Combien de crimes ayant pour mobile le vol du portable ont été commis en Algérie ? Considérant les faits divers portant sur cette forme de crime, ces actes connaissent une recrudescence particulière ces dernières années où de nombreuses personnes ont été agressées, voire cruellement assassinées après s’être débattues contre un voleur acharné et déterminé à aller au bout de sa besogne. Si la vie, autrefois, ne tenait qu’à un fil, ces derniers temps, elle ne tient plus, manifestement, qu’à un simple coup de fil.
Le vol des portables est, en ce sens, un phénomène dont les proportions sont inquiétantes au sein de notre société. Selon des sources officielles, les affaires délictueuses les plus fréquemment traitées, en cette période, sont liées au vol, impliquant des mineurs notamment.
En ces termes, le cellulaire est devenu un objet mortel. Un larcin pour les chapardeurs, mais une arme fatale pour son propriétaire. Ce joujou tant convoité par les voleurs représente un vrai trésor pour ces derniers. En effet, légers, facile à manier, cet outil coûte une petite fortune qui permet à son détenteur, souvent délinquant, repris de justice, parfois toxicomane ou alcoolique, de se payer l’objet de sa dépendance. En effet, c’est plus le manque et la dépendance de telle ou telle drogue qui poussent de jeunes délinquants à convoiter sacs à main, lunettes de soleil, mobile ou n’importe quelle chose de valeur, allant jusqu’à commettre les crimes des plus ignoble
Mobile ou arme fatale
Un homme âgé de 38 ans s’était vu agressé par un groupe de bandits. Ces derniers voulaient lui soutirer son portable. L’homme, usant de toutes ses forces, s’est débattu contre eux, mais en vain. Il se retrouva gisant dans une marre de sang après que l’un des malfrats lui ait asséné un coup de couteau mortel en plein thorax.
Mohamed, âgé de 23 ans, nous raconta, à son tour, sa mésaventure, lorsqu’il a failli perdre sa vie à cause de son portable. «J’ai payé mon portable, un Sony Ericsson W850I, à 16000DA. J’ai dû économiser prés de quatre mois pour pouvoir l’acheter, notamment que je n’occupais pas un travail permanent. Un jour, en rentrant à la maison, un bandit m’a braqué et a tenté de me soutirer argent et portable.
Bien que conscient des risques que j’encourus, je n’ai pas voulu lâcher prise. J’ai perdu connaissance en ressentant un objet tranchant transpercer mon corps. Je me suis réveillé à l’hôpital. Mon portable n’était plus à mon chevet, mais j’ai réalisé toute la chance que j’avais d’être en vie».
Un autre fait divers est celui de cet homme, un quinquagénaire qui a rendu l’âme en plein jour sur la voie publique, succombant à ses blessures, après avoir été délesté puis sauvagement assassiné à l’aide de l’arme blanche. Quelques jours auparavant, alors que le mois sacré se profilait à l’horizon, une agression similaire s’est, elle aussi, soldée par une fin tragique. Les auteurs étaient des délinquants, repris de justice, la vingtaine à peine consommée, toxicomane. La victime, quant à elle, était un jeune qui regagnait son domicile, sis à Aïn Naâdja. Ce jour-là, le jeune homme se rendait chez lui lorsqu’il fut accosté par ses bourreaux, aveuglés par la soif du gain. Ces derniers lui ordonnèrent de leur filer son argent et son portable. Le jeune refusa de céder, mais il fut sauvagement assassiné par ses agresseurs qui prirent la fuite après.
Le portable ou la vie
Quelques jours après l’agression qui a coûté la vie à ce jeune garçon à la fleur de l’âge, un crime similaire allait être commis en plein jour, dans un quartier populaire à El Harrach. Un autre homme, la cinquantaine, déambulait, le ramadhan dernier, en plein centre-ville, quand il fut assailli par un énergumène sorti de nulle part. C’était en milieu d’après-midi. La victime se trouvait sur la voie publique et il était un peu plus de 15h. A peine avait-il effectué quelques pas qu’il fut pris d’assaut par l’individu cité précédemment. Ce dernier voulait dépouiller la victime de son téléphone portable. Forfait qu’il réussit à commettre, après avoir mobiliser la pauvre victime par des coups de couteau en plein thorax.
Il est à signaler, par ailleurs, que quand l’agression ayant pour motif le vol d’un portable ne s’achèvent pas par un meurtre, ou de graves blessures, le traumatisme psychologique qui provient n’est pas des moindres. A cet effet, nombreuses sont les jeunes femmes qui portent encore les séquelles traumatiques d’un vol qui a failli tourner au drame. Amel, raconte avoir été volée à deux reprises. «La première fois, je rentrais en fin d’après-midi à la maison et je me suis retrouvée en face de voyous qui m’ont arrachée tous mes bijoux et m’ont violement frappée. Une autre fois, un homme qui n’avait même pas l’air d’un voleur, m’a piqué mon portable dans un bus. Je vous assure que depuis, j’ai reçu un vrai choc dont je n’arrive pas à m’en remettre. A chaque fois qu’un étranger s’approche de moi, j’ai l’impression qu’il désire me soutirer quelque chose. Circuler dans les rues d’Alger est devenue un vrai péril. Les voleurs sont partout», témoigne-t-elle.
Ils sont partout les voleurs. C’est une certitude. Et ils n’hésitent devant rien pour mettre la main sur tout objet de valeur en votre possession. Alors, prudence requise. Les citoyens doivent être plus vigilants et surtout accorder plus d’importance à leur vie, car un portable ne vaut pas plus cher qu’une vie.
D. S.
Par : D. Soltani