Chelsea n’a jamais été aussi près du bute. Cette finale de Ligue des champions, qui se dérobe avec insistance sous les pieds du club londonien depuis l’arrivée de Roman Abramovich, est presque là. Jamais les Blues n’auront abordé la dernière marche dans une position aussi favorable que lors de leurs trois premières tentatives avortées, en 2004, 2005 et 2007.
Certes, la saison dernière, Chelsea avait remporté le match aller face à Liverpool (1-0), mais le retour avait lieu à Anfield. Cette fois, il se tiendra à Stamford Bridge, ce qui pourrait tout changer. Après le nul obtenu chez les Reds mardi dernier (1-1), Chelsea joue sur du velours et croit en son étoile. Comme jamais. Deux mots revenaient dans les bouches londoniennes mardi soir dans les travées d’Anfield: chance et mérite. Ce petit coup de pouce du destin, que les coéquipiers de John Terry ont longtemps attendu, est peut-être arrivé sous la forme de ce but contre-son-camp de Riise au bout du temps additionnel. "Lors de nos deux demi-finales ici, on a été malchanceux, souligne Petr Cech. Nous n’avions pas su concrétiser nos occasions. Cette fois, nous avons inscrit un but chanceux." "Je pense que nous méritions d’enfin marquer en fin de match parce que nous avons souvent encaissé des buts en fin de rencontre cette année", estime de son côté Avram Grant.
Drogba: "Une super fin
de saison"
Pour autant, Chelsea n’a pas le sentiment d’avoir volé quoi que ce soit. Pour tardive qu’elle soit, cette égalisation semblait à tous justifiée. "Pour être honnête, nous nous sommes battus jusqu’au bout et nous en avons récolté la récompense ", reprend Cech. "Je pense que nous méritons ce nul. Ils ont eu des occasions, nous aussi", note Frank Lampard, même si le triple demi-finaliste de l’épreuve n’a pas forcément toujours maîtrisé les débats. Sans un grand Cech, Liverpool aurait même pu se mettre à l’abri. "C’est notre grand Petr, le meilleur gardien du monde. Il l’a montré", s’emballe Lampard.
Fort de ce but venu de nulle part, l’inconnu Avram Grant est donc en passe de réussir là où Claudio Ranieri et Jose Mourinho ont échoué. Le groupe, qui aurait pu imploser après le départ du charismatique et imposant manager portugais, semble s’être ressoudé. Remonté, Didider Drogba en profite pour mettre les choses au point: " Beaucoup de choses sont dites sur Chelsea. On a eu un moment difficile avec le départ de Mourinho, c’est vrai. Mais on a digéré ça. On n’en serait pas là s’il y avait la crise. On parle très peu de nos résultats, c’est dommage. Mais nous, on continue à progresser ."
Reste maintenant à ne pas tout gâcher. En une semaine, Chelsea peut s’offrir une fin de saison de rêve, ou vivre le printemps de toutes les frustrations, entre la "finale" du championnat ce week-end face à Manchester et le retour de C1 face à Liverpool. " C’est une super fin de saison, c’est excitant. Depuis que je suis ici, je suis habitué à ça, c’est fantastique", se réjouit Drogba. En l’espace de deux rencontres, Stamford Bridge va rentrer en fusion. Mais c’est bien la venue de Liverpool, la semaine prochaine, qui changera ou non le statut des Blues aux yeux de l’Europe. Une quatrième élimination aux portes de la grande finale, surtout dans un contexte aussi favorable, serait forcément mal vécue. "On a tout fait pour se mettre sur de bons rails", conclut Drogba. Ce n’est pas le moment d’en sortir.
Liverpool : sauver la saison
Comme le Barça, Liverpool ne croit plus au titre en Angleterre et tous ses espoirs de fin de saison reposent sur une troisième finale de Ligue des champions en quatre ans.
Le plan concocté par Rafael Benitez s’est effondré dans les arrêts de jeu du match aller, sur une bourde de John Arne Riise marquant contre son camp pour offrir l’égalisation à Chelsea.
Liverpool est désormais contraint de marquer au moins un but à Stamford Bridge, pour le 20e affrontement entre les deux équipes en quatre ans. Les Reds n’y sont plus parvenus depuis que Bruno Cheyrou leur a offert une victoire 1-0 e? janvier 2004, soit neuf matches.
Ces chiffres n’ébranlent pas la confiance de Liverpool, qui mise sur son prolifique attaquant espagnol Fernando Torres pour trouver le chemin des filets ce mercredi.
"La différence avec les fois précédentes, c’est que nous ne nous étions jamais rendus à Stamford Bridge avec un joueur comme Torres", a prévenu le capitaine Steven Gerrard, épargné, comme le buteur espagnol, lors du nul 2-2 samedi à Birmingham City.
Chelsea-Liverpool: les doutes de Benitez sur l’arbitre
L’entraîneur de Liverpool Rafael Benitez a jugé "curieux" le passé en Ligue des champions de l’arbitre Roberto Rossetti, qui officiera lors de la demi-finale retour à Chelsea, sous-entendant que l’Italien défavorisait l’équipe visiteuse, sauf s’il s’agissait des Londoniens.
"Lors de ses six derniers matches en Europe, l’équipe qui recevait a gagné cinq fois. Une fois cela n’a pas été le cas. C’était pour Valence-Chelsea (ndlr: victoire des Anglais 2 à 1 en Espagne). C’est curieux", a jugé l’Espagnol.
"S’il sait qu’il devra être fort (ndlr: pour résister à la pression du public), ça ira", a poursuivi Benitez.
Rossetti a notamment officié lors de la victoire à domicile de Liverpool sur Porto (4-1). Benitez ne s’était alors pas plaint de la prestation de M. Rossetti.