Les travailleurs qui sont rabaissés, continuellement critiqués ou qui sont l’objet de remarques déplacées sur les lieux de travail pourraient avoir à composer avec beaucoup plus qu’une blessure à l’ego, selon ce que suggère une nouvelle étude canadienne. D’après les deux chercheurs ayant effectué la recherche, l’intimidation est plus dommageable aux travailleurs que peut l’être l’harcèlement sexuel.
Les auteurs de l’étude se sont penchés sur 110 études conduites au cours des 21 dernières années portant sur l’harcèlement sexuel et l’agression au travail, incluant l’intimidation, l’impolitesse et les conflits interpersonnels.
Alors que les chercheurs ont observé qu’autant l’intimidation que l’harcèlement sexuel contribuent à créer un environnement de travail négatif et peuvent causer des torts aux employés, c’est les cas d’intimidation qui ont amené les conséquences les plus graves.
Les travailleurs qui étaient intimidés, rudoyés ou qui devaient faire face à des conflits interpersonnels étaient plus enclins à quitter leur emploi ou à se sentir mal dans leur peau, indiquent les deux chercheurs.
Ceux-ci obtenaient également moins de satisfaction au travail et avaient des relations encore plus difficiles avec leurs supérieurs que les travailleurs qui avaient été victimes d’harcèlement sexuel.
Les chercheurs ont déclaré les résultats à la fois surprenants et inattendus, car selon eux, la population est plus porté à croire que l’harcèlement sexuel est générateur de conséquences plus graves par rapport à l’intimidation, en raison de la portée psychologique qui y est associé. Sur un total de 128 échantillons de 1491 à 53 470 personnes, 46 échantillons concernaient des cas d’harcèlement sexuel, 86 des cas d’intimidation, alors que dans six échantillons, on retrouvait les deux.
Les études choisies plaçaient l’intimidation et l’harcèlement sexuel en relation avec notamment la satisfaction au travail, le stress et la santé psychologique.
Les chercheurs estiment qu’il serait intéressant d’explorer dans de futures recherches les raisons qui font que l’intimidation a des conséquences si graves.
Les deux chercheurs canadiens soulèvent l’hypothèse que les victimes d’harcèlement sexuel ont plus de ressources disponibles.
Ces derniers peuvent en effet répliquer de différentes manières, alors que les victimes d’intimidation sont plutôt démunies.
Le Québec a été la première province à légiférer contre l’intimidation au travail, ce qui n’est pas le cas dans de nombreux pays où les fonctionnaires subissent à la fois le stress professionnel et les intimidations incessantes de la part de leur supérieur.