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Abderahmane Mehdaoui, ex-entraineur national et champions du monde avec l’en militaire :
«Halilhodzic avait la chance d’avoir derrière lui un homme comme Raouraoua»
23 Juillet 2014

Technicien de grande valeur ayant roulé sa bosse dans plusieurs clubs huppés tels l’USMH, le NAHD, le WAT, le MCA et l’OMR club de ses débuts entre autres, l’ex-sélectionneur national Abderahmane Mehdaoui, champions du monde avec l’EN militaire, est le nouvel entraîneur du MC Saïda.

Il nous parle dans cet entretien de sa nouvelle équipe et nous donne son avis sur le parcours des Fennecs lors du Mondial 2014 au Brésil, qui vient de se terminer, et son point de vue sur le travail accompli par Vahid Halilhodzic, avec l’oeil du technicien. Connu pour sa gentillesse et en fin communicateur Mehdaoui se livre sans ambages à nos questions.

Dans quelles conditions se déroule la préparation d’intersaison avec votre nouvelle équipe ?

Je n’ai pas du tout à me plaindre de ce côté-là, tout se passe bien dans les meilleures conditions. Le groupe travaille bien et tout le monde est mobilisé pour réussir une bonne préparation. Sans quoi, on ne peut aspirer réaliser une saison à la hauteur des espérances des dirigeants et supporters du Mouloudia de Saïda.

Tout se passe bien donc pour ce stage que le MCS effectue à Ain-Temouchent?

Nous sommes en plein stage de préparation à Ain-Temouchent. Il a été programmé du 12 au 27 juillet. En cette 2e phase du stage, nous peaufinons l’aspect physique déjà entamé par un travail foncier important, essentiel dans toute préparation d’intersaison, et en même temps nous faisons un travail technico-tactique qui ne manque pas lui aussi d’importance. Des matches amicaux sont au programme, pour nous permettre de jauger du niveau de préparation atteint par le groupe et acquis jusque-là pour chacun de nos éléments.

Quels sont les objectifs qui vous ont été assignés par les dirigeants du MCS ?

Il est question en premier lieu de faire en sorte que le Mouloudia de Saïda ait son mot à dire dans ce championnat de ligue 2 et l’équipe doit-être capable de jouer les premiers rôles.

Nous voulons construire une bonne équipe, qui sera en mesure de tenir tête à n’importe quel adversaire. On verra par la suite et au fur et à mesure des rencontres de quelle manière les choses vont évoluer. Le plus important, c’est de disposer d’un groupe doté d’un bon état d’esprit, solidaire et ambitieux.

L’accession est-elle néanmoins la priorité du MCS cette saison ?

Il est un peu prématuré de le dire. Il ne faut pas mettre la charrue avant les boeufs. Chaque chose en son temps. Saïda est une ville qui aime le football. Cela se voit dès que les gens vous abordent ici. Mon message est clair dès le départ avec les joueurs.

Sérieux, discipline et travail sont mes exigences. Seul le terrain dira si mon équipe est capable de jouer l’accession ou pas. Ce qui est certain, c’est qu’on fera de notre mieux pour être à la hauteur des attentes du public saïdi afin de lui donner de la joie et du bonheur. On veut honorer l’accueillante et hospitalière ville de Saïda.

On a fait appel à vos service en tant qu’exsélectionneur national et l’un des meilleurs techniciens du pays pour emmener le MCS à bon port, n’est-ce-pas ?

Je suis à vrai dire très touché par l’accueil qui m’a été réservé à Saida. Je tiens vraiment à remercier vivement, les dirigeants du club avec à leur tête le président Bouarara, les supporters et toute la population de Saïda pour l’estime et le respect qu’ils me témoignent. Je suis déterminé à mettre en place une équipe conquérante et en mesure d’aller de l’avant. Je ne ménagerai aucun effort dans ce sens.

Pensez-vous avoir les joueurs et les moyens pour réaliser une bonne saison ?

Je suis satisfait de ce que j’ai sous la main et de ce qui a été mis à la disposition de l’équipe, en termes de moyens humains et matériels. Nous travaillons dans un bon environnement et dans de bonnes conditions.

Avec les membres de mon staff, avec Bachir Selloua comme entraîneur-adjoint et Ahmed Goumidi comme entraîneur des gardiens de but, nous veillons à appliquer minutieusement le programme de travail établi par nos soins. J’espère que les efforts fournis par nous tous seront récompensés durant la saison. Nos joueurs sont attentifs à nos conseils et se comportent positivement.

Nous misons sur des joueurs qui disposent de qualités certaines, qui ne demandent qu’à avoir la chance de s’exprimer. Nous misons sur l’esprit collectif et la force du groupe et non pas sur un nombre restreint d’individualités.

