La révélation constitue parfois un choc traumatique du fait de la prise de conscience qu’elle engendre. En effet, dans un premier temps, l’enfant ne réalise pas toujours qu’il est victime d’abus. Ce n’est que dans un second temps, au moment de la révélation, quand il s’aperçoit que les autres enfants ne sont pas agressés, qu’il prend conscience de la situation subie.
Il est essentiel que l’enfant, l’adolescent et l’entourage familial puisse avoir chacun un lieu d’écoute confidentiel auprès de personnes compétentes (psychologues, pédopsychiatres, etc.) afin de prendre en compte les conséquences de l’abus sur un plan psychique. Ainsi, chacun pourra mettre des mots sur une épreuve très douloureuse pour tenter de sortir du chaos.
Mais pour certains enfants, il est impossible, du fait de la violence de la situation, de consulter tout de suite après la révélation, ils ne peuvent en parler. Il est essentiel de respecter leur silence. Insister serait une nouvelle violation de leur intimité.
Pourquoi est-il si difficile à l’enfant de parler ?
Dans le cas où l’enfant a été victime d’un parent abuseur de nombreuses raisons l’amènent à se taire : l’enfant idéalise ses parents, il a besoin de les voir comme ses parents même s’il a été agressé. Dans un premier temps, il imagine que tous les parents sont comme cela. Ses parents sont des adultes de référence. Il les protège. Son immaturité le met en situation de dépendance vis-à-vis d’eux. Un enfant fait habituellement confiance à ses parents. Au début, il peut ne pas réaliser l’abus dont il est victime. De plus, il a pu être menacé : "Si tu parles je vais aller en prison", "Si tu parles tu vas mourir". Plus le degré de confiance en l’agresseur a été fort, plus les dommages psychiques sont grands pour l’enfant, l’adolescent.
Les erreurs à éviter
Une situation d’abus sexuel n’est pas à banaliser. Elle ne peut se régler "en famille".
Il y a transgression de la loi. La société doit rétablir le droit en reconnaissant d’une part l’agressé (e) comme victime et d’autre part l’agresseur comme personne ayant porté préjudice à autrui. Il est important que la victime puisse obtenir une restitution de ses droits et que l’agresseur soit amené à assumer au mieux la responsabilité de ses actes.
L’enfant reste avant tout un enfant, il ne doit pas recevoir l’étiquette "d’enfant abusé".
Ne pas oublier de demander aux autres enfants de la famille s’ils ont aussi été victimes.
Dans une situation d’abus sexuel, il vaut mieux ne pas prévenir la personne qui a agressé avant d’avoir porté plainte, sinon elle risque de préparer sa défense et de déjouer la preuve des faits.
Les situations d’abus sexuels concernant des enfants entre eux, ou des enfants et adolescents sont à interpréter de manière différente, car elles sont très complexes.