Le suicide, témoin de la déchéance humaine, est un phénomène sociétal qui prend des dimensions gravissimes au sein de notre communauté.
Occasionnant des ravages humains importants, rendus publics par les différents et interminables bilans effectués par les services de la Gendarmerie nationale, devenant une des premières causes de mortalité autant dans le monde que dans notre pays, faisant la une des médias, cette pathologie sociale inquiétante mérite que l’on se penche sur son analyse profondément en vue de comprendre sa genèse, les facteurs intervenant dans son expansion et particulièrement les causes qui la nourrissent.
Personne ne peut attenter froidement à sa vie s’il n’est pas poussé droit vers la décadence par une série de facteurs anticipants qui fragilisent son fonctionnement psychologique le rendant vulnérable. Qu’est-ce qui pousserait une jeune fille âgée à peine de 20 ans à mettre fin à ses jours en se jetant d’un pont au Télémley ? La victime en question, concluant un pacte avec la mort, a plongé sans hésitation dans le vide laissant derrière elle des passants choqués, sidérés et une famille certainement ébranlée. Maintenant, cette pauvre jouvencelle ne fait plus partie de ce monde tout comme d’autres victimes dispersées dans cet univers et qui sont des milliers à se donner volontairement un rendez-vous avec la mort. Pourquoi sont-elles arrivées au paroxysme de l’anéantissement ? On ne saura jamais ce qui s’est déroulé réellement dans l’esprit des victimes au moment où elles remplissaient la dernière formalité mortelle. Tout ce qu’on peut conclure est que le passage à l’acte suicidaire s’explique par la réunion d’une somme d’ingrédients qui font aujourd’hui de ce fléau social un important problème de santé publique et une principale cause de mortalité. Le fait que ce fléau alarmant soit encore passé sous silence dans notre contexte social complique la tâche des spécialistes en la matière dans l’analyse profonde des causes sous-jacentes. Aussi faudra-t-il relever le fait que les statistiques divulguées par les autorités ne reflètent jamais l’ampleur de ce fait.
Pourquoi
se suicide-t-on ?
Le suicide, explique Mme F. Saliha, psychologue clinicienne, est un acte extrême par lequel une personne exprime son ras-le-bol et son impuissance à subir des pressions de part et d’autre. «Par le passage à l’acte suicidaire, un individu cherche à fuir définitivement la source de son mal. Exposé à un vécu terriblement pénible, chargé de contraintes de différentes provenances, l’individu en mal être cherche la délivrance. La mort est considérée comme un dernier recours pour une personne aveuglée par le désespoir, incapable de mesurer la gravité de son acte. Les causes du suicide sont diverses, associant problèmes psychologiques, psychiatriques, événementiels et sociaux. Si certains candidats au suicide présentent un terrain psychiatrique prédisposant, d’autres souffrant de malvie, de chômage, crise de logement, de difficultés d’adaptation, de précarité de vie choisissent de mettre fin à une vie jugée misérable», continue Mme F. Saliha
Qui se suicide ?
Le candidat au suicide est une personne qui, poussée par un désespoir extrême, s’en prend à elle-même dans un acte d’autodestruction voulant faire cesser son calvaire quotidien. De ce fait, la plupart des victimes du suicide ont la caractéristique commune d’éprouver une profonde haine pour la vie qui les conduit droit vers les profonds abîmes d’une mort certaine et tragique. Cependant, le suicidaire est une personne qui lance souvent des signaux en guise d’appel au secours qui sont souvent ignorés par l’entourage. Le passage à l’acte ne s’opère que quand l’individu se trouve totalement incompris par son entourage et terriblement esseulé. Dans ce sens, des campagnes de sensibilisation visant à informer la société civile sur les signes révélateurs de détresse et les différentes voies de prévention sont indispensables. Les pouvoirs publics sont aussi appelés à effectuer une enquête épidémiologique nationale sur le suicide qui ne se contentera plus sur le recensement des pertes humaines occasionnées qui reste toujours en deçà de la réalité du fait du silence complice qui entoure encore le sujet, mais abordera cette pathologie sociale de différents angles psychologique, social et environnemental en vue de concrétiser un plan de lutte et de prévention.
Le suicide reste, selon les spécialistes, un véritable problème de santé publique de par les pertes humaines qu’il engendre, mais aussi des problèmes socio-psychologiques qu’il reflète, face auquel toute la société doit se mobiliser afin de trouver une stratégie de lutte pour endiguer le fléau.
Par : D. soltani