14e édition (4-18 mars 1984 en Côte d’Ivoire) : une séduisante équipe du Cameroun
La Côte d’Ivoire abrite la CAN de 1984, en remplacement du Malawi qui avait jeté l’éponge quelques mois après avoir été désigné par la CAF. Elle est à la hauteur de l’organisation. Les professionnels évoluant en Europe sont venus très nombreux renforcer les sélections. Deux ans auparavant, la CAF a, en effet, décidé de ne plus limiter à deux le nombre de « pros » dans chaque équipe. Le Malawi est le novice de la compétition. La sélection locale est sortie dès le premier tour. Le Cameroun et le Nigeria produisent un excellent football. Il n’est donc pas étonnant qu’on les retrouve à la dernière étape de la compétition. Leurs victimes en demi-finales sont deux sélections du Nord : Algérie et Égypte. Mais il a fallu recourir aux penalties, Nigeria-Égypte (2-2 et 8 à 7) et Cameroun-Algérie (0-0 et 5 à 4).
En finale, les autorités ivoiriennes ont décrété l’accès gratuit car le public depuis l’élimination des «Éléphants» a boudé les stades. Le duel Cameroun-Nigeria offre une belle affiche, les deux formations rivalisant d’efforts. Le métier et la classe des Bell, Milla, Ebongué, Abéga, Kundé et Cie auront raison de l’enthousiasme des Green Eagles (3-1). Le Cameroun, douze ans après son échec à domicile, s’impose avec une équipe dont on n’a pas fini de parler.
15e édition (7-21 mars 1986 en Égypte): l’Égypte remporte sa troisième victoire dans la douleur
Pour la troisième fois, l’Égypte accueille la compétition, douze ans après l’édition de 1974 qui lui a laissé un goût amer. En cette année de coupe du monde au Mexique, les deux représentants africains (Algérie et Maroc) au Mondial sont de la fête avec un lot d’habitués comme la Côte d’Ivoire, le Cameroun et la Zambie. Dix-huit ans après sa dernière participation en Éthiopie en 1968, le Sénégal est de retour avec sa vedette Bocandé qui est le meilleur buteur du championnat de France en cours. Le petit Poucet de la compétition est le Mozambique. Le 7 mars 1986, l’Égypte débute mal sa « CAN », elle plie face au Sénégal (0-1). Elle négocie mieux les deux autres matches de son groupe face à la Côte d’Ivoire (2-0) et au Mozambique (2-0). L’Algérie se liquéfie dans son groupe, elle ne remporte aucun match et disparaît d’entrée. Les demi-finales sont favorables au Cameroun face à la Côte d’Ivoire et à l’Égypte devant le Maroc sur le même score (1-0). En finale, l’Égypte qui a amélioré le niveau de son jeu se crée de multiples occasions sans les transformer. Les prolongations ne changent pas la donne. L’arbitre tunisien Bennaceur siffle la fin de la partie sur un score blanc. Dans l’épreuve des tirs au but, c’est l’égalité après la première série, chaque équipe en ayant transformé quatre. Dans la deuxième série, l’Égyptien Ashraf Kassem marque. Kana Biyick, chargé de la réplique, écrase son tir sur le poteau. L’Égypte remporte ainsi la CAN pour la troisième fois.
16e édition (13-27 mars 1988 au Maroc) : deuxième victoire sans panache pour le Cameroun
Cette compétition, d’abord prévue en Zambie, est finalement attribuée au Maroc. Elle est marquée par un maigre bilan en terme de buts inscrits : 23 réalisations en 16 matches ! Sept matches sur les douze du premier tour se terminent par des nuls (3 fois 0-0 et 4 fois 1-1). Pour certains, le football africain va dans la bonne direction, en revanche pour d’autres, avec ce jeu où l’accent est porté sur la défense, il est en train de perdre son âme. Les demi-finalistes qui sortent de ces matches sont le Cameroun, le Maroc, l’Algérie et le Nigeria. La finale sera la réplique de l’affiche de 1984. Le Nigeria et le Cameroun, qui ont respectivement sorti l’Algérie et le Maroc, s’affrontent. Le Cameroun est finaliste pour la troisième fois d’affilée et va s’adjuger le trophée grâce à un penalty transformé par son libero, Emmanuel Kundé. Les « lions indomptables » sont les champions de la «pénurie», ils n’ont marqué que quatre buts dans le tournoi et leur meilleur réalisateur, Milla, en a réussi deux. C’est la plus faible moyenne obtenue par un champion d’Afrique . « Le vainqueur a été le meilleur des médiocres », estime un chroniqueur.
