rares satisfactions africaines (la Côte d’Ivoire est pratiquement éliminée et on ne savait pas encore, au moment où on rédigeait ces lignes, quel était l’avenir de l’Algérie) n’a pas, loin s’en faut, assuré son sésame. La Suisse en sursis, la Grèce déjà éliminée, restent les Pays Bas, seule sélection du vieux continent (avec deux succès et l’assurance d’être encore là) à émerger du lot. En attendant, l’Amérique du Sud fait un carton. Se met sur les rangs pour succéder à une Italie peu brillante. A une Europe à la peine. Le jeu continue, le monde tourne encore. Dans quel sens ?