Passons à présent à l’EN. Votre avis sur le parcours réalisé par les Verts en Coupe du monde au Brésil ?

Même si ce que je vais dire parait un peu prétentieux de ma part, j’affirme que quand je vois la raclée donnée par l’Allemagne au Brésil, cette même Allemagne qui a dû recourir aux prolongations pour éliminer l’Algérie très difficilement, on peut avoir quelques regrets, parce qu’on aurait pu réaliser en fin de compte un meilleur parcours et pourquoi pas arriver en finale au même titre que les Allemands (?!)

C’est un peu aller vite en besogne, non ?

Non, mais c’est surtout pour dire que quand-on y croit vraiment, tout est possible en football et qu’il y a aussi la réalité du terrain. On est arrivé à un stade où il n’y a pas vraiment d’équipes fortes et d’équipes faibles, à proprement dit. Il n’y a que le football qui prime sur le rectangle vert.

On aurait dû avoir plus d’ambitions. Quand-on voit des équipes latinoaméricaines comme le Costa Rica ou le Chili par exemple qui ont présenté un super visage au Mondial, j’estime personnellement que l’EN avait les moyens d’aller plus loin.

Mais, l’objectif qui était de se qualifier au 2e tour a été atteint avec un beau visage présenté par l’Algérie, non ?

Oui, est c’est une très bonne chose pour le football algérien et l’EN. Vous savez, de tout temps, le football algérien a renfermé des joueurs de talents et de haut niveau, avec les Lalmas, Belloumi, Dahleb, Assad, Madjer, Dziri, Tasfaout, Saïb et beaucoup d’autres. Finalement, la pâte a toujours existé en Algérie. C’est seulement une question de prise en charge et d’ambitions qu’on doit avoir. Cette Coupe du monde est un tournoi de vérité. Le football restera universel, ce sont les tactiques qui changent.

La participation des Verts a-t-elle était positive à votre sens ?

Le visage qu’a présenté l’Algérie au monde entier, c’est qu’on pouvait compter avec cette équipe algérienne, qui a de l’avis de tous ceux qui ont suivi la Coupe du monde, présenté un visage radieux et séduisant. On a été quelque fois émerveillé par la production et par le jeu présenté par notre équipe. Je prends pour exemple, le match livré contre la Corée du Sud où l’EN nous a gratifié d’un spectacle de haute facture.

Selon vous, Vahid Halilhodzic est-il l’artisan de cette belle sélection ?

Je dirai qu’en tant que sélectionneur national, Vahid Halilhodzic a contribué à mettre en place une bonne et solide équipe nationale. Je dirai que cette EN était déjà bâtie depuis 2010. On a profité de notre potentiel et de l’expérience acquise au Mondial 2010, il ne faut pas oublier tout cela. Il faut dire que derrière de ce beau parcours et la belle image présentée par l’EN, il y a des dirigeants dévoués, qui ont été à la hauteur et qui n’ont pas cessé de se déployer pour le bien-être de la sélection.

La stratégie adoptée pour l’EN a été payante. Je ne parle pas seulement d’Halilhodzic, mais aussi et surtout du président de la fédération, Mohamed Raouraoua et les membres de son bureau fédéral. Cette réussite n’est donc pas l’oeuvre d’un seul homme, mais plutôt l’addition des efforts fournis par plusieurs personnes, qui ont, est-il utile de le rappeler, oeuvrer dans le même sens dans le seul intérêt de l’EN.

*Sur le plan tactique, il y a eu quand même la touche d’Halilhodzic ?

Sur le plan tactique, il y a eu tellement de changements de joueurs, que je ne peux pas dire s’il y a eu ou non la touche de l’entraîneur. De ce fait, à mon sens la seule véritable touche technique de Vahid a été l’intronisation de Carl Medjani, au poste de milieu de terrain récupérateur, lui qui est défenseur axial habituellement.

C’était un choix judicieux de la part du sélectionneur. Dans l’ensemble, c’est la tactique collective qui a primé ainsi que l’esprit de solidarité à toute épreuve du groupe. Les changements récurrents et nombreux des joueurs composant le onze national, prouve qu’à chaque fois, Halilhodzic n’était pas sûr de ses choix précédents. Généralement, un entraîneur change tout lorsque ça ne marche pas, comme il l’aurait souhaité. J’estime que cela a été le cas.

Pouvez-vous illustrer vos propos par un exemple ?

