Ce nouveau membre peut modifier, en bien ou en mal, les comportements et les rapports au sein de la tribu...  

L’arrivée d’un ordinateur dans la famille est-elle bénéfique ?
Oui et non. L’ordinateur peut occasionner des conflits. D’abord à travers le choix de son emplacement. Certains voudront l’avoir au centre de la maison -dans le salon,
par exemple- d’autres, dans une chambre ou un bureau.
Quel meuble servira pour l’installer ? Faut-il privilégier l’esthétique ou la fonctionnalité de l’ensemble ? Autant de questions qui font débat au moment de l’arrivée de la machine. Sans compter les possibles jalousies entre frères et soeurs quand le PC appartient au grand et pas au petit ou l’inverse... Mais la nouveauté qu’il apporte avec lui dans la maison suscite aussi des sentiments positifs : joie, excitation et partage. C’est l’occasion de découvrir ensemble des logiciels, des jeux, de se montrer des sites ou des films. Parfois même de mieux se connaître en entrant dans l’intimité de l’autre qui peut, grâce à l’ordinateur, montrer des petits bouts de sa vie. C’est ce qu’on observe souvent entre les frères et soeurs d’âges différents qui se rapprochent sur ce mode. Bref, l’ordinateur déclenche une sorte de frénésie. Mais là encore, cela peut générer des tensions. Je pense aux ados qui ne décrochent pas de l’écran quand c’est l’heure de manger, aux couples qui se déchirent parce que l’un des deux consacre tout son temps libre aux rencontres virtuelles quand cela ne va pas jusqu’à l’adultère... Il provoque donc des phénomènes de sociabilisation et de désociabilisation en alternance. A certaines périodes, la famille semble se désagréger : chacun cultive son territoire informatique de son côté ; et à d’autres, se ressouder : la tribu se réunit pour regarder les photos des dernières vacances par exemple.
S’assurer que cette
effervescence ne devienne pas dangereuse pour
les enfants ?
Il y a danger quand la vie familiale, à travers l’autorité parentale, ne parvient plus à rappeler à l’ordre les accros de la souris. L’important consiste à limiter le temps passé à l’écran, pas la fréquence d’utilisation. En effet, l’ordinateur est un outil complet qui permet de cumuler une foule d’activités diverses et variées : lecture, jeux, travail, dessin mais aussi relations humaines. Il est bon de se rappeler que plus un adolescent a d’amis, plus il passe de temps sur les messageries instantanées, ce qui prouve bien que le monde virtuel ne remplace pas le monde réel. Il en fait que le prolonger. Autre consolation pour les parents : les enfants n’ont plus besoin de sortir pour maintenir leur vie sociale. Ils se créent avec l’ordinateur un "foyer dans le foyer". Certains parents, pour contrôler leurs bambins, installent la machine dans une pièce commune ou inventent des tas de stratagèmes pour fouiller l’écran. Cela ne sert, à mon avis, à rien. Des parents qui n’ont pas, dans la vie de tous les jours et dans tous les domaines, un droit de regard sur la vie de leurs enfants n’en auront pas plus en surveillant l’ordi ou le journal intime...
En quoi l’ordinateur modifie-t-il l’organisation de la vie familiale ?
"Grâce à l’ordinateur, les hommes s’investissent plus dans la gestion du quotidien"
Grâce à cet outil, la famille se gère comme une petite entreprise. Dans les familles "traditionnelles", l’homme habituellement peu enclin à s’occuper des courses, des devoirs ou encore de la gestion des comptes bancaires, peut prendre en charge ces nouvelles tâches par l’intermédiaire de l’ordinateur. Dans les familles "contemporaines" (où les statuts homme-femme s’égalisent de plus en plus), on observe aussi des modifications, même si elles sont moins importantes. En fait, les parents gèrent le foyer en direct de leur lieu de travail ou de leur voiture grâce à leurs écrans. La "charge mentale" de la gestion du quotidien, se répartit donc encore plus facilement dans le couple. Le téléphone permet le même fonctionnement mais s’avère bien moins discret à utiliser de cette manière, surtout pour les hommes... A
L’impact
de l’ordinateur
L’impact de la télé et de l’ordinateur dans la famille sont semblables sur un point : le mouvement contradictoire qu’ils provoquent : autonomie (chacun devant son écran jouit d’un plaisir en solo) et réunion (on se regroupe pour le film de 20 h 30 ou les infos).
La grosse différence réside dans l’interractivité. Avec l’ordinateur, même si les temps forts générateurs de partage sont moins nombreux qu’avec la télé, l’ouverture sur l’extérieur via le Net constitue une source de sociablisation en plus.
Et ceci même si le petit écran développe de plus en plus cet axe de communication par le biais de jeux et de votes qui permettent aux auditeurs d’intervenir quasiment en direct.