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Zico parle de son sejour dans le pays du «bosphore» |
«En Turquie, je peux vivre ma passion à fond» |
20 Août 2007 |
Arthur Antunes Coimbra, plus connu sous le nom de Zico, est l’un des internationaux brésiliens les plus populaires des années 70 et 80. Auteur de 52 buts en 72 sélections, le petit meneur de jeu a laissé une trace indélébile de son passage au sein de l’Equipe nationale. Ses exploits sur le terrain lui ont ainsi valu d’intégrer le club FIFA 100, une liste qui réunit les 125 meilleurs joueurs de tous les temps et dans laquelle on retrouve de grands noms comme Franz Beckenbauer, Bobby Charlton, Michel Platini ou encore Emilio Butragueno.
Le Pelé blanc s’apprête à entamer sa deuxième saison à la tête de Fenerbahçe. Bien décidé à s’engager sur le long terme avec le club d’Istanbul, l’ancien international brésilien n’a pas hésité à s’installer dans le Bosphore en compagnie de son épouse. Après avoir offert à Fernerbahçe son 17e titre de champion de Turquie l’an passé, Zico espère maintenant voir son équipe s’illustrer sur la scène continentale. Vainqueur (2-1) de la Süper Kupa , la Super Coupe de Turquie, aux dépens de Besiktas, le club de la capitale a débuté la saison sur les chapeaux de roues. Un départ en fanfare qu’il doit avant tout à ses stars, au premier rang desquelles Roberto Carlos, Stephen Appiah et Mateja Kezman. FIFA.com est allé à la rencontre de Zico pour en savoir plus sur la vie en Turquie, le football brésilien, les joueurs qu’il admire et ses ambitions personnelles.
Fifa.com : Pour votre première saison en Turquie, vous avez remporté un titre de champion et une Super Coupe. Quels sont vos objectifs cette année ?
Zico : Pour commencer, nous voulons aller le plus loin possible en Ligue des champion’s. Le club a consenti de gros efforts pour renforcer son effectif. Tous les postes sont désormais doublés, ce qui va me permettre d’offrir à tous mes joueurs des phases de récupération prolongées. C’est un grand progrès par rapport à la saison passée. Sur le plan national, nous sommes bien conscients qu’il ne sera pas facile de conserver notre titre, car Galatassaray, Besiktas et Trabzonspor nourrissent eux aussi de grandes ambitions. Toutefois, nous sommes tous parfaitement conscients de la confiance qui nous a été accordée par le club et nous allons tout faire pour ne pas décevoir ceux qui comptent sur nous.
Vous vivez ici votre troisième expérience en tant qu’entraîneur, après avoir dirigé les Kashima Antlers en 1994 puis l’équipe nationale japonaise de 2002 à 2006. Comment trouvez-vous la vie en Turquie ?
La principale différence entre les deux pays, c’est qu’ici, j’ai la chance de travailler au sein d’un club qui dispose d’excellentes infrastructures. Je peux donc me concentrer sur mon travail au quotidien avec les joueurs sans avoir à me soucier du reste. Au Japon, j’ai découvert le métier d’entraîneur. Ici, je peux vivre ma passion à fond.
On dirait que vous vous plaisez beaucoup à Istanbul. Parlez-vous déjà le turc ?
Non, c’est une langue très difficile. Lorsque je travaille avec mes joueurs, j’ai toujours un interprète à mes côtés. Notre relation est très importante, car il doit transmettre ma philosophie, ma motivation et mes idées à l’ensemble de l’équipe avec le même enthousiasme que moi. D’une certaine manière, nous devons parler le même langage !
Vous semblez très calme et détendu, assez loin de l’image que l’on se fait en général d’un entraîneur.
Tout dépend de la situation, mais le fait d’avoir connu une longue carrière en tant que joueur et d’avoir travaillé avec de nombreux entraîneurs m’a beaucoup apporté. Cela me permet de mieux répondre aux attentes des joueurs avec lesquels je suis amené à travailler. Je pense qu’une relation de confiance doit s’établir entre nous si nous voulons réussir ensemble. J’ai toujours du temps à leur consacrer. Mais, quand la situation l’exige, je n’hésite pas à prendre mes responsabilités, même si on dit souvent que je suis trop gentil avec eux (il sourit). En tant qu’entraîneur, la décision me revient toujours. Il faut que cela soit clair pour tout le monde.
Il n’est pas forcément facile de travailler au quotidien avec des joueurs au caractère bien trempé. Votre métier est-il stressant ?
Je gère facilement la pression. Et, de toute façon, ma femme m’a toujours interdit de ramener mes problèmes à la maison (rires). Quand je travaillais au Japon, je faisais régulièrement plus de 100 kilomètres en voiture pour me rendre au bureau. J’ai donc appris à gérer un certain nombre de problèmes au volant. Je suis seul, j’ai les idées au clair et il n’y a personne pour me déranger. Et même si les supporters sont particulièrement exubérants en Turquie, cela ne me gêne pas vraiment. Un jour ils vous adorent, le lendemain, ils vous détestent. Il faut apprendre à vivre avec.
Parlez-nous un peu de votre pays natal. Quel jugement portez-vous sur le football brésilien ?
Je suis un peu inquiet de voir que des joueurs de plus en plus jeunes quittent le Brésil pour aller tenter leur chance en Europe. Alexandre Pato n’a que 17 ans et il joue déjà pour l’AC Milan. J’espère qu’il pourra continuer à progresser là-bas. Le problème, c’est que les grands clubs veulent des résultats à court terme et les jeunes ont souvent besoin de temps pour exprimer toutes leurs qualités. Malheureusement, certains joueurs voient leurs rêves se briser sur cette dure réalité et ils rentrent au pays la tête basse après une première expérience manquée. Je crois que la situation actuelle n’est pas bonne pour le football brésilien.
A Fenerbahçe, vous travaillez pourtant avec six de vos compatriotes...
C’est là toute la différence entre nous et d’autres formations européennes. Nous avons fait appel à des joueurs expérimentés. Roberto Carlos va beaucoup nous apporter par son expérience. J’estime qu’entre 20 et 35 ans, un joueur est prêt pour évoluer à l’étranger.
Si vous pouviez recruter un autre joueur brésilien, lequel choisiriez-vous ?
Le Milanais Kaka : c’est un joueur capable de faire la différence à tout moment.
Revenons un peu sur votre passé de joueur et d’entraîneur. Quel est le match qui vous a le plus marqué ?
En tant que joueur, la finale de la Copa Libertadores 1981 a beaucoup compté. Je jouais pour Flamengo à l’époque et nous avions battu les Chiliens de Cobreloa 2:1 [n.d.r : sur un doublé de Zico]. C’était la victoire du beau jeu sur la force brute. En tant qu’entraîneur, je me souviens avec émotion de la finale de la Coupe d’Asie 2004 remportée avec le Japon. Personne n’aurait misé un centime sur nous lorsque nous avons rencontré la Chine en finale à Pékin et pourtant, c’est nous qui sommes sortis vainqueurs de cette confrontation. Cela reste mon plus beau succès à ce jour.
Cela fait maintenant quelques années que vous travaillez en tant qu’entraîneur avec une certaine réussite. Avez-vous un modèle ?
J’admire beaucoup Tele Santana [n.d.r : Santana a occupé le poste de sélectionneur national et entraîné divers clubs brésiliens avant de décéder le 21 avril 2006 à Belo Horizonte]. J’ai été très influencé par ses discours, dans lesquels il répétait souvent que le football est avant tout un art où l’agressivité n’a pas sa place. Au contraire, il insistait toujours sur la dimension ludique de ce sport.
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