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Drogue, Les spécialistes tirent la sonnette d’alarme
Plus de 5.800 kg de résine de cannabis saisis en trois mois
28 Novembre 2007

La consommation et la commercialisation de la drogue en Algérie ont pris, ces dernières années, un tournant dangereux. De pays de transit et de consommation de kif traité, l’Algérie risque de devenir un pays producteur de drogue, avertissent des spécialistes de l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLCDT).

Ces inquiétudes ne sont pas le fruit d’un esprit alarmiste, mais ssont suscitées
sur la base de faits réels et de données concrètes.
L’argument avancé est la découverte, dans plusieurs wilayas du pays, notamment Adrar et Béjaïa, de champs de culture de cannabis ou d’opium.
En effet, le groupement de la Gendarmerie nationale de Béjaïa a saisi, samedi dernier, 1.200 plants de cannabis, soit 2 quintaux de kif, et 50 kilogrammes de graines. Depuis le début de cette année, cette découverte est la sixième du genre dans cette wilaya.
Dans la wilaya d’Adrar, il a été aussi découvert, en avril dernier, 60.000 plants d’opium.
Ce revirement de 360° trouve son explication, selon le directeur général de l’ONLCDT, dans l’intensification des opérations de contrôle au niveau de la bande frontalière.
«Acculés par les services de sécurité et des douanes qui ont intensifié les patrouilles de contrôle, notamment aux frontières ouest, les trafiquants de drogue se sont tournés vers la plantation de ces substances illicites.»
Dans un bilan de cette structure, il a été signalé que 2.489 personnes ont été interpellées par la Gendarmerie nationale, la Sûreté nationale et les Douanes algériennes, durant le premier trimestre de 2007, pour trafic et usage de stupéfiants et de substances psychotropes.
Il a été précisé que parmi les personnes interpellées, 33 sont des étrangers. 44 autres font toujours l’objet de recherches.
Au cours de cette même période, les services de la gendarmerie, de la police et des douanes, engagés dans la lutte contre la drogue, ont saisi 5.837,357 kg de résine de cannabis, 1,040 kg d’herbe de cannabis, 55,195 gr de graines de cannabis, 1.025 plants de cannabis et 25.978 comprimés de substances psychotropes de différentes marques.
Par ailleurs, il a été rappelé que durant le quatrième trimestre de l’année 2006, 6.043,712 kg de résine de cannabis, 180 plants de cannabis et 58.877 comprimés de substances psychotropes ont été saisis.
Au sujet des affaires traitées durant le premier trimestre 2007, l’ensemble des services de lutte a élucidé 1.744 affaires, dont 558 liées au trafic et à la commercialisation de stupéfiants, selon la même source.
Parmi ces affaires, relève-t-on, 399 sont liées au trafic de résine de cannabis, 157 concernent la commercialisation de substances psychotropes, une affaire de trafic et de commercialisation d’héroïne et une autre liée au trafic et à la commercialisation de l’opium.
Dans le même contexte, l’ONLCDT indique que, durant la même période, 1.181 affaires relatives à la détention et à l’usage de drogue ont été traitées, dont 1.098 concernent la détention et l’usage de résine de cannabis, 80 sont liées à la détention et à l’usage de substances psychotropes, 1 affaire à la détention et à l’usage de la cocaïne et 2 autres de détention et d’usage d’héroïne et enfin 5 autres pour la culture de cannabis.
Redynamiser le mouvement associatif
Sur un autre chapitre, les responsables de cette structure croient fermement que les associations, notamment celles activant dans ce domaine, ont un rôle prépondérant dans la lutte contre la drogue.
C’est dans cette optique que l’ONLCDT a organisé dernièrement une conférence nationale sur le rôle du mouvement associatif dans la prévention contre le fléau de la drogue et de la toxicomanie.
«Organiser et dynamiser l’action du mouvement associatif activant dans le domaine de la lutte contre la drogue et l’orienter de façon à travailler conformément aux objectifs définis par le Plan directeur national de prévention et de lutte contre la drogue (PDN)» est la pierre angulaire dans la lutte contre ce fléau, estime le directeur général de l’Office, M. Abdelmalek Sayah.
Cette rencontre, qui a regroupé près de 250 participants représentant plus d’une centaine d’associations activant dans le domaine de la lutte et de la prévention contre la drogue, a été une occasion pour informer ces associations participantes de la situation actuelle du phénomène de la drogue en Algérie et des enjeux qu’il implique aux plans politique, économique et social et pour porter à leur connaissance le contenu de la politique nationale de prévention et de lutte contre la drogue.
Sensibiliser davantage ces associations sur le rôle qu’elles doivent jouer en prolongement de celui des pouvoirs publics et les institutions de l’Etat est parmi les objectifs tracés par l’Office, a ajouté ce responsable.
Dans ce sillage, M. Sayah a affirmé que son département vise également à «orienter les associations de façon à élaborer des programmes de travail harmonieux et à agir dans le cadre d’un réseau national structuré inscrivant son action dans le cadre de la politique nationale de lutte contre la drogue et de recenser leurs besoins en matière de formation et d’encadrement en vue d’améliorer leurs capacités d’action». Il est primordial, estime-il, d’encourager et de venir en aide aux associations qui auraient prouvé sur le terrain leur savoir-faire et leur efficacité en termes d’information, de sensibilisation et de mobilisation de la société contre les dangers de la drogue.

53 centres de traitement
en cours de réalisation
M. Sayah a, par ailleurs, affirmé que la stratégie nationale de lutte contre la drogue pour la période allant de 2004 à 2008 met l’accent sur trois axes, le plus important étant la prévention à travers des campagnes de sensibilisation auprès des jeunes et des familles.
Il a, dans ce contexte, appelé les familles à surveiller leurs enfants, notamment les adolescents, tant à la maison qu’à l’extérieur.
Outre la famille, l’accent est mis sur la nécessité de faire participer tous les secteurs, notamment les ministères de l’Education nationale et des Affaires religieuses et des Wakfs ainsi que la société civile, dans la sensibilisation aux dangers de la drogue et de la toxicomanie. Le deuxième axe qui concerne la lutte contre ce fléau, «relève de la compétence des services de sécurité et de la justice», a-t-il indiqué.
D’autre part, le directeur de l’ONLCDT a mis en avant un projet proposé par l’Office au ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales à travers lequel les walis s’engagent à suivre de près la lutte contre la drogue afin que celle-ci puisse aboutir.
S’agissant du troisième axe qui concerne la prise en charge des toxicomanes, M. Sayah a indiqué que 53 centres de traitement sont en cours de création, en collaboration avec le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière.
Il a, par ailleurs, ajouté que la loi relative à la lutte contre la drogue a été amendée de façon à être conforme avec les lois internationales. Il a précisé, à ce propos, qu’en vertu de cette loi, le toxicomane est considéré comme «un malade et n’est pas passible de sanctions juridiques pour peu qu’il accepte un traitement de désintoxication». Evoquant le dernier rapport de l’Organisation des Nations unies (ONU) sur les pays consommateurs de drogue, le directeur de l’ONLCDT a tenu à préciser que «l’Algérie ne figure pas sur la liste des pays mis en danger par ce phénomène».
M. Sayah a précisé que l’Office réalise, tout au long de l’année, des enquêtes sur différents cas «dont la publication prochaine pourrait changer les données relatives au fléau de la drogue en Algérie».

Par : Samia Kaci

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