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Chaâbane Merzekane, ancien international et entraineur
"Si l’EN ose et fait le jeu, elle est capable du meilleur au Brésil"
4 Juin 2014

Qui ne le connait pas ? Il fut un arrière latéral hors-pair, un défenseur de charme. Rugueux défensivement, très technique et à la chevauchée légendaire, bon sur l’homme, intelligent dans son placement, il était à son époque l’un des meilleurs au monde à son poste.

Très offensif dans son jeu, ses coups de ciseaux pour dégager les balles chaudes et ainsi libérer sa défense soulevaient l’admiration du public. Fidèle au Nasr Hussein-Dey qu’il a servi des années durant, il a fait partie de la mythique EN-82. Il a fait aussi un passage à l’ex-DNC et au MCA. Reconverti au métier d’entraîneur depuis 1989, il a entraîné, depuis, de nombreux clubs.

Il ne s’est aussi jamais détourné de la formation et aime servir au niveau des jeunes catégories. Merzekane est aussi consultant à la radio et à la télévision où il se montre aussi talentueux que lorsqu’il était joueur. Toujours actif, il est resté cet homme de conviction et de terrain, dont le souci est de se mettre au service de la nouvelle génération de footballeurs, auxquels il veut transmettre tout ce qu’il a appris durant sa longue et riche carrière, qui lui a permis d’inscrire en lettres d’or son nom dans l’histoire du football algérien.

Il a bien voulu répondre courtoisement à nos questions en rapport avec ses activités actuelles et l’actualité du football, notamment le volet lié à l’EN avec sa participation au Mondial-2014 au Brésil.

Midi Libre : Parlez-nous un peu de ce que vous faites en ce moment ?

Chaâbane Merzekane : Je suis à la tête d’une association sportive la "Children’s-ball Hussein-Dey’’ qui draine des dizaines de jeunes enfants à la pratique du football et dont l’âge oscille entre 5 et 11 ans.

Nous oeuvrons à instaurer une compétition du football à 7, qui se joue sur un terrain réduit pour cette catégorie d’âge, comme cela se fait ailleurs, dans des pays où le football est de haut niveau. Nous avons organisé des tournois avec ces enfants au complexe Bensiam durant les vacances passées, qui ont reçu l’approbation de tous et qui ont connu un véritable succès chez les gosses.

Pourquoi le football à 7 spécialement ?

Parce qu’il permet aux jeunes enfants qui aiment le football, d’apprendre les rudiments de ce sport, en ayant la possibilité de jouer au football en s’exprimant librement et instinctivement, pour y prendre plaisir d’abord. C’est une bonne chose pour leur épanouissement.

Comme ça se joue sur un terrain réduit et donc plus petit, cela nous permet d’inculquer aux enfants plusieurs aspects importants qui ont toute leur importance dans leur formation : la manipulation du ballon, la maîtrise du geste technique, la passe, le dribble, les bons reflexes, etc. A cet âge, ils apprennent et retiennent rapidement et plus facilement ce que l’on veut leur inculquer. Si l’on s’y prend à un âge plus avancé et à l’adolescence, ils sont moins attentifs et moins réceptifs. Le football peut se pratiquer dès l’âge de 5 ans. Des spécialistes dans le domaine l’ont prouvé.

Vous parlez d’enfants et non pas de jeunes footballeurs, pourquoi ?

Tout simplement parce que notre association, qui compte bien plus de 100 enfants, accueille tout le monde. Ceux qui veulent jouer au foot quel que soit leur niveau. On ne prend pas que ceux qui ont des qualités que l’on repère dès leur jeune âge, mais aussi tous ceux qui veulent jouer tout simplement. Il est évident que nous participons activement à la formation de ces gamins dont certains pourront évidemment faire carrière par la suite.

C’est aussi un moment convivial pour tous ses enfants qui en dehors de l’école disposent d’un endroit où se défouler et où pratiquer le sport qu’ils aiment. Un footballeur, c’est autre chose. On le devient au fur et à mesure de sa formation. Il y a un aspect social, éducatif et pédagogique que l’on prend en compte pour ses jeunes pratiquants du football.

