Les hommes reprochent aux femmes d’être trop bavardes, d’analyser les choses dans leurs détails les plus insignifiants et de dépenser leur temps à parler pour ne rien dire. Cela est-il vrai ? Si on répond par l’affirmative, nous serons dans l’obligation d’analyser cette attitude en profondeur et de discerner la symbolique de la parole dans la vie d’une femme.

Certaines femmes reprochent à leurs maris leur mutisme et parfois leur froideur lors des échanges relationnels. Elles trouvent que les hommes sont peu communicatifs, alors qu’elles, elles dévoilent tous leurs sentiments en usant de la parole comme moyen de communication.
Comment hommes et femmes vivent-ils leur différence sur le plan communicatif ? Doit-on parler plus ou parler moins ? Le fait d’être bavard peut-il être considéré comme un trait de caractère spécifique à une personne ?
« Ma femme m’empeste la vie depuis que nous sommes mariés, confie Mohamed. Elle s’attarde sur des futilités, passe son temps à bavarder avec les voisines du palier et me harcèle de questions, ne me laisse jamais tranquille. Elle veut à tout prix que je lui étale en détail le menu de ma journée. J’avoue que je ne suis pas le genre d’hommes qui parle trop. Au contraire, je préfère souvent m’asseoir devant la télévision ou lire ; elle me reproche ma froideur que je trouve normale, puisque les hommes généralement sont moins bavards que les femmes. Je ne supporte plus ce défaut que je juge purement féminin.»
Les femmes ont un attrait particulier à la parole qui tend parfois à devenir un trait de caractère. L’explication de cet attrait à la parole trouve sa signification dans l’expérience personnelle de chaque femme, de sa manière d’envisager le contact social et de ce que représente la parole pour elle.
Certaines femmes, éprouvant un besoin impérieux de communication, trouvent en la parole le moyen efficace de pallier un sentiment de solitude. Le désir de se faire comprendre par les autres et de créer des liens sociaux passe par la communication verbale. Dans le cas de ces personnes, la parole représente l’assurance d’exister et les démarque d’un groupe social. C’est aussi, une manière de créer des liens sociaux avec les autres surtout si ces derniers se font plus réticents face au contact.
Au sein d’un couple, on a souvent tendance à remarquer que de plus en plus de femmes se font bavardes. Pourquoi ? Généralement, c’est pour secouer un mari qui se résigne à garder le silence, qui passe (ou perd pour elles) son temps face à la télévision ou en compagnie de ses journaux. La femme, se sentant délaissée, trouve en la parole une manière de se rapprocher d’un mari psychologiquement absent. En racontant sa journée et en s’attardant même sur les futilités, elle lance un message à son mari. C’est comme si elle lui disait :"Regarde-moi, j’existe. J’ai besoin de ta présence à mes côtés".
Malheureusement, les hommes ignorent le fonctionnement des femmes, trouvent en leurs efforts de créer des liens d’échanges relationnels, un défaut de bavardage. Mais il importe toujours de s’interroger sur ce que cache cette «diarrhée verbale» dont souffrent les femmes au sein d’un couple où la communication est défaillante.
Généralement, l’attrait à la parole dépend aussi du fonctionnement psychologique de la personne, de son caractère et de sa personnalité. De ce fait, les personnes les plus bavardes sont celles qui sont constamment à la recherche d’un soutien social ou d’un réconfort. Leur tempérament extratensif les prédispose à développer une dépendance à la parole.
Reste le cas des personnes qui, vivant seules et n’entretenant pas de vie privée, souffrent au quotidien de solitude. Ces individus trouvent en la parole l’unique exutoire pour briser les murs de la solitude. D’ailleurs, c’est pour cela que vous rencontrez, en montant dans le bus ou en patientant dans une salle d’attente, des gens qui parlent de tout et de rien, parfois même en évoquant leur vie familiale et en se plaignant de solitude et de différents maux. La parole permet à la personne de transmettre ses émotions, de faire partager ses états d’âme avec les autres, de rompre sa solitude et de créer un terrain de communication. Si une personne éprouve le besoin impérieux de parler, cela s’expliquera plus facilement si l’on se référe à sa vie personnelle et à la nature des relations qu’elle entretient avec autrui. En conclusion, l’attrait à la parole n’est pas l’apanage des femmes seulement. C’est un besoin que peut éprouver n’importe quelle personne et à travers lequel elle essaye de transmettre des messages à connotation latente.