Espagne- Allemagne. C’est ce soir. Le monde retient son souffle à l’occasion d’un sommet inédit comme seul le Mondial peut nous en servir. Inédit parce que l’Espagne, en progrès constants, frappe pour la première fois de son histoire aux portes de la finale. Peut enfin penser au titre suprême après avoir assuré (une première pour un football qui fait courir les stars du monde entier pour s’offrir un des plus prestigieux championnats interclubs de la planète) une place dans le carré d’as. Espagne-Allemagne, le football champagne, fait art, spectacle, contre le football de la gagne, fait sport d’hommes, engagement et réalisme. Un match à suivre. Qui supporter ? Depuis le début du tournoi, la Mannschaft déroule et monte en puissance. A réponse à tout. Se donne les arguments, tellement convaincants, de terminer la dure ascension du sommet du monde dont l’épilogue est prévu pour dimanche prochain, le 11 juillet. Avec un onze renversant tout sur son passage, il doit toutefois oublier les corrections infligées à deux monstres sacrés, deux super-favoris, et élever encore plus le niveau pour se défaire d’un adversaire ibérique prévenu. Sait à qui il a affaire avant d’entrer sur le terrain de Durban pour relever un sérieux défi. Une dure bataille où il s’agira, pour lui également, d’oublier la fameuse finale de l’Euro 2008 disputée à Vienne et remportée sur la plus petite des marges (1-0). En se préparant à un combat de tous les instants, une très forte résistance maintenant que le rapport de forces n’est plus le même. A changé au profit d’une Allemagne dévastatrice. Sans pitié quand il s’agit de détruire les réputations (n’est-ce pas Angleterre et Argentine ?) des grands. Un duel épique ou la finale avant l’heure. Rêvée. Mais une Espagne bien présente et qui arrive là où on l’attendait. Qui joue gros sans trop se mettre la pression même si le double objectif- au-delà d’un premier sacre, il y a ce fabuleux doublé que seules la RFA (tiens, tiens !) et la France ont réussi (Euro puis Mondial pour les Allemands de l’Ouest, le contraire pour les Français)- fait tourner la tête. Alors ? Les Espagnols, sans se montrer brillants jusque-là mais bien dans leurs plans, se suffiraient bien d’un petit succès et d’un remake de la finale de Vienne. Pour montrer qu’en football, il n’y a pas de vérité. Et encore moins de certitudes. Qu’un match ne ressemble jamais à un autre. Que l’Allemagne de l’Argentine ou de l’Angleterre peut tomber de haut. Accoucher de la même déception que face à la non moins décevante Serbie (défaite 0-1) avant d’éprouver d’énormes difficultés pour mettre à la raison de scintillantes stars ghanéennes. Le Ghana. On y revient. Inévitablement. La fierté du continent africain qui rate son Mondial aux portes d’un bel exploit. Le Ghana. C’est aussi sa plus grosse désillusion. Pour avoir manqué de lucidité et de concentration à un moment fatidique. Finalement éclipsée par l’Uruguay (1-1, 2-4 t.a.b.) en quarts de finale après avoir manqué de peu l’occasion d’être la première sélection africaine à atteindre le dernier carré d’un Mondial. Les Black Stars ont été célébrés en héros dans leur pays. Ceux qu’on avait surnommés les «Africans lasts stars», qui ont perdu à la roulette russe, sur un penalty renvoyé par la transversale, le droit de disputer la première demi-finale dans le premier Mondial africain, renvoient néanmoins le continent à ses échecs. Un continent qui fait du surplace. Présente, à nouveau, un bilan mitigé, voire médiocre. Pas de progrès notables donc. Malgré les attentes suscitées par la présence record (six) de représentants. Un Ghana inconstant mais au parcours suffisamment pimenté pour nous enflammer. Un espoir qui n’aura duré que le temps d’un quart de finale de rêve perdu au petit bonheur la chance. «Une barre transversale qui aura suffi pour faire de la première Coupe du monde organisée en Afrique un échec pour les équipes du continent», tranchent les analystes. Si l’on n’oubliera pas de sitôt le tir au but raté du malheureux et inconsolable Asamoah Gyan, on peut toutefois regretter que ni l’Algérie (plus gravement avec zéro but inscrit), ni le Cameroun ou le Nigeria n’ont pu aligner le moindre succès. Que la Côte d’Ivoire et l’Afrique du Sud (sur ses terres et devant son public) sont sortis du premier tour sans avoir rien montré. Que le Ghana, seul éclair dans une immense grisaille, a beaucoup à apprendre pour espérer s’imposer en grand. Jouer véritablement dans la cour des grands. Comment expliquer ce qui s’apparente à un véritable fiasco ? «Je pense que si nous avions eu deux équipes en quarts de finale ou une équipe en demi-finale, le tournoi aurait été un succès pour l’Afrique», estimait l’ancien international zambien Kalusha Bwalya, élu footballeur africain de l’année en 1988. Avant de conclure sur une note vraiment pessimiste : «Si on regarde les statistiques, c’est très inquiétant. Il y a encore beaucoup de travail à faire. Nous n’avons tout simplement pas fait assez de progrès». Question sans réponse. Repoussée au prochain mondial, au Brésil. L’Afrique, dans son jardin sud-africain, avait-elle, à part l’exception ghanéenne, les moyens de rivaliser avec les grands? Elle aurait pu…