17e édition (2 -16 mars 1990
en Algérie): l’Algérie enfin !
Dernier pays du Maghreb à accueillir la compétition, l’Algérie réussit une organisation d’un assez bon niveau. Seul problème : les relations difficiles entre l’Algérie et l’Égypte font que ce dernier pays a menacé jusqu’à la dernière minute de ne pas envoyer d’équipe avant de dépêcher une sélection hybride composée d’espoirs et de réservistes. Ce qui fausse l’esprit de la compétition dans le groupe A où elle perd tous ses matches contre l’Algérie, la Côte d’Ivoire et le Nigeria. Dans le stade d’Annaba et ses travées vides, le Cameroun, champion en titre et en route pour le Mondial italien, tombe de haut. Il est défait par le Sénégal (0-2) et la Zambie (0-1). Les champions d’Afrique complètement démotivés et sans leur maître à jouer Roger Milla, en préretraite dans un club de la Réunion, venu en simple touriste en Algérie, ne l’emportent que devant une équipe du Kenya sans consistance. Ils font leurs bagages dès la fin du premier tour. La voie est libre pour l’Algérie qui cartonne d’entrée le Nigeria (5-1) et annonce ses ambitions. Les Algériens, un peu inquiétés en demi-finale par les Sénégalais (2-1) qui n’y croient pas trop, retrouvent en finale les Nigérians tombeurs des Zambiens (2-0). Les 100 000 spectateurs qui se massent dans le stade du 5 juillet vont assister à un petit succès de l’Algérie (1-0) sur un but marqué par Chérif Oudjani, l’un des rares professionnels appelés par l’entraîneur Abdelhamid Kermali. Le football algérien gagne enfin un trophée qui manquait à son prestigieux palmarès marqué notamment par ses deux participations en Coupe du monde en 1982 et 1986.
18e édition (12-26 janvier 1992 au Sénégal) : les Éléphanteaux devenus grands
L’édition sénégalaise de la CAN marque une certaine rupture dans la formule de la compétition. Elle accueille un plus grand nombre d’équipes puisque les sélections admises à la phase finale sont au nombre de 12. Presque un pays africain sur quatre est convié à la fête continentale. Les villes de Dakar et Ziguinchor accueillent chacune deux groupes de trois équipes. Les trois grands de l’Afrique de l’ouest : Côte d ‘Ivoire, Ghana et Nigeria font le spectacle. Les représentants du Nord dont l’Algérie, tenant du titre, font piètre figure. Idem pour le pays organisateur, le Sénégal, éliminé en quarts de finale par le Cameroun (0-1).
Le Nigeria qui a montré de belles dispositions lors du premier tour est sorti en demi-finale par le Ghana, conduit par un excellent Abedi Pelé, qui ne pourra hélas jouer la finale à cause d’un carton jaune de trop infligé par l’arbitre tunisien Neji Jouini, en dépit des nombreuses interventions ghanéennes auprès de la CAF pour annuler la sanction. Pour la première fois, la Côte d’Ivoire, l’un des pays les plus fidèles de la CAN, accède à la finale sous la conduite d’un entraîneur local Yéo Martial. Ghanéens et Ivoiriens arrivent à la fin du temps réglementaire sur un score nul et blanc (0-0). Le suspense consécutif aux tirs au but est insoutenable. La série se termine à l’avantage des Ivoiriens par 11 à 10. La prophétie du président ivoirien, après la débâcle à domicile en 1984, se réalise. Il avait estimé que les Éléphanteaux allaient grandir. Son vœu est exaucé.