Près de 2 à 4 % des Français sont victimes de troubles obsessionnels compulsifs. Ces gestes répétés et autres obsessions récurrentes gâchent la vie de ceux qui les subissent. Le traitement classique, associant psychothérapie et antidépresseurs, ne fonctionne pas chez un tiers des patients. Pour ceux-là, un nouvel espoir de traitement semble se confirmer : la stimulation cérébrale. Il y a 6 ans, un essai de stimulateur cérébral pour soigner la maladie de Parkinson eut un résultat inattendu chez deux patients : il diminuait l’ampleur des troubles obsessionnels compulsifs dont ils étaient également atteints. Ce système composé d’électrodes implantées dans une zone précise du cerveau, reliées à un stimulateur externe, permet soit de stimuler certains neurones, soit au contraire de d’inhiber les influx nerveux. Mais il fallait vérifier que les deux cas observés n’étaient pas le fruit du hasard. L’Inserm a donc lancé une étude sur 16 patients atteints de TOC pour vérifier l’efficacité du traitement. Et les résultats semblent spectaculaires. La moitié des patients ont été soumis à une stimulation, puis à un placebo (électrodes toujours en place, mais boîtier éteint), l’autre moitié a connu le cas inverse (placebo puis stimulation). Résultat : au bout de trois mois de traitement, la stimulation améliore 7 patients sur 10. Un quart ont même vu le problème de TOC disparaître totalement ! L’avantage de cette technique est d’être réversible, à l’inverse de celles de destruction ciblée de neurones qui avaient été envisagées. Ici, il suffit d’éteindre le stimulateur pour arrêter l’effet. La stimulation cérébrale reste toutefois une technique complexe, réservée donc aux patients qui résistent au traitement classique. De plus, on ne connaît pas encore les effets à long terme ou les risques éventuels associés à ce procédé. Car implanter des électrodes dans le cerveau n’est pas anodin ! Un décalage de quelques millimètres et le patient peut souffrir de troubles comportementaux : hyperactivité, insomnie, irritabilité... D’autres études seront nécessaires avant de proposer ce traitement à tous les patients. Les victimes de TOC devront donc s’armer de patience.