Le Midi Libre - Société - "J’ai sacrifié mes rêves »
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Témoignage
"J’ai sacrifié mes rêves »
2 Septembre 2007

«Jeune, je rêvais de devenir écrivaine, d’être brillante et remarquable. Face au miroir, je lisais des poèmes que j’écrivais moi-même et je me réjouissais des applaudissements du public. Je voulais réussir à tout prix et pour le faire, j’étais capable de me sacrifier entièrement. En effet, j’ai fait des études de lettres arabes et j’ai décroché brillamment mon diplôme. Mes professeurs me prédisaient un avenir éblouissant avec beaucoup de réussites. Toute heureuse d’entamer mon parcours, j’étais dotée d’une volonté de fer. J’étais déterminée à ne reculer devant aucun obstacle. J’avançais dans l’âge, mais je ne pensais qu’à mon épanouissement professionnel et à mes écrits et poèmes. Dans ma quête du succès, j’ai oublié que je devais aussi songer au mariage. Je me suis alors rappelée que jamais je n’ai eu d’amoureux et que trop préoccupée par ma réussite, j’ai oublié ma féminité.
Je n’ai commencé à ressentir l’importance de la présence d’un homme dans ma vie que quand, autour de moi, je remarquais que toutes mes anciennes copines s’étaient mariées et cela ne leur a pas empêché de réussir professionnellement. Mon entourage ne me laissait pas tranquille. Les remarques, les critiques et les sous-entendus de ma famille, particulièrement de ma mère, me poussaient à réfléchir longuement à ma condition de fille célibataire. Ma mère pensait que je devais cesser de penser à la réussite professionnelle et d’entreprendre de conquérir le cœur d’un homme.
Elle exerçait sur moi une pression insupportable qui m’a poussée à prendre une mauvaise décision. Un jour, un homme me demanda en mariage. C’était une personne qui n’avait pratiquement aucun point commun avec l’image que je me suis faite de l’homme de ma vie. Je voulais un homme ouvert, compréhensif, intelligent, instruit, ayant un savoir-vivre, mais j’ai épousé un homme rude, brutal, ayant des idées obscurantistes sur la femme et sur son rôle dans la société.
Par faiblesse ou peut-être par peur du statut de vieille fille, j’ai sacrifié mes rêves d’avenir et enterré mes projets d’épanouissement juste pour me marier. Ma mère est peut-être satisfaite de moi aujourd’hui. Elle n’a plus honte du célibat de sa fille, mais qu’ai-je fais de ma vie ? Aujourd’hui, au lieu d’être une écrivaine ou poétesse connue, je suis une simple femme au foyer qui attend, chaque nuit, le retour de son mari. Misérable sort !»

Par : D. S.

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