World of Warcraft est le jeu de rôle en ligne le plus populaire dans le monde entier. En Algérie, même s’il n’existe pas de chiffres précis sur le nombre des adeptes de ce jeu virtuel, le seul constat des jeunes internautes qui se donnent régulièrement rendez-vous dans les cybercafés pour s’adonner à d’interminables parties du WOW témoigne, à lui seul, de l’étendue de ce phénomène.
Cependant, le WAW est accusé aujourd’hui par de nombreux spécialistes, y compris des médecins, d’engendrer un sévère état de dépendance psychologique, similaire à celui occasionné par l’alcool ou la drogue. Le World of Warcraft, dont la sortie remonte à novembre 2004 en Amérique du Nord et à février 2005 en Europe, connaît une popularité grandissante parmi la jeunesse algérienne adepte de jeux virtuels. Dans le WAW, le joueur est invité à créer son personnage parmi huit races divisées en deux factions ennemies, l’Alliance et la Horde, avant de le faire évoluer dans un monde médiéval fantastique baptisé Azeroth, où il peut s’allier avec d’autres adeptes pour combattre ses opposants. La particularité de ce jeu virtuel impressionnant et captivant, de l’avis de plusieurs adeptes, est non seulement son aptitude à permettre à plusieurs joueurs d’accéder à la partie du jeu sur le réseau, mais également d’introduire le joueur dans un monde virtuel envoûtant où la notion de temps s’estompe. Plusieurs parents, dont les enfants s’adonnent au World of Warcraft, se sont plaints du changement de comportement de leur progéniture. Isolement, repli sur soi, difficultés scolaires, sociales et autres symptômes sont apparus dans le comportement des adolescents excessivement exposés au Waw. Dans ce sens, Karima nous a fait part de son expérience avec son fils, âgé de 17 ans, qui était «accro» aux jeux vidéo. En deux ans, les «games» et Internet ont transformé ce jeune homme ouvert et scolairement doué en un joueur reclus, qui a redoublé deux fois. Nuit et jour, le garçonnet passait des heures entières accroché à son World of Warcraft. «Il passait des heures durant devant son ordinateur, ne mangeait plus, ne fréquentait plus ses copains, veillait la nuit et faisait même l’école buissonnière», témoigne cette mère. «Nous nous sommes battus jusqu’en octobre de l’année dernière, avant de décider de le prendre chez une thérapeute qui n’a pas tardé à diagnostiquer une dépendance au jeu», explique-t-elle. Nadia, de son côté, une mère âgée de 45 ans, affirme rentrer souvent en conflit avec son fils ado qui ne se sépare plus de son jeu favori. «Ces résultats scolaires se sont dégradés l’an dernier. Il a même redoublé en fin d’année, ce qui m’a poussée à le sanctionner en verrouillant l’ordinateur», raconte-t-elle. Mais, là aussi, le jouvenceau a trouvé une autre astuce pour s’adonner à son loisir favori : fréquenter le cybercafé du quartier. «Il me demandait tout le temps l’argent pour le dépenser dans le cybercafé. Mais j’étais plus tranquille car il ne pouvait pas s’éterniser devant l’écran», atteste-t-elle. Si certains parents ont opté pour des solutions radicales, d’autres ignorent totalement les enjeux de ce jeu considéré comme fatal par bon nombre de spécialistes. Dans ce sillage, Dr. F. Latoui, psychologue clinicienne, déclare que de nombreuses personnes ignorent les dangers de la dépendance aux jeux vidéo. «Tout comme l’alcool ou la drogue, la forte exposition aux jeux vidéo risque d’engendrer un état de dépendance marqué par le repli sur soi, le dysfonctionnement social et scolaire», souligne-t-elle. Et d’ajouter que le conseil scientifique de l’association médicale américaine a révélé l’an dernier que «les comportements de dépendance les plus fréquents sont constatés chez les enfants qui utilisent les jeux vidéo à un âge très précoce». Le conseil met en relief également le danger de l’utilisation abusive qui apparaît le plus souvent sur des jeux en ligne nécessitant plusieurs partenaires comme le WAW, très populaire dans le monde. Les psychiatres, quant à eux, tirent la sonnette d’alarme sur le danger de l’utilisation excessive des jeux vidéo en ligne affirmant qu’elle peut être le symptôme d’autres affections, notamment d’une dépression ou d’une phobie sociale, qui ont déjà leur propre diagnostic. Rappelons, enfin, que les psychiatres américains initient aujourd’hui plusieurs études sur les suites nuisibles des jeux vidéo, dont le WAW, sur le psychisme et le mental des joueurs excessifs. Leur objectif est de faire reconnaître la dépendance aux jeux vidéo comme un trouble psychique dans le manuel diagnostique des pathologies mentales.
Par : d. soltani