Remettre sur pied une sélection nationale ébranlée et complètement disloquée par les évènements qui avaient entouré les élections du nouveau bureau de la fédération algérienne de judo (FAJ), était l’ambition de Salima Souakri, nommée à la tête de l’équipe féminine, tant la tache paraissait impossible pour une débutante dans sa nouvelle carrière.
‘’Je ne pensais même pas aux résultats ni aux compétitions, mon seul souhait était de rassembler l’équipe dont les éléments la composant ne savaient pas où donner de la tête avec la situation houleuse’’ se rappelle Souakri qui a su, petit à petit, remettre de l’ordre dans la maison de l’équipe féminine.
Pour commencer, elle a du revoir tout, même la liste des sélectionnées. ‘’Le changement passait pour moi par une large revue des effectifs et c’est pour gagner la confiance de tous et celle des filles notamment, que j’ai organisé un stage de masse avec les trois premières de chaque catégories des championnats nationaux soit une quarantaine de participantes soumises à des tests physiques et techniques’’ raconte la surnommée 5eme mondiale, pour avoir raté d’un rien, les podium mondial et olympique à plusieurs reprises.
Les 14 filles sélectionnées à l’issue de ce stage étaient par la suite convoquées pour un stage de préparation aux championnats d’Afrique à l’Ile Maurice. Le regroupement a eu lieu à l’Institut national de Judo de Paris pendant deux semaines, ponctué par un tournoi avec les clubs français de première division.
La médaille par équipe enlevée par cette équipe, qui n’est pas encore au point, avait encouragé Souakri à aller de l’avant et continuer, avec l’apport de tout le staff technique, sa mission consistant à glaner des titres africains. La tache ne semblait pas aisée pour la troupe, même si certaines avaient déjà ‘’tiré’’ à ce niveau à l’image de Leila Latrous ou Rachida Ouardane. Mais il était dit que lors de ce continental, les protégées de Souakri, motivées à bloc par leur prestation aux Jeux Méditerranéens de Pescara où elles avaient obtenu 03 médailles de bronze et deux 5emes places, allaient surprendre tout le monde.
‘’Avant la compétition, j’avais axé mon travail sur le volet psychologique et mental, car je savais que c’était le point faible de cette équipe qu’il fallait vite remettre sur les tatamis’’ nous a précisé Souakri qui n’accordait pas beaucoup d’intérêt à l’aspect résultat technique.
Un stage d’une semaine à Staoueli avant le rendez-vous de l’Ile Maurice pour les filles dont chacune voulait relever le défi et prouver aussi qu’elles sont capables de mieux faire dans des conditions difficiles. Relever les défis est le propre de la femme algérienne et les judokates n’ont pas raté une nouvelle fois l’occasion de le confirmer en dominant la compétition et remportant 5 titres en individuel, un titre de vice-championne et une troisième place, le tout ponctué par la coupe d’Afrique des nations arrachée devant l’équipe tunisienne, donnée favorite.
Avec 4 victoires, un nul et deux défaites, la Tunisie, qui s’était pourtant illustrée à Pescara avec 5 médailles dont une en or, 3 en argent et une en bronze, était surclassée.
‘’Les filles ont été formidables et su comment gérer la compétition, match par match sans jamais paniquer’’ nous a indiqué Souakri soulignant que c’est là le meilleur résultats des filles de tous les temps.
‘’On n’a jamais réussi un tel score aux championnats d’Afrique’’ a-t-elle précisé, relevant que c’est ‘’un gros résultat qui nous pousse à toujours travailler pour ne pas perdre face à des formations pour lesquelles nous serons inévitablement une équipe à battre’’
Pour sa part, le Directeur Technique National, Nacer Ouarab, explique cette victoire par la volonté et le courage affichés par les filles et surtout Souakri qui a été à la hauteur des espoirs placés en elle par la fédération.
‘’En dépit de la perturbation qui avait secoué les équipes nationales, celle des filles a rempli son contrat aux championnats d’Afrique grâce au travail de Souakri qui a su comment rétablir l’ordre et la discipline avec une prise en charge de l’équipe sur le plan psychologique’’ a –t-il dit. L’année 2010 ne sera pas de tout repos pour les judokates algériennes qui auront à défendre leurs titres (individuel et par équipe) au mois de Mai au Cameroun et tenter de réaliser une bonne prestation au mondial, au Japon, au mois de Septembre. Un plan de préparation a été tracé et remis à la fédération dans l’espoir de son application afin de permettre à l’équipe de garder toutes ses chances, notamment, au niveau de la forme pour entamer dans les meilleurs conditions possibles ces joutes de haut niveau.
A long terme, l’équipe travaille pour qualifier le maximum d’athlètes aux Jeux Olympiques de 2012 à Londres et renouveler ses effectifs avec une porte grande ouverte pour toute judokate en mesure de défendre les couleurs nationales.
M. Z.