Le football est avant tout un spectacle. Un spectacle c’est un tout. Que l’une de ses composantes fasse défaut et il en sera sérieusement altéré. Il va sans dire que sans public, ou sans arbitres, il ne peut y avoir de spectacle. Une règle qui s’étend bien évidemment à tous les sports.
Le huis clos est il vraiment la solution? Non, car priver le public de son spectacle ne réglera jamais rien. Plus, peut-être, que pour tout autre domaine. En sport, le public est même faiseur de spectacle. Il en est un acteur au même titre que les autres composantes. Rien n’est plus ennuyeux, ni plus démotivant pour un sportif que de devoir se produire devant des gradins déserts.
S’il y a un dopage à être légitime, légal et particulièrement apprécié, c’est bien "le dopage au public".Ils sont légion les athlètes qui ont été amenés à se surpasser, à se dépenser à fond pour réaliser de grandes performances ou battre des records quasi impossibles grâce au soutien du public. Une évidence (ou presque), c’est la qualité du spectacle qui commande l’affluence.
Autrement dit, un spectacle de qualité attire un nombreux public. Le contraire est également vrai.Mais, et quitte à passer pour un utopiste, ce public, en boudant les terrains, n’a-t-il pas sa part de responsabilité dans la crise du football, à son recul et sa décadence ? Par une telle attitude, ne contribue-t-il pas à ladite crise et même à la compliquer davantage? Nos plus grandes affiches de football ou supposées telles se déroulent aujourd’hui devant un public épars. Pire, bon nombre de ceux qui daignent faire le déplacement sont là pour se défouler (après s’être arrangés pour resquiller) sur les pratiquants pour les gratifier des injures les plus obscènes et les affubler de tous les noms d’oiseau. A telle enseigne que plus d’une équipe dans notre championnat enregistre de meilleurs résultats et signe une meilleure prestation quand elle est loin de ses bases et donc de "son" public "chéri". Eternel insatisfait ce fameux public qui généralement s’y connaît en football mieux que le meilleur des entraîneurs, et qui excelle virtuellement du moins, mieux que le meilleur des joueurs. C’est ce qui fait la force et la faiblesse de ce sport qu’est le football qui a malheureusement le mérite d’être compris de tous et de s’exposer à tous.
Son seul tort serait qu’il est à l’image du reste, mais cela personne ne semble vouloir le concevoir. On a une toute petite économie, un compte insignifiant, des taux effarants de malversations, de magouilles et de corruption, d’analphabétisme et autres incommodités. Mais quand c’est de foot qu’il s’agit, on le veut exemplaire, à 100% clean et au-dessus de tout soupçon.
W. A.