Nous connaissons tous au moins une personne à laquelle un médecin a dit un jour : "C’est psychosomatique", à propos de symptômes qui semblaient bien réels. Une réponse frustrante, parfois même angoissante, car elle laisse entendre qu’un psy sera nécessaire pour en savoir plus.
L’influence du psychisme sur le corps
La personne qui s’estime réellement malade physiquement accepte difficilement l’idée que "tout est dans sa tête". Mais en fait le terme "psychosomatique" est plus subtil que cela. Il vient du grec "psukhé" qui signifie "esprit" et "soma" qui veut dire "corps". Une maladie psychosomatique se caractérise par le fait que les symptômes physiques sont principalement liés à des facteurs d’ordre psychique (angoisse, stress, détresse morale...), en l’absence toutefois de symptôme de maladie mentale. "Avant l’apparition du langage, les premières émotions du bébé sont exprimées de manière viscérale et organique", explique le psychosomaticien jean Benjamin Stora. "Ce premier niveau d’organisation subsiste toute notre vie. Psychisme, états mentaux et états organiques sont fortement corrélés." On connaît aujourd’hui plusieurs maladies dont le déclenchement peut-être au moins en partie favorisé par un facteur psychologique. Ce sont en particulier l’asthme d’angoisse, les ulcères, l’eczéma et autres affections cutanées, certaines maladies du nourrisson. Mais on parle désormais plus volontiers de malades psychosomatiques. Dans des situations d’angoisse ou de stress, le psychisme peut se désorganiser et donner lieu non à des symptômes névrotiques "psy", mais à un processus de somatisation induisant des symptômes physiques. "Si une personne vit de très fortes pressions, elle risque d’être débordée par ces tensions, surtout si elle n’arrive pas à les exprimer", poursuit Jean Benjamin Stora "En effet, les défenses mentales n’arrivent plus à contenir ces tensions. Les défenses du corps prennent la relève et les somatisations surviennent."
Comment traiter les malades psychosomatiques ?
Les premières études conduites sur ce sujet ont eu lieu aux Etats-Unis à l’initiative de compagnies d’assurance, et ont abouti à la naissance puis au développement de la médecine psychosomatique, qui met en jeu des traitements médicamenteux associés à des psychothérapies de type psychanalytique.
En France, cette discipline n’est pas enseignée en faculté, et la seule structure de psychosomatique dont les traitements sont pris en charge par la sécurité sociale est l’hôpital Pierre Marty, à Paris, qui reçoit 200 à 250 demandes de consultations par an. Des séances de psychothérapie psychanalytique y sont assurées. Les psychosomaticiens sont des psychologues cliniciens, des psychiatres ou des psychanalystes...qui tentent de redonner certaines capacités au psychisme du patient. Notamment de mieux réguler l’angoisse, les tensions et de parvenir à l’équilibre existant avant le processus de somatisation. "Dans l’enfance, le corps réagit émotionnellement à ce qui peut nous arriver. C’est ainsi que certains organes, certaines fonctions vitales deviennent des lieux privilégiés de futures somatisations, souligne Jean Benjamin Stora, précisant que "par les thérapies corporelles, le psychosomaticien permet au patient de se réapproprier l’image de son corps. Il est aussi important de parler, jusqu’au moment où les défenses mentales reprennent et le corps pourra être mieux soigné." Un travail bénéfique également pour soutenir le patient lors de maladies lourdes telles que le cancer. On connaît encore mal ses rapports avec le psychisme, mais on a observé les conséquences néfastes d’un effondrement psychologique survenant au cours de cette maladie.