Il arrive que certains parents se rendent en consultation afin de réclamer une aide et une orientation psychologique pour un problème d’ordre comportemental dont souffre leur enfant ou adolescent. Il ne s’agit pas d’une boulimie ou d’une anorexie, mais d’un défaut qu’ils jugent irrémédiable. Il s’agit du vol.

"Dernièrement, j’ai été terriblement choquée par ce qu’est venu me révéler une voisine de palier que je respecte énormément. Mon fils âgé de 10 ans est allé dire à son fils qu’il me volait de l’argent à moi et son père pour pouvoir s’acheter des friandises. J’étais vraiment en colère au point de le frapper brutalement lui demandant si cela était vrai ou pas. Mon fils a, par la suite, fui la maison pour se rendre chez son oncle paternel chez qui il se sent à l’aise. Que dois-je faire ? Je suis vraiment perdue." se plaint Mme Zohra.
Certains parents ignorant l’attitude à adopter vis-à-vis du comportement de leur gosse qui présente un comportement pareil, s’acharne sur l’enfant, le brutalise et le réprime pour s’assurer par la punition sévère qu’il ne commettra plus un écart de conduite similaire.
Cependant, la réprimande est-elle le moyen approprié pour dissuader son enfant de voler ? Peut-on, dans le cas de l’enfant, évoquer un vol involontaire ou une kleptomanie ? Le vol chez la jeune personne peut-il prédisposer à la kleptomanie ? Quelle est la démarche à suivre auprès de son gosse pour lui permettre d’assimiler la gravité d’un tel comportement ?
La kleptomanie est définie comme étant l’impulsion irrésistible à voler que ressent un individu à un moment de son existence. Elle s’accompagne souvent d’un profond sentiment de culpabilité qui suit le passage à l’acte. La kleptomanie est différenciée des états de vol volontaire où un individu conscient commet le délit de vol après avoir pré- élaboré un plan. Le kleptomane vole, par contre, involontairement et les objets volés sont souvent sans grande utilité puisqu’il les jette quelque temps après, ou s’amuse à les assembler sans les utiliser personnellement ou en tirer un profit quelconque.
Dans le cas d’un enfant, nous ne pouvons jamais parler de kleptomanie du fait que ce trouble psychologique du contrôle des impulsions n’est susceptible d’être diagnostiqué que sur une structure de personnalité adulte. Or, que la structure d’un enfant est encore en cours de développement et donc, émettre l’hypothèse de kleptomanie serait vraiment de l’ordre de l’insensé.
Il est certes grave de découvrir que son enfant vol, notamment si les parents ont souvent présents pour inculquer à leurs gosses une éducation de base. Cependant, si l’enfant ou l’ado vole, les parents doivent s’interroger sur la provenance d’un tel comportement. Dans le cas des enfants, le fait de mettre la main sur les objets d’autrui n’est pas considéré comme du vol. L’enfant assimile son attitude comme une sorte d’appropriation de ce qui doit lui revenir de droit comme prendre la poupée de la voisine ou ramasser la monnaie de papa ou de maman sous prétexte de s’acheter des friandises. L’enfant, encore incapable de différencier ses objets personnels de ceux des autres, ne pensera qu’à satisfaire son désir d’avoir ce jouet ou d’acheter quelque chose qui lui plait.
Le rôle des parents dans ces conditions serait de commencer par apprendre à leur enfant de faire la différence entre les objets qui lui appartiennent et les objets personnels des autres qu’il ne peuvent lui appartenir même s’il en a envie. L’enfant apprendra graduellement sous la supervision de ses parents à ne plus désirer les objets des autres et encore moins à les voler pour se faire plaisir.
Dans le cas des adolescents, le vol est un aspect de la délinquance juvénile et lorsqu’il est à ses débuts, les parents doivent se montrer attentifs vis-à-vis de leur ado et non sévères. Cela dit, il est toujours exigé des parents une prise de conscience suffisante de la gravité du problème, car le vol à cet âge critique risque de laisser des séquelles importantes et de prédisposer l’ado à devenir un délinquant.
Toujours est-il que l’intervention psychologique est indispensable dans le cas d’un tel comportement, car l’adolescent parfois en souffrance ne trouve que ce moyen pour décharger sa colère. Il faut toujours voir au-delà du comportement pour pouvoir trouver la solution idoine qui minimise les dégâts et assure l’épanouissement des enfants.