Y a-t-il de la pâte, comme on dit, parmi les enfants de la Children’s-ball Hussein-Dey ?

Ah oui ! Il y a des enfants qui ont des prédispositions techniques et nos quartiers regorgent de jeunes talents auxquels il faut seulement prêter attention et prendre en charge à temps.

Personnellement, cela me réjouit et m’apporte un bien-être personnel de m’occuper de la formation et d’exercer mon métier d’entraîneur et d’éducateur auprès de ces enfants auxquels l’avenir appartient. S’impliquer et semer dès aujourd’hui pour servir notre jeunesse et récolter à l’avenir le fruit d’un travail de fond, pour contribuer à son épanouissement, reste l’un de mes leitmotive.

J’ai gagné des titres en tant qu’entraîneur avec les jeunes catégories du NAHD par le passé et j’ai formé de nombreux jeunes joueurs qui ont émergé par la suite, comme les Salmi, Meghraoui, Bendebka et autres que j’ai eu petits chez moi. Cela procure au plus profond de soi, un bon sentiment d’avoir accompli sa mission.

Vous êtes, aussi, un consultant de football dans différents médias, apprécié de surcroît à travers vos analyses et votre vision des choses…

Vous savez, le football a été toute ma vie et lors de notre formation de footballeur dans les différentes catégories par le passé, on nous inculquait aussi l’importance de savoir communiquer avec les médias. J’ai retenu énormément de choses qui m’ont servi et qui me servent encore depuis que j’ai mis un terme à ma carrière.

Aussi, je ne cesse de me former dans le domaine du football. J’ai obtenu de nombreux diplômes, 8 au total. Pour les plus relevés, je dis que je suis détenteur de celui d’éducateur sportif obtenu à l’Ecole nationale des sciences et technologies du sport, j’ai le 3e degré d’entraîneur et je dispose de la licence CAF.

Mon vécu dans le football et ma reconversion au métier d’entraîneur depuis 1989, en plus de tout ce qui m’a été inculqué dans ma carrière me permettent aujourd’hui d’intégrer naturellement le milieu des médias et d’avoir le bagage qui m’aide à avoir cette capacité d’analyse, en ayant les arguments nécessaires pour développer mes idées et donner mon avis.

Que ce soit sur le terrain, à la radio comme à la télévision, on constate chez vous la même aisance…

Merci. J’anime à la Chaîne 3 des émissions avec mon ami Maâmar Djebbour et je suis aussi consultant sur la nouvelle chaîne KBC de vos confrères d’El-Khabar. Cela me plaît bien. Mon vécu n’y est pas étranger.

Votre sentiment après l’accession du NAHD, votre club de toujours ?

En tant que nahdiste, je ne peux que m’en réjouir et féliciter le NAHD, ses dirigeants, le staff technique, les joueurs et les supporters pour avoir remis le Nasria à sa véritable place au sein de l’élite du football national. Cela n’a pas été facile, surtout que l’équipe a évolué à l’extérieur durant toute la saison, puisqu’elle ne joue pas à Hussein-Dey mais à Bélouizdad, fief du CRB.

Seulement, j’espère que les responsables du club vont faire le nécessaire pour que le NAHD ne rétrograde plus et ne fasse plus l’ascenseur, qui est devenu comme une mauvaise habitude. Je dis aussi que le Nasria doit revenir à la formation, en accordant aux jeunes catégories l’importance nécessaire pour lui assurer un bel avenir. Surtout qu’avec le complexe Bensiam totalement rénové et modernisé, on peut y effectuer beaucoup de bonnes choses avec les jeunes.

Les dirigeants du Nasria vous ont-ils sollicité pour une quelconque mission ?

Non, mais il faut savoir que je ne suis pas du genre à quémander des services.

Oui mais on a l’impression qu’au Nasria, les anciens joueurs sont comme marginalisés et ignorés, non ?

