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Les troubles de personnalité limite
17 Avril 2008

Même si 10 % des adolescents souffrent de troubles de «personnalité limite», cette frange à tendance suicidaire qui s’inflige coupures, brûlures et coups reste bien peu connue du milieu médical. Dans le cadre de leur conférence annuelle, la division de pédopsychiatrie de l’université de Montréal pour enfants ont invité une chercheuse renommée pour démystifier ce qui est aussi appelé borderline personality disorder.
Barbara Stanley, psychologue et scientifique au département de neurosciences de l’Institut psychiatrique de New York et de l’université Columbia, confirme l’urgence de mieux comprendre les personnalités limites. En effet, les trois quarts des patients qui reçoivent ce diagnostic s’automutilent alors que jusqu’à 33 % du total des suicides sont le fait des adolescents atteints de ce type de trouble de la personnalité.
Outre un comportement physique instable, les personnalités limites se caractérisent, selon les médecins, par leurs problèmes émotionnels et par leurs difficultés à créer des liens interpersonnels. «Leurs comportements sont très instables. Ces adolescents tentent de créer des liens d’amitié, mais ça échoue toujours après quelque temps et ils se retrouvent isolés», rapporte Mme Stanley. La dépression, les troubles alimentaires et les problèmes d’anxiété sont souvent associés aux personnalités limites.
Leur donner du soutien est primordial puisque 8,5 % d’entre eux se suicident. Toutefois, ce suivi ne se fait pas sans difficulté : «Je leur parle de leur tentative et ils me répondent aussitôt: "De quoi parlez-vous? C’est arrivé hier. Ça n’arrivera plus jamais!"», confie Mme Stanley.
Autant dans le cas des suicides ratés que dans celui de l’automutilation, ces adolescents cherchent à avoir de l’attention ou à manipuler leur entourage. Ils estiment également qu’ils entament un «nouveau départ» à la suite de leurs actes. «Ils préfèrent subir des douleurs physiques qu’émotionnelles», s’étonne-t-elle.
Les recherches sur les personnalités limites à l’adolescence sont encore peu nombreuses et les médecins n’osent pas tous poser des diagnostics sur des mineurs. «On évite de diagnostiquer des adolescents avec des troubles de la personnalité parce qu’on pense que jusqu’à l’âge de 18 ans, la structure de la personnalité n’est pas encore formée, n’est pas stable», raconte Éric Fombonne, président de la conférence et directeur de l’unité de psychiatrie à l’Hôpital de Montréal pour enfants.
Le trouble de la personnalité limite se retrouve également chez les adultes, mais la prévalence est beaucoup plus forte chez les adolescents. Les chercheurs observent d’ailleurs, une hausse du nombre de suicides et de blessures corporelles au sein d’une population de plus en plus jeune. Il y a plein d’occasions de dérailler pour les jeunes qui ont des vulnérabilités. Les systèmes de soutien qui étaient autrefois en place pour guider les adolescents dans leur trajectoire vers la maturité ont changé. Les familles sont moins disponibles, les mères travaillent davantage et, à l’âge de 18 ans, il y a 50 % des adolescents qui vivent avec un seul parent, selon la psychologue.
Les adolescents souffrant de trouble limite s’en sort souvent, mais l’urgence est de déceler leur trouble précocement afin de prévenir toute conduite potentiellement risquée.


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