Le Brésil n’est plus là. La tactique prônée par son entraîneur Dunga et tous ses staffs dégommés depuis est passée par là. L’Argentine, menée par un Maradona en apprentissage du banc, n’a pu faire mieux malgré un effectif à faire rêver. L’Allemagne, tout comme la Hollande, y sont pour beaucoup. Résultat, dimanche, pour l’apothéose, Johannesburg marquera une étape importante dans l’histoire du Mondial avec une finale à cent pour cent européenne. Comme en 2006, en Allemagne. Sur le continent européen. Où est la nouveauté nous dira-t-on ? Tout simplement parce que l’Amérique du Sud, qui a réussi une sorte de grand chelem en plaçant pas moins de quatre représentants en huitièmes de finale (Argentine, Uruguay, Paraguay et Brésil), n’y sera pas. Sera la grande absente. Comme en 2006 en Allemagne. Un clash qui n’est pas dû au hasard, avec la chute, de très haut, de ses deux valeurs les plus sûres, l’Argentine, dominée par l’inévitable Allemagne, et le Brésil sorti à la régulière par une Hollande devenue le cauchemar de ce continent après avoir assuré une présence finale. En disposant, à l’usure mais le talent individuel et collectif en prime ajouté à une forte dose de réalisme, et donc fort logiquement, d’un teigneux onze uruguayen qui finira par baisser pavillon sous les coups de boutoir incessants d’attaquants hors du commun. A l’image d’un Sneijder postulant pour le titre de meilleur joueur du monde et que le Real Madrid doit sûrement regretter, du revenant Robben montant en puissance, Van Persie, Van Bommel dont le but imparable doit figurer comme le meilleur de l’édition. Les Pays- Bas cauchemar de tout un continent. Depuis mardi soir et cette première demi-finale où il aura fait preuve de réussite et de maîtrise collective, le onze batave est entré par la grande porte dans l’histoire de la Coupe du monde en barrant la route à une Amérique du Sud, le Brésil en tête, pourtant bien parti pour placer la barre très haut. Pour d’autres records. Au coup d’envoi de ce Mondial africain, le 10 juin dernier, dans la passion et l’allégresse que l’on sait, jamais (rappelaient, fort à propos d’ailleurs, les amateurs de statistiques) une Coupe du monde disputée hors de l’Europe n’a échappé à une équipe sud-américaine. 2010, pour bien des raisons (les bookmakers peuvent bien se tromper n’est-ce pas ?) ne devait pas échapper à la règle, avec, dès la fin du premier tour, une tendance assez nette pour la confirmation, les représentants issus de ce continent s’étant montrés les plus convaincants d’un début de tournoi dans les prévisions. Une tendance très nette pour ne pas miser gros sur l’Argentine, qui réalise le carton plein en survolant sa poule, l’Uruguay et le Paraguay qui l’imitent bien en sortant en tête des leurs avec comme malheureux adversaires deux grosses cylindrées européennes et non moins championnes et vice-championnes du monde en titre (l’Italie et la France renvoyées à la maison comme de vulgaires débutants), le Chili et le Brésil, qui n’ont pas éprouvé tellement de peine à les suivre en réalisant l’essentiel. Une qualification en huitièmes assez convaincante pour ne pas remonter dans le temps. Se rappeler le score de 1990 et la version italienne où l’AmSud mettra d’accord le reste du monde sur ses immenses potentialités. Vingt ans plus tard, on reprend les mêmes et on recommence. Avec le reste des continents qui font plus ou moins pâle figure. Pâles, à l’exception de celles ghanéennes, les stars africaines le seront une nouvelle fois en ratant le premier Mondial joué sur leurs terres. Bilan globalement négatif et des ambitions remisées au placard, des espoirs remis (à quand ?) à d’autres rendez-vous. L’Afrique, toujours en apprentissage, manque d’arguments tactiques, de ces détails qui font les grandes équipes (n’est-ce pas Ghana ?) pour espérer figurer dans la cour des grands ou contester l’hégémonie du tandem Amérique du Sud- Europe qui se partagent les rôles de favoris. L’Amérique du Sud évincée, l’Europe qu’on pensait vieillie en prenant quelques rides au premier tour avec le lâchage en règle de l’Italie et de la France revenues chez elles par la petite porte, et qui rajeunit subitement avec la triplette Allemagne- Espagne-Hollande, cette dernière se chargeant de réécrire doublement l’histoire en privant le Brésil non seulement d’une sixième étoile mais également d’un incroyable exploit : celui de devenir la seule équipe, et pour très longtemps, à remporter la Coupe du monde sur tous les continents avec cette aubaine, l’édition africaine qui faisait déjà figure de première. La Hollande, qui permet finalement à l’Europe de briller, enfonce le clou, lors de la première demi-finale, en sortant le dernier sud-américain encore en lice. Pour signer sa troisième finale de l’histoire après celles perdues en Allemagne (74) et en Argentine (78). Coup double parce que, et l’histoire retiendra, elle privera grâce à cette belle victoire (3-1 contre une Uruguay qui aura chèrement vendu sa peau avant de craquer) l’AmSud de confirmer l’adage qu’en dehors de son football, le Vieux Continent n’avait aucune chance de l’emporter en dehors de… l’Europe. Cette Coupe du monde africaine, où l’Afrique a joué petit et déçu, aura servi à confirmer que le football restera fidèle à ses charmes. A la logique qui veut qu’il n’y a point de logique. Un football en perpétuel mouvement. Comme ce cuir qui ne cessera jamais de rebondir, de cette hiérarchie sans cesse remise en cause à ses sommets et, finalement, de cette mondialisation qui semble ignorer le continent noir heureux néanmoins d’accueillir dans son jardin toutes ses stars qui ont éclairé du haut de leur éclat des cieux pas toujours cléments. Pour les raisons que l’on sait. Dont il faudra reparler.