La prise en charge des pathologies mentales accuse des défaillances énormes en Algérie. En effet, de l’avis de nombreux spécialistes en la matière, l’insuffisance en structures sanitaires, le manque de ressources humaines qualifiées, le coût exorbitant du traitement sont entre autres difficultés constatées sur le terrain.
Pour preuve, les informations émanant du rapport américain Lancet, lancé en 2007, portant sur la qualité de la santé mentales mondiale, témoignent des déficits observés sur le terrain. Ces résultats seront bientôt rendus public et apporteront les éclaircissements nécessaires sur la qualité de l’accompagnement médical et du soutien offert aux malades dans le monde entier.
Le rapport ayant pour objectif d’informer les hommes de politiques et les différentes institutions de l’état des défaillances qu’accuse ce domaine, de sensibiliser l’opinion publique sur l’importance des soins et l’importance de porter un regard objectif sur la maladie psychique, sera débattu lors du 10 octobre, journée internationale de la santé mentale.
A ce propos, le rapport indique que les troubles psychiatriques affectent plus de 12% de la population mondiale, soit 450 millions de personnes, avec une moyenne d’une personne sur quatre atteintes.
En Algérie, prés de deux millions de personnes nécessitent un suivi médical psychologique, nous signale M. Haoua, psychiatre. «Un grand nombre de ces malades souffre en silence des suite d’un trouble non seulement stigmatisant, mais aussi très coûteux », explique-t-il, avant d’ajouter qu’en Algérie, une catégorie de malades est livrée à elle-même. Dans le même sens, le rapport Lancet vient appuyer les confirmations du psychiatre en indiquant que prés de 76 à 85 % des malades dans les pays sous-développés n’ont bénéficier d’aucun traitement durant les douze mois de l’année dernière, contre 35 à 50 % de cas graves dans les pays développés. Concernant les pathologies mentales les plus fréquemment rencontrées dont le suivi a été négligé, la schizophrénie représente 32 % des cas, contre 56 % de cas la dépression et 78 % de troubles mentaux associés à l’alcoolisme.
Sur un autre chapitre, le rapport Lancet démontre que la moyenne des psychiatres et des psychologues dans les pays aux revenus moyen ou inférieur est estimée à 0,05 psychiatre pour 00 mille personnes, tandis que la moyenne des infirmiers spécialisés en psychiatries atteint 0,16. « La distribution inéquitable des ressources humaines compétentes est un fait constatables», prouve le rapport.
En Algérie, le même tableau noir de l’accompagnement psychiatrique est dressé. «Le nombre de malades mentaux qui déambulent dans les rues nous renseigne sur l’ampleur de la situation», souligne Mme Ferhat, psychologue clinicienne. Et d’ajouter : «Nombreux sont les malades qui se retrouvent livrés à eux-mêmes face au manque de structures. Aussi, à défaut de ressources humaines, nous constatons qu’un seul psychiatre peut prendre en charge plus d’une quarantaine de malades dans la même structure», affirme-t-elle.
Par ailleurs, le rapport Lancet axe sur la nécessité qu’à chaque Etat de dégager un budget spécialement destiné à l’amélioration de la qualité de la prise en charge des pathologies mentales ainsi qu’à l’importance d’adopter une politique de santé mentale adéquate capable de répondre à tous les besoins des patients et ce, en vue de réduire les conséquences de toute négligence de soins de quelque nature que se soit.
Enfin, les ressources matérielles restent le sujet d’inquiétude principal dans la prise en charge des patients. A cet effet, l’on apprend que 30 % des pays ne disposent pas d’un budget dégagé pour les soins psychiatriques. Il est à signaler également que sur 101 pays bénéficiant d’un budget financier, 25 seulement dépensent près de 1% pour la santé mentale d’où le coût exorbitant de la prise en charge psychiatrique que les malades sont contraints de payer. La pénurie des médicaments dans les pays sous développés est également un fait relevé par le rapport et dont les mesures palliatives vont être mis en avant lors de la journée mondiale de la santé mentale prévue le 1er octobre . D. S.
Par : D. Soltani