La virginité dans la société algérienne conservatrice est considérée comme une preuve de chasteté irréfutable. Exigée de la femme lors de la nuit de noces, elle est sacralisée et considérée comme une valeur sine qua non de pureté. Cette valeur essentielle est vérifiée lors de la nuit de noce, grâce à des traditions qui consistent, dans certaines régions du pays, à exhiber le drap ou la chemise de nuit immaculés du sang de la pureté et où la famille tente, avant le mariage, de protéger la virginité de la femme par des rituels traditionnels comme « el Rbat », pratique qui relève de la sorcellerie.
Pourquoi la valeur de la femme serait-elle réduite à une simple membrane que représente symboliquement la virginité dans la société algérienne ?
Pour le sociologue Zine Eddine Zemmour, parler de virginité dans l’espace géographique méditerranéen en général, nord-africain, et plus particulièrement algérien, est une idée qui impose au chercheur, et plus encore au sens commun, de parler indissociablement de la famille. « La virginité est un état physique qui charrie avec lui une totalité sociologique et anthropologique encore plus complexe», écrit Zine-Eddine Zemmour, sociologue, enseignant à l’Université d’Es Senia et chercheur au Centre de recherche en anthropologie et sociologie culturelle d’Oran (CRASC), dans sa recherche «Jeune fille, famille et virginité. Approche anthropologique de la tradition»
«Il est évident que la question féminine et à travers elle celle de la virginité s’inscrit dans un esprit dominé par la tradition à laquelle ne peuvent parfois pas échapper les acteurs familiaux, même les plus instruits» ajoute, à cet égard, le chercheur.