Regardez par exemple le match contre la Belgique que nous avons perdu bêtement. Vahid a été contraint d’apporter d’importants changements lors du match suivant face à la Corée du Sud, afin de provoquer le déclic souhaité et ainsi faire réagir l’EN positivement. Il a fait cela au mauvais moment, mais Dieu merci, ça a été positif.

*C’est-à-dire…au mauvais moment ?

Tout le monde est resté sur sa faim après le match perdu contre la Belgique, parce que nous avions bien les moyens et les arguments nécessaires au sein de l’effectif pour réussir un bien meilleur résultat. Il fallait oser et jouer l’offensive en optant pour un football total, afin de réussir de bonnes choses.

Contre la Belgique, on a comme respecté cet adversaire plus qu’il n’en fallait. On aurait dû plutôt jouer le jeu. Il fallait aussi être capable de jouer la deuxième mi-temps comme on l’a fait en première mi-temps où l’EN était bien en place. Il est difficile d’apporter d’importants changements en pleines compétition. Il faut bien réfléchir aux choses et faire les choix judicieux dès le premier match.

Vous semblez émettre quelques réserves sur les compétences d’Halilhodzic ?

Non, mais je dirais plutôt, qu’il commet lui aussi des erreurs. Par exemple, si vous vous souvenez bien, trois parmi les éléments qui ont joué et/ou brillé lors de cette Coupe du monde, étaient en ballotage ou carrément menacés de ne pas faire partie des 23 éléments qu’allait retenir Halilhodzic pour le Mondial. Il s’agit de Halliche, Belkalem, Yebda et Guedioura. Ce dernier n’a pas été retenu, les trois autres, si.

Cela a été décidé au tout dernier moment et pourtant Halliche a joué tous les matches, alors que Belkalem a été titularisé face à la Russie puis contre l’Allemagne. D’autres étaient dès le départ partants pour le Mondial mais ont peu ou pas du tout joué. Vous voyez bien que cela veut dire qu’il y avait une mauvaise estimation et évaluation de certains joueurs au départ.

L’entraîneur doit avoir des prévisions et détecter les choses à temps. Halilhodzic n’a donc à mon sens pas vu juste à chaque fois. Il a fait jouer Brahimi et Djabou contre la Corée du Sud, les Verts ont survolé le match. Pourtant, ils étaient sur le banc face aux Belges, alors que l’on s’attendait à leur titularisation.

Vous ne semblez pas tendre avec Halilhodzic ?

Certes, le résultat prime et lui donne raison. Mais, je pense qu’il a fait durant trois ans dans l’approximatif et nous a mené en bateau. Il a réussi parce qu’il y avait des hommes derrière et parce qu’il disposait de tous les moyens nécessaires, qu’aucun sélectionneur n’a eu avant lui. L’intérêt de la nation était en jeu. Les autorités du pays étaient bien présentes pour que l’EN ne manque de rien et présente le meilleur visage possible à la Coupe du monde.

Son départ est-il une perte pour l’EN selon vous ?

Vous savez, Halilhodzic s’est isolé par luimême. Il a joué la meilleure carte, celle des supporters. Mais, le fait de ne pas communiquer avec les autres, n’était pas de sa part une bonne chose, que ce soit avec la presse locale ou ses collègues algériens que sont les entraîneurs locaux, c’est dommage.

Cela dit, on ne peut pas le juger parce qu’on ne connait pas vraiment sa conception, ni sa méthode de travail puisqu’il ne communiquait pas. Il a eu la chance d’avoir un président comme Raouraoua qui l’a soutenu contre vents et marées. Pour moi, les joueurs ont eu une grande part de réussite qui s’est répercutée sur l’équipe.

L’EN a présenté deux visages complètement différents, l’un contre la Belgique, l’autre face à la Corée du Sud. Comment juger le sélectionneur ? Je dirai que nous avons eu deux Halilhodzic, celui des matches face au Burkina Faso et à la Belgique et celui des matches contre la Corée du Sud, la Russie et l’Allemagne. Lorsqu’il prend soin d’écouter les critiques constructives, cela l’aide bien dans sa mission, contrairement à lorsqu’il n’en fait qu’à sa tête.

Que pensez-vous du choix de Christian Gourcuff qui lui succède ?

Celui qui arrive doit faire mieux que celui qui part. Vahid a laissé à Gourcuff une équipe performante et des joueurs performants. Cela dépendra de son approche, de sa pédagogie et de sa façon de procéder avec le groupe. Mais, je dirai qu’il s’agit d’un entraîneur ayant fait ses preuves en ligue 1 française, réputé pour ses compétences et auquel on souhaite pleine réussite avec les Verts. Il dispose de tous les moyens et de joueurs de qualité. Il a tout ce qu’il faut pour réussir.

Par : YOUCEF ZAKARIA

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