Je ne prends pas les choses de cette manière. Il ne suffit pas d’être un ancien joueur pour prétendre occuper un poste dans son ancien club, surtout à l’ère du professionnalisme. Il faut avoir le bagage et la formation nécessaire d’abord.

Ensuite, il revient aux responsables du club de faire appel à tel ou tel. En ce qui me concerne, je peux me vanter d’être un pur nahdiste et un Husseindéen pur. Hussein-Dey est mon quartier et celui de mon enfance. Je suis un entraîneur disposant de tous les diplômes nécessaires et donc disposé à travailler n’importe où, si l’on fait appel à mes services et que j’accepte. Voilà ce que j’ai à dire sur la question.

Il y a de nombreuses années que vous faites appel - vainement - aux plus hautes autorités du pays pour la construction d’un vrai stade moderne au niveau du Caroubier pour le NAHD…

Vous me donnez-là une bonne occasion de déplorer cet état de fait, qui reste à mon sens inexplicable. Le NAHD est un grand club formateur qui a enfanté la crème du football national des années durant.

Le Nasria ne mérite-t-il pas d’avoir un stade digne de ce nom dans sa commune, comme tous les autres clubs ?! Le centre sportif du Caroubier qui appartient à la commune d’Hussein-Dey offre pourtant un cadre idéal pour cela.

Il est spacieux et un stade de football de 25.000 avec une structure moderne, conviendrait parfaitement au Nasria. Il est éloigné du centre-ville, on peut y disposer d’un parking pour le stationnement et avoir au moins un terrain annexe d’entraînement, en dotant l’infrastructure de toutes les commodités nécessaires. Si je vois bien, le NAHD n’aura jamais son stade…

Apparemment pas au Caroubier avec le "big" projet d’un complexe omnisports initié par la tutelle et les autorités…

Je m’interroge sur l’utilité de ce complexe omnisports, même si je tiens à préciser que je ne suis pas contre les autres disciplines, bien au contraire. On n’a pas pris la bonne décision, je le dis haut et fort à qui veut bien m’entendre. Hussein-Dey doit avoir son stade ! On évoque le fait que le Nasria pourra évoluer au stade du 20- Août ou au nouveau stade de Baraki Ce n’est pas normal.

Le NAHD, c’est l’équipe d’Hussein-Dey et non pas de Baraki ou de Bélouizdad. Si les supporters du Nasria n’affluent pas au stade lorsque leur équipe joue, soi-disant à domicile, c’est pour la simple raison qu’ils veulent la voir jouer chez elle à Hussein-Dey.

Mes propres enfants aiment le NAHD, pensez-vous que je les laisserai aller jusqu’à Baraki ou au 20-Août pour assister au match de leur équipe favorite ? Non. Mais si s’était juste à côté dans notre quartier, je n’aurai pas trouvé d’inconvénient. Je parle de l’aîné des garçons, Mohamed, parce que mon dernier, Karim, est encore trop petit pour aller seul au stade.

La transition est bien trouvée… vos deux garçons jouent au foot, l’aîné à l’IRHD et le petit chez vous au Children’s-ball Hussein- Dey. Pourquoi pas au NAHD ?

C’est mieux pour eux parce que leur père porte un nom, je le dis en toute modestie. Et personnellement, je préfère les laisser s’épanouir sans qu’ils ne soient influencés par le nom de leur père.

Comme on habite Hussein-Dey, c’est mieux ainsi. Mon aîné Mohamed, qui a 17 ans à présent, se plaît à l’IRHD, qui est un club formateur et discret. Il évolue au poste de latéral droit et de libéro aussi. Il a joué en seniors les deux derniers matches de la saison.

C’est bien pour lui à cet âge-là. Il progresse bien. Le petit Karim, qui a 4 ans et demi, pratique le foot à la Children’s-ball Hussein- Dey sous ma coupe. Je tiens à saluer l’aînée de mes enfants, ma fille qui passe son bac cette année et que j’adore autant que mes deux garçons.

