L’Afrique du Sud, peut-être trop suffisante et trop sûre de sa force, s’est qualifiée (37-20) dans la douleur pour les demi-finales du Mondial contre des Fidji pleines de cœur et d’allant, dimanche à Marseille.
Les Sud-Africains rencontreront l’Argentine ou l’Ecosse le 14 octobre au Stade de France mais il leur faudra s’y employer autrement mieux qu’à Marseille pour prétendre aller en finale, où ils se sont vus peut-être un peu vite en raison d’un tableau jugé dégarni.
Menés 20 à 6 à la 51e minute, dans un match jusque-là dominé par les Springboks, les Fidjiens ont alors infligé une séquence de folie et une débauche de jeu pour inscrire deux essai en infériorité numérique et recoller à 20-20 sous les vivats d’un stade Vélodrome acquis à la cause du petit poucet.
Montgomery, sur une pénalité, et Juan Smith (70e), sur un essai transformé, ont ensuite redressé la barre pour les Boks. Butch James se chargeait ensuite de ramener les joueurs du Pacifique à la dure réalité à la dernière minute.
Delasau a allumé le feu...
L’Afrique du Sud menait 20 à 6 et était en train d’imposer sa rigueur industrieuse, laissant croire à une victoire facilement acquise lorsque l’ailier fidjien Vilimoni Delasau, fidèle à la
tradition du rugby flamboyant des îles, a allumé le feu dimanche au Vélodrome.
A la 57e minute, alors que les Fidji évoluaient à 14 après le carton jaune du centre Seru Rabeni, le numéro 14 hérite d’un ballon sur son aile gauche.
Sans solution dans le jeu à la main, il choisit de taper un long coup de pied au-dessus de son vis-à-vis, JP Pietersen. Le ballon semble voué à finir sa course en dehors des limites du terrain mais le coup de pied est travaillé et le rebond, dans l’en-but, est favorable: au terme d’une course d’environ quarante mètres, Delasau aplatit, salué par le public marseillais, acquis à la cause des challengers de ce match. L’exploit réveille les joueurs de Mosese Rauluni, capitaine exemplaire et excellent tout au long de la partie.
Et deux minutes plus tard, sur un renvoi, les Fidjiens décident de relancer de leurs 22 mètres et Seremaia Bai, qui a réussi à faire oublier qu’il n’était que le remplaçant de Nicky Little à l’ouverture, perce la défense verte.
A grandes enjambées, avant d’être plaqué, il retouve un partenaire à l’extérieur. Plaqué, celui-ci libère bien pour le "diable" Rauluni qui part au ras de la mêlée, slalome, cadre, avant de sprinter pour retrouver, en bout de course, Sireli Bobo, qui à son tour aplatit dans le camp sud-africain.
Aux portes de l’exploit
20 à 20, les Fidjiens sont aux portes de l’exploit: bouter hors du tournoi la dernière équipe du Tri-Nations encore en course après les victoires surprises de la France et de l’Angleterre.
Las ! Les Springboks avaient sans doute plus faim que les Wallabies et les Kiwis. Revenant aux fondamentaux qui ont fait leur force (jeu d’avants, rigueur défensive, etc...) et profitant du talent de leur centre François Steyn, qui n’a rien à envier aux arabesques fidjiennes, ils remettront la main sur le match. Un essai d’avants puis, juste avant le coup de sifflet final, une dernière course du demi d’ouverture, Butch James, qui, avec deux joueurs fidjiens sur le dos, parvient à s’écrouler en terre fidjienne.
Les Springboks s’imposent et peuvent continuer à rêver à une réédition de la belle aventure de la bande de François Pienaar qui, pour la première participation d’une équipe sud-africaine à la Coupe du monde, s’était imposée, en 1995.