Être citoyen à part entière, et comme tout le monde, est la revendication éternelle des 2 millions de handicapés que compte l’Algérie. Cette frange de la société peine doublement. D’abord, parce que son handicap est mal pris en charge ensuite, parce qu’elle rencontre des difficultés au quotidien dans une société qui ne fait rien pour l’aider.
L’accessibilité aux lieux publics par exemple est quasi nulle, en plus des difficultés d’accès à l’éducation et des ressources très faibles versées irrégulièrement. Les personnes en situation de handicap en Algérie peinent énormément à décrocher un emploi. Pourtant, la loi n°02-09 du 8 mai 2002 relative à la protection et à la promotion des personnes handicapées accorde de nombreux avantages aux personnes bénéficiaires dont l’attribution de pensions (aide sociale directe), la couverture sociale et la prise en charge par l’Etat des frais de soins médicaux et de rééducation fonctionnelle. La loi stipule aussi l’insertion sociale et professionnelle, à travers l’obligation faite à tout employeur, qu’il soit public ou privé, de consacrer au moins 1% des postes de travail aux personnes handicapées. Les employeurs qui ne se soumettent pas à ces obligations légales sont tenus de verser au fonds spécial de financement de l’activité de protection et de promotion des personnes handicapées une contribution financière.
Les associations activant sur le terrain ne cessent de dénoncer la situation «insoutenable» dans laquelle vivent aujourd’hui la majorité des handicapés. L’association El Baraka, dont la présidente est elle-même handicapée, revendique une pension convenable pour les handicapés, «une pension qui leur permet de vivre décemment». Dans sa dernière sortie médiatique, l’Association Ettahadi, en charge de l’assistance aux handicapés moteurs au niveau d’Alger a revendiqué, un salaire de 12 000 DA et un logement social pour chaque handicapé en Algérie. Cette association a tiré la sonnette d’alarme en évoquant l’effroyable situation que vit cette frange de la société. Elle a signalé que «la prime de 4 500 DA allouée aux handicapés est insignifiante. Les handicapés revendiquent leurs droits au même titre que tout citoyen algérien».
Sur le plan médical, selon les associations, les personnes souffrant de handicap ne bénéficient d’aucun droit dont les soins médicaux qui restent un besoin primordial pour ces malades. Les hôpitaux publics envoient souvent leurs patients vers les cliniques privées pour faire les examens médicaux. Or, «les cliniques privées n’ont pas signé de convention avec la CNAS pour que ces personnes puissent se faire rembourser les soins qui leur sont dispensés», font remarquer les représentants des associations qui signalent l’urgence d’accorder à tout handicapé moteur une carte qui lui ouvrirait droit à des soins gratuits chez le privé.
Il est à noter que pour la prise en charge des handicapés, il existe en Algérie 258 centres pour personnes handicapées, gérés par les autorités publiques et les 119 autres centres gérés par des associations et subventionnés par l’Etat. Il faut savoir que l’enveloppe financière consacrée à l’aide aux personnes handicapées et aux enfants en grande difficulté est de l’ordre de 5, 4 milliards de dinars. A ce titre, 50 classes intégrées accueillent des enfants en grande difficulté et de nombreuses structures spécialisées prennent en charge 730 handicapés dans le cadre de l’apprentissage et 1 538 autres pour des formations qualifiantes.
T. L.