Passons à l’EN. Que pensez-vous de sa production face à l’Arménie ?

Il est difficile d’émettre un avis sur un match face à un tel adversaire de niveau très modeste à mon sens. On ne peut évaluer la vraie valeur de l’équipe dans ces conditions. Voyez par exemple le Cameroun qui a joué en amical un gros calibre comme l’Allemagne. Cela lui permet d’être déjà mentalement dans l’esprit de la Coupe du monde. Il aurait fallu à mon avis jouer un meilleur calibre que l’Arménie. D’autres sélections africaines l’ont fait, pourquoi pas nous ?

Néanmoins, avez-vous été séduit par certains joueurs ?

Ce qui est certain, c’est que l’EN dispose d’éléments de qualité, qui mis dans les meilleures conditions tactiques et de jeu, peuvent faire de bonnes choses. Un gars comme Mahrez a d’énormes qualités et je l’ai dit bien avant pour l’avoir vu jouer.

C’est un excellent technicien et dribbleur en enchaînant les mouvements en pleine course. Il est percutant. Son arrivée ne peut que faire du bien à l’EN. Il y a d’autres bons joueurs comme Brahimi, Feghouli et autres, mais c’est le collectif qui compte.

Croyez-vous l’EN capable de réussir un bon Mondial au Brésil ?

Vous savez, à mes yeux notre équipe nationale demeure imprévisible. De mon point de vue, il faudrait que le sélectionneur national opte pour une option tactique basée sur l’offensive et attrayante, avec des joueurs capables de faire le jeu et la différence.

Contrairement à ce que pensent certains, pour moi, Halilhodzic ne privilégie pas un jeu carrément porté vers l’offensive, malgré les apparences. Ses options tactiques prouvent mes dires. Il faudrait oser plus et jouer carrément le jeu, surtout, éviter de le subir.

Notamment face à des équipes comme la Belgique. Sinon, on risque de le payer cher. Si l’EN ose, elle est capable du meilleur. Ça ne sera pas facile, mais mentalement les gars doivent être bien armés et solidaires entre eux. Des joueurs comme Djabou, Slimani, Mahrez et autres peuvent faire beaucoup de choses sur le terrain.

Que pensez-vous des choix de Vahid Halilhodzic qui n’a pas retenu Doukha et Guedioura dans la liste des 23 pour la Coupe du monde ?

Pour moi, Doukha méritait de faire partie du trio des gardiens de but, au vu de la très bonne saison qu’il a réalisée. Il a été meilleur que Cédric.

Cela dit, le sélectionneur doit avoir ses raisons et le dernier mot lui revient. Pour ce qui est de Guedioura, j’estime qu’il a été bon durant les 60 minutes jouées face à l’Arménie. C’est un bon joueur, qui malheureusement a très peu joué durant la phase retour avec son nouveau club, Crystal Palace. C’est dommage pour lui.

Pensez-vous que d’autres joueurs comme Kadir, Boudebouz, Belfodil et autres pouvaient prétendre être du voyage au pays de la samba ?

Je préfère ne pas aborder le sujet en évoquant le cas de chacun de ces joueurs. Je parlerai de l’attaquant usmiste Ferhat qui, à mon sens, devait faire partie des 23. Il dispose de toutes les qualités physiques, technico-tactiques et mentales pour faire partie du groupe en partance pour le Brésil. Il ne faut pas oublier qu’il est champion d’Algérie avec l’USMA, en ayant réalisé une superbe saison, de l’avis de nombre d’observateurs avisés.

Confiant en l’EN ?

On ne peut que souhaiter plein succès aux Verts. Tout le monde est derrière eux, parce qu’il s’agit de l’Algérie. Je ne terminerai pas sans dire, qu’il faudra absolument être capable de former des joueurs de qualité chez nous et ne pas attendre que la France le fasse pour nous. Parce que la grande majorité de nos capés ont été formés dans ce pays et sont pour la plupart des binationaux.

Par : YOUCEF ZAKARIA

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