La division Afrique de la FIFPro a publié mercredi dernier un communiqué concernant le Sierra Leonéen Alhassan Bangura, le joueur de Watford.
Il ne s’agit pas de l’histoire d’un footballeur professionnel, mais de l’histoire d’un homme. Presque encore un enfant. Selon la loi anglaise, Alhassan Bangura doit bientôt être expulsé d’Angleterre, sa terre d’adoption où il vit depuis quatre ans maintenant avec le statut de réfugié permanent. Un statut qu’il a perdu à sa majorité. Un statut qui vient de lui être refusé puisque le jeune homme de 19 ans, père de famille depuis deux semaines, souhaite continuer à vivre et à travailler en Angleterre.
Al Bangura avait 15 ans quand il a fui son pays, la Sierre Leone, pour échapper aux menaces dont il était l’objet. Si ce n’est de bien douloureux souvenirs, il n’a plus aucun lien avec son pays natal où la loi anglaise promet pourtant de le renvoyer. Il est improbable, en effet, que le milieu de terrain de Watford puisse obtenir un permis de travail en sa qualité de footballeur professionnel, sésame obligatoire pourtant pour rester au Royaume-Uni.
La réglementation anglaise, en matière de footballeur étranger, est ainsi faite qu’un joueur dont le pays n’est pas classé parmi les soixante-dix meilleures nations mondiales ou qui n’a jamais été international ne peut prétendre à un contrat professionnel.
« Il ne nous appartient pas, explique Stéphane Burchkalter, secrétaire général de la Division Afrique de la FIFPro, de remettre en cause les réglementations d’un pays et d’une fédération souverains, même si nous sommes évidemment opposés à toute forme de discrimination liée à l’emploi et aux conditions d’accès à la pratique du football professionnel, principalement sur le territoire de l’Europe communautaire où la libre circulation des hommes et des travailleurs est acquise. En revanche, il est de notre devoir d’en appeler à toutes les bonnes volontés - y compris au sein de la FA, de la Fifa et de l’UEFA - pour que l’on puisse, au-delà du cas du footballeur, regarder au plus près l’avenir d’un homme dont la vie pourrait être brisée.
« Favoriser l’esprit plutôt que la lettre pour que soient préservés les droits fondamentaux d’Al Bangura, c’est ce que nous attendons du gouvernement anglais et c’est pourquoi nous soutenons l’appel de Watford. Il faut parfois savoir consentir à une exception quand l’enjeu dépasse le jeu. Quand la vie d’un homme s’impose aux intérêts du sport et au protectionnisme….
« En matière d’intégration sociale, le football doit continuer à tenir le rôle moteur qui a toujours été le sien. Que notre sport puisse aider Al Bangura à reprendre la place qui est la sienne dans la société anglaise s’inscrit parfaitement dans la logique de la politique sociale prônée par la Fifa et l’UEFA…. ».