Plus qu’un sport, le body building ou le culturisme est un véritable mode de vie pour plusieurs jeunes Algériens qui s’adonnent aujourd’hui à ce loisir avec beaucoup d’engouement. Désir de préserver sa santé, de maintenir une activité physique minimum, mais également de jouir de muscles fermes, d’une carrure de rêve pour pouvoir séduire les filles sur son passage. Incursion dans le monde des salles de musculation algériennes, à la découverte d’un sport de plus en plus populaire.
Après les mordus du volant, des sports dangereux ou du saut en hauteur, voici aujourd’hui autour des mordus de la musculation de faire leur apparition dans notre champ sociétal. Cette nouvelle frange de la population rassemble les jeunes adeptes de musculation ou plutôt de culturisme. Désireux d’avoir une carrure à l’image des plus séduisants acteurs hollywoodiens afin de pouvoir jeter infailliblement leur dévolu sur n’importe quelle fille, aussi exigeante soit-elle, aujourd’hui, ils sont de plus en plus nombreux à se concurrencer dans les salles de musculation. Objectif: avoir un corps musclé que le port de vêtements bien serrés, devenu également une mode masculine, mettra bien en valeur. Il suffit juste de faire un tour dans les salles de musculation, situées dans les quartiers huppés de la capitale, et même ceux populaires, pour en mesurer l’ampleur du phénomène. Petit rhomboïde, pectiné, trapèze, deltoïde… sont autant de termes qui ne désigne absolument rien dans le lexique d’un parfait profane. Par contre, ces noms sont vite compris dans le lexique des adeptes de la musculation étant donné qu’ils désignent les muscles des parties du corps que ces derniers souhaitent ardemment aguerrir. Pour preuve. Au sein des communautés qui fréquentent les salles de body-building, ces mots ont une résonance banale parmi la centaine d’apprentis culturistes qui les fréquentent. Parmi eux, Rachid, grand homme de 22 ans. D’ailleurs, ce dernier fait depuis quelque temps une fixation quasi maladive sur ce qu’il appelle "Trapize". "Cela fait plusieurs semaines que je travaille ce foutu muscle, sans résultat", dit-il entre deux séries de machine. En cette saison d’hiver, ils suent sang et eau pour "produire du muscle" et ne pas rater un rendez-vous fatidique : la saison estivale et ses plages, vitrines incontournables pour les culturistes amateurs. A ce budget d’entretien s’ajoutent les frais "d’apparat". Car hormis leur curieuse démarche et leurs torses bombés, nos «jeunes en quête de muscles fermes» sont aussi reconnaissables à leur "dress-code" particulier. Objectif : mettre en relief des muscles chèrement acquis ! «Un T-shirt moulant et un pantalon cintré mettent davantage en valeur la silhouette du culturiste», opine Rachid. De son côté, Mounir, gérant d’une salle de musculation, sis à la rue Hassiba n’a pas manqué de souligner que ces clients sont très nombreux. «En hiver, notamment, la salle ne désemplit guère entre les vieux désireux de faire disparaître les rondeurs, voulant donner un coup de jeune à leur corps et les jeunes, aspirant à avoir un port athlétique, et un corps bien ficelé, pour pouvoir séduire les nanas». De leur part, les nanas aussi semblent vouer une adoration particulière au culte du corps. Dans ce sens, elles disent toutes craquer facilement pour l’homme à la carrure de rêve et aux muscles bien fermes. «A mon avis, un homme musclé est l’incarnation même de la virilité. Mon homme à moi est un adepte de culturisme. J’avoue d’ailleurs être tombée amoureuse de lui dès le premier regard», avoue, toute heureuse, Mina. Analysant cette quête à la beauté, L. Faïza, psychologue clinicienne, affirme que les médias, dont la télévision, sont largement incriminés dans cette quête à la beauté qui n’est plus de l’apanage des filles seulement. En effet, le profil du corps parfait ayant changé sous l’effet du matraquage publicitaire qui véhicule des corps de femmes minces, ventre plats, port magistral et ceux d’hommes, aux muscles fermes, à la carrure impressionnante, les jeunes s’identifient à ses symboles de beauté. Tout est alors envisageable pour réaliser ce standard de beauté. Pour les filles, ce sont les régimes d’exclusion, pour les mecs s’est la musculation ou les haltères. La psychologue conclut enfin que le body-building permet aux jeunes de retrouver leur confiance en eux, en bénéficiant d’une représentation mentale satisfaisante de leur physique. Mais «il faut juste ne pas en faire de la musculation une obsession», souligne-t-elle. Enfin, pour les malchanceux, ceux qui n’ont pas l’opportunité d’avoir un corps de rêve, une seule et unique issue se présente. Celle de s’inscrire sitôt dans un club de body-building et se rattraper avant la fin de l’hiver.