Femmes divorcées. Un site Internet égyptien, Le Club des divorcées, leur permet d’échanger leurs expériences et surtout d’accepter leur nouveau statut. L’expérience est vieille de cinq ans et gagne de plus en plus en popularité.
Dans les sociétés patriarcales, conservatrices ou rigoristes, les femmes divorcées sont malheureusement stigmatisées. Avoir perdu son mari, vivre seule, notamment si la femme a, à sa charge, des enfants est difficile dans une société qui culpabilise la femme. Internet semble avoir trouvé aujourd’hui la solution. Le nouveau club des divorcées, proposé par Internet, a pour but, selon ses responsables, faire changer le regard de la société envers les divorcées.
Le premier du genre, ce club accueille et offre son soutien à cette catégorie de femmes en les écoutant, mais aussi en les aidant à affronter leur nouvelle vie. Pas de local, ni de mobilier pour ce club, il suffit de taper quelques lettres sur un clavier pour avoir accès au site électronique Islam online; il suffit ensuite de cliquer sur «problèmes et résolutions » puis sélectionner Club des divorcées. La seule condition pour devenir membre dans ce forum c’est d’avoir le statut de divorcée. Pour la directrice de rédaction du site, l’idée au départ de cette page était de réceptionner les différents problèmes des jeunes. Pour les gérants de ce site, les échanges sont très avantageux pour cette catégorie de personnes fragilisées. En effet, à travers ces échanges, les divorcées faisaient réellement part de leurs véritables problèmes vécus. Créer le club était donc une bonne résolution pour apporter une échappatoire à cette frange sociétale et contribuer à changer le regard de la société.
«Cette catégorie est complètement marginalisée et négligée par la société», dit la gérante du site, en expliquant les motifs pour lesquels ce club a été fondé. Elle poursuit que d’après les recherches et les sondages effectués par l’équipe du travail du site, la situation s’est avérée choquante. Il existe en Egypte près de quatre millions de femmes divorcées, et ce nombre ne cesse d’augmenter. Ces chiffres sont proches des autres pays arabes et maghrébin dont l’Algérie. Des femmes vivent constamment sous pression et dans des conditions qui sont loin d’être confortables. Alors, le site a décidé de leur offrir un espace d’expression.
Ce club qui existe depuis près de 5 ans a permit de rassembler des centaines de femmes de tous les pays arabes et maghrébin d’autant que les raisons de divorce et leurs maux ne différent pas énormément d’un pays à l’autre. « En Algérie, par exemple, les ruptures se font actuellement au cours des 5 premières années du mariage. Et partout l’échec de la relation conjugale retombe sur la femme », explique une sociologue, qui poursuit que pour ces femmes, le grand défi est de faire face à la société. D’après les contacts avec les différentes femmes répudiées, elles ont toutes confirmé que la société est dure à leur égard, ce qui les pousse à s’isoler ou à opter pour la solitude.
En fait, ce club est dirigé par une équipe constituée de spécialistes et de psychiatres qui accueillent les messages de ces femmes et leur prodiguent les conseils nécessaires comme celui d’accepter leur nouvelle situation et de considérer la rupture comme un commencement et non pas une fin.
Mme F. Rabhi, sociologue, questionné sur l’utilité du site et l’importance, en Algérie, d’un portail similaire, nous explique que ce club permet de redonner l’espoir à une catégorie sociale, longtemps marginalisée. Pour elle, les divorcées ont besoin d’être écoutées, comprises et intégrées à la société, sans qu’elles se voient à tout bout de champs, toisé du regard ou taxé de qualificatifs indignes. « Les divorcées n’ont pas choisi de l’être. Elles n’ont pas à subir une vie conjugale impossible. C’est leur droit de recouvrer leur liberté. La société doit commencer à changer dans ce sens », conclue-t-elle.
Enfin, si au bonheur des femmes égyptiennes et arabes, ce club permet d’améliorer leur condition au sein de leur contexte, à quand un club de divorcées en Algérie, où, ces dernières continuent à subir, à tort et à travers, les injustices sociales